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Alcobaça et les tombeaux du Roi Pierre 1er et de sa bien-aimée Inês de Castro!
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Ce texte constitue le 19e d'une série de reportages sur un magistral voyage au Portugal effectué au mois de septembre 2007.
Alcobaça, Portugal, mardi 4 septembre 2007 - Le monastère cistercien d’Alcobaça possède un trésor inestimable! Deux magnifiques tombeaux supportant les gisants du roi Pierre 1er, dit le cruel, et de l’amour de sa vie, Inês de Castro. Les deux mausolées comportent d’innombrables sculptures funéraires qui sont, et de loin, les plus belles de tout le Portugal. Ailleurs dans le monastère, de grands murs couverts d’azulejos racontent la fondation de cette abbaye cistercienne.
Notre photo : La façade du monastère cistercien « le mosteiro » de Santa Maria de Alcobaça.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
C’est de nouveau Manuella qui est notre guide pour la visite de l’abbaye cistercienne Santa Maria de Alcobaça. Déjà, avec elle nous avons visité le couvent du Christ de Tomar et le monastère de Batalha.
Nous marchons quelques minutes pour nous rendre au monastère. Nous traversons le fleuve Alcôa. Justement, la ville doit son nom à la rencontre de deux fleuves, le Rio Alcôa et le Rio Baça. Nous croisons également une grande place publique avec de beaux platanes où sont installées quelques tables et des chaises de café. En arrière-plan, il y a un mur, celui du monastère. Nous y entrons.
La construction du monastère a commencé en 1153, peu après que Dom Afonso Henriques eut reconquis la région aux Maures, mais les travaux ne se sont terminés qu'en 1223.
De plus, l’abbaye a été laissée à l’abandon au milieu des années 1800. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’il a été restauré, pour devenir aujourd’hui le principal attrait touristique de Alcobaça.
Photo ci-dessus : Le portail du monastère cistercien « le mosteiro » de Santa Maria de Alcobaça.
De la devanture originale du monastère, il ne reste que le portail et sa rosace de style gothique.
Dès notre entrée dans le monastère, nous ressentons tout de suite une fraîcheur inespérée. Il faut dire que c’est cuisant à l’extérieur.
La nef centrale de l’église est longue de 106 m et haute de 21 m. Il n’y a aucun vitrail.
Photo ci-dessus : La nef centrale du monastère cistercien, le mosteiro de Santa Maria de Alcobaça.
Inês de Castro : la reine morte
À notre arrivée dans les transepts, nous pouvons admirer le véritable trésor de ce monastère, soit les somptueux tombeaux du roi Pierre 1er et de Inês de Castro.
L’histoire du roi Pierre et d’Inês de Castro, sans doute très romancée, vaut la peine d’être racontée :
Inês de Castro est née en Espagne, plus précisément en Galice, en 1320. Elle est de par son sang de noblesse espagnole. Elle émigre au Portugal en 1340 et devient la dame de compagnie de Constance de Castille, l'épouse du prince Pierre. Précisons ici qu’une dame de compagnie, à cette époque, est une personne appointée par la royauté pour tenir compagnie à une autre dame.
Dès qu’il vit Inês, Pierre en tomba éperdument amoureux, mais il était marié! En 1345, Constance, l’épouse de Pierre, meurt en donnant naissance à leur troisième fils. Pierre peut dès lors filer le parfait amour avec Inês.
Mais, le roi Alphonse IV du Portugal, le père de Pierre, désapprouve l’influence d’Inès, en raison de sa descendance castillane, sur son fils. Il choisit cependant d’attendre que leur passion s’éteigne d’elle-même.
Malheureusement pour lui, cette passion reste forte et constante, et ce, malgré la désapprobation royale.
Après la mort de Constance de Castille, le roi cherche par tous les moyens à remarier son fils, mais sans succès, celui-ci refusant tout autre épouse qu’Inès qui, selon les lois de l’époque, ne peut être reine du Portugal.
Le roi décide alors d’exiler Inès, mais sans succès.
Après plusieurs tentatives pour séparer les amoureux, le roi ordonne en désespoir de cause le meurtre d’Inès. Pêro Coelho, Álvaro Gonçalves et Diogo Lopes Pacheco sont alors engagés pour commettre l’affreux crime. Ils partent pour le monastère de Santa Clara à Coimbra, où Inès réside, et la tuent le 7 janvier 1355.
Apprenant la nouvelle, Pierre se rebelle contre son père, ce qui provoque pratiquement une guerre civile au Portugal.
Lorsqu’il devient roi du Portugal en 1357, Pierre annonce qu’il avait secrètement épousé Inès, ce qui faisait d’elle la reine du Portugal. Il fit alors déterrer le corps d'Inès, la vêtit d'un manteau de pourpre et il l’assit sur le trône de la reine où il la couronna. Pierre obligea alors tous les grands du royaume à lui baiser la main.
Puis, il fit poursuivre les trois assassins d'Inés, qui furent capturés, torturés (on raconte même que Pierre leur arracha le cœur) et brulés.
De nouvelles funérailles furent organisées, cette fois-ci au monastère d’Alcobaça où Inês y repose toujours, devant nous, dans un somptueux tombeau en face de celui de son Pierre bien-aimé, et ce, afin que lors du jugement dernier, lorsqu’ils se lèveront, ils soient l’un face à l’autre.
Jean-Marc notre guide accompagnateur nous suggère un livre si nous voulons approfondir cette belle histoire : « La reine morte : drame en trois actes », d’Henry de Montherlant.
photo ci-dessus : Le gisant du tombeau d’Inês de Castro est soutenu par six anges.
Les tombeaux du roi Pierre et d’Inês datent de 1360 et ils sont les plus belles sculptures funéraires que l’on retrouve au Portugal.
Photo ci-dessus : Rosace sur le devant du tombeau d’Inês de Castro.
Photo ci-dessus : Le travail des sculpteurs de pierre est une œuvre d’art.
Photo ci-dessus : Vu d’un autre angle.
photo ci-dessus : Le tombeau du roi Pierre, dont le gisant est lui aussi soutenu par six anges.
Nous entrons dans une salle, la salle des Rois, sala dos Reis, où des statues représentent tous les rois portugais. Tous les murs sont recouverts d’azulejos qui racontent la fondation de l’abbaye.
Photo ci-dessus : Notre guide, Manuella, nous explique ce que représente un des azulejos de la salle des Rois du monastère de Santa Maria de Alcobaça.
Photo ci-dessus : Une autre scène représentée sur des azulejos.
Photo ci-dessus : Et une autre!
Finalement, nous nous retrouvons dans le cloître du silence. De nombreux arbres fruitiers fleurissent au soleil dans la cour.
Photo ci-dessus : Cour intérieure du cloître du silence!
Soudain, nous sommes attirés par une voix chantant l’Avé Maria. Mais une voix sublime! Suivant le son de cette magnifique voix, nous arrivons dans une salle où un homme chante. L’acoustique de cette salle est tout simplement magique. Ce chanteur est Luís Peças et nous achetons son disque compact.
Nous montons au dortoir. En certaines occasions, il y avait quelque 140 moines qui y dormaient. Un escalier pouvait les mener directement dans l’église. Quelle efficacité!
Continuant notre visite, nous arrivons dans la grande salle de l’alimentation où on conservait, préparait et cuisinait la nourriture. Une table et un foyer de dimension géante occupent la salle.
Puis, nous entrons dans l’immense réfectoire. Tout ici devait s’accomplir dans un complet silence. Un seul moine pouvait parler : le lecteur.
Et pour que les moines ne souffrent pas d’embonpoint, pour sortir ils devaient emprunter une porte très étroite : « la porte du régime ».
Photo ci-dessus : Ouf! Je passe encore facilement dans la porte du régime.
La visite est terminée, nous ressortons à l’extérieur, c’est crevant, il doit faire au moins 37 degrés Celsius.
Après une courte marche, nous sommes tous très heureux de grimper dans notre confortable autocar… à l’air conditionné. Nous repartons peu après 15 h 35, direction la ville fortifiée d’Obidos.
Méli-mélo
Étant donné que le vocabulaire désignant les différentes parties d’une église n’est pas familier à tous, voici une illustration provenant du dictionnaire « Le visuel » et quelques définitions tirées du dictionnaire du correcteur Antidote.
Nef : Partie allongée d’une église située entre le chœur et le portail.
Transept : Nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale d’une église et lui donne la forme symbolique d’une croix.
Abside : Extrémité en hémicycle du chœur d’une église.
Chœur : Partie d’une église où se trouve le maître-autel et où se tiennent le clergé et les chanteurs pendant l’office.
À suivre…Les merveilleux remparts de la ville fortifiée d’Óbidos!
Photo ci-dessus : Les remparts sur lesquels nous avons marché à Óbidos.
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25 août 2009
Bonjour,
Merci pour ces photos et ces commentaires à la fois précis et agréables à lire qui m’aident à préparer mon voyage pour le Portugal, et Alcobaça en particulier.
17 septembre 2010
Bonjour,
Nous avons apprécié nous aussi le talent de Luis Peças en passant à Alcobaça, tellement que l’association dont nous sommes responsables l’a fait venir à Tours l’an dernier, et le fait revenir pour 2 concerts les 10 et 11 novembre 2010. Si vous êtes intéressé, contactez-nous…
Cordialement
Françoise Collet
1 mai 2016
Extrêmement intéressant au point de vue historique et photos.
Merci pour votre peine