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Évora, une chapelle peu banale, celle des ossements
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Ce texte constitue le 22e d'une série de reportages sur un magistral voyage au Portugal effectué au mois de septembre 2007.
Évora, Portugal, mercredi 5 septembre 2007 — Quelle touffeur! Évora, au cœur de la région de l’Alentejo, même en septembre la chaleur est suffocante. Lors de notre visite, le mercure valsait, tantôt 36, tantôt 37 degrés Celsius, et ce, sous un soleil de plomb. Mais, quelle ville! Un temple romain dédié à la déesse romaine de la chasse, Diane, une cathédrale moyenâgeuse, une université décorée de superbes azulejos, plusieurs églises, dont celle de Sāo Francisco qui abrite la Capela dos Ossos, la chapelle des ossements! Et pour nous les visiteurs, à son entrée, ce mot de bienvenue : Nos ossos que aqui estamos, pelos vossos esperamos… En français : « Nous, les os qui gisons en ce lieu, attendons les vôtres! » Inoubliable!
Notre photo : Un mur de la chapelle entièrement recouvert d’ossements humains. Brr…
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
En matinée, la visite du château de Marvão a été impressionnante et notre dîner sur une terrasse toute en hauteur fut fort agréable, mais nous devons quitter ce beau village, car plus de 100 kilomètres de route nous attendent avant d’arriver à Évora. Nous remontons dans le car, il est midi trente. Notre bolide s’élance sur la route en plein cœur de l’Alentejo. De ce trajet on dit que « c’est un îlot de verdure dans un océan de sécheresse ».
Notre route, c’est celle des saveurs… et aussi celle des vins. Six vins de qualité sont produits ici. Trois blancs : Roupeiro, Rabo de Ovelha, Undahobos et trois rouges : Castelão, Trincadeira et Aragonês.
Chemin faisant, nous croisons le village de Portalegre, où vivent quelque 15 000 habitants. Une ville beaucoup plus petite que sa jumelle du Brésil, Porto Alegre, où se tient annuellement le forum social mondial.
Au Portugal, Portalegre est située à 450 mètres d’altitude. Elle fut une place stratégique, bien campée qu’elle est entre deux montagnes. C’est une ancienne ville romaine. Aux XVIe et XVIIe siècles, on y confectionnait des tapisseries de soie pour les châteaux.
De chaque côté de la route, il y a la plaine où on cultive du blé. Mais, les moissons sont terminées et partout la couleur prédominante est le jaune pâle. Un paysage désertique.
Évora, notre destination du moment, est une ville de 60 000 habitants. C’est la ville la plus importante de la région. C’est d’ailleurs la capitale de l’Alentejo. Une région sise entre le Tage et l’Algarve.
Photo ci-dessus : Notre hôtel pour la nuit, la pousada dos Lóios.
Ce soir, nous serons de nouveau hébergés dans une pousada. Celle-ci, Pousada dos Lóios, est située directement au centre-ville et est partie intégrante d’un monastère érigé au XVe siècle, le Convento dos Lóios. Cet hôtel est considéré comme le plus beau du Portugal.
Dès notre arrivée à Évora, nous pouvons admirer l’acropole, l’ancien aqueduc romain et un un temple romain dédié à la déeese romaine Diane datant du 1er siècle. C’est un temple de style corinthien où, dit-on, on abattait des animaux. Souvenons-nous que Diane était la déesse de la chasse et de la nature sauvage. Ce temple, la ruine romaine la plus impressionnante du Portugal, est situé tout juste devant notre hôtel et le soir, tout illuminé, il est remarquable.
Photo ci-dessus : Les ruines d’un temple romain consacré à la déesse de la chasse, Diane.
Le Convento dos Lóios a été érigé au XVe siècle par l’architecte Francisco de Arruda, auteur de la tour de Belém à Lisbonne a été transformé en pousada en 1965. Il possède un cloître de style manuélin extraordinaire. Sur son pourtour, la salle à dîner y a été aménagée. C’est superbe.
Nos chambres sont très petites. En fait, ce sont les anciennes cellules des moines, mais rassurez-vous elles offrent tout le luxe et le confort moderne.
Photo ci-dessus : Voilà, nous avions la cellule 115!
Photo ci-dessus : La serrure de notre chambre à la pousada dos Lóios.
Photo ci-dessus : Notre lit !
Photo ci-dessus : Un secrétaire!
Photo ci-dessus : Une douche, oui, mais pas très commode!
Tout à côté de l’église voisine de notre pousada, se trouve le palais du duc de Cadaval, Paço do Duques de Cadaval. Ce dernier a été conseiller du roi et premier maire de Évora. Le palais possède deux tours crénelées qui ont été construites sur plusieurs époques.
Photo ci-dessus : Mur crénelé de la maison voisine de la poussada.
Notre guide locale, Olga, nous attend pour une petite promenade dans la vieille ville, et ce, malgré qu’il fasse excessivement chaud, 36 degrés Celsius, pour le moment, sous un soleil de plomb.
Sur le pas de notre hôtel, nous sommes à 317 mètres d’altitude, dans la plus vieille partie de la ville.
Évora est ceinturée de murailles. Elles s’allongent sur 1,5 kilomètre et comme la vieille ville, les murailles ont été intégrées au patrimoine mondial de l’humanité en 1986.
Au cours de notre promenade, nous voyons le palais de l’Inquisition datant du XVIIe siècle, son tribunal, la bibliothèque publique, qui elle date du XIXe, c’est là que sont gardés les livres anciens de la ville. Il y a aussi un musée, mais il est fermé pour rénovations.
Puis, sans grande surprise, nous nous retrouvons devant la Sé, la cathédrale, l’église la plus ancienne de la ville, probablement érigée sur le site d’une ancienne mosquée. Sa construction a commencé en 1186, elle fut consacrée en 1204 et achevée en 1250. Elle est d’un style faisant la transition entre le roman et le gothique. L’entrée est décorée de douze sculptures représentants les apôtres.
Au sous-sol, il y a une salle où est exposé un morceau de bois qui proviendrait de la croix du Christ! Ils ont mis la pièce de bois dans une sorte de récipient, qu’ils ont garni de multiples pierres précieuses.
C’est la plus grande cathédrale du pays dédiée à Marie. C’est aussi une basilique et une Sé principale. Il y a deux petites chapelles fermées contenant des reliques. Une troisième chapelle n’est en fonction que pour une famille, et ce, de génération en génération.
Photo ci-dessus : La Sé d’Évora.
Photo ci-dessus : La cathédrale vue d’un autre angle.
Photo ci-dessus : Une cathédrale imposante.
Photo ci-dessus : La cathédrale d’Évora vue de son cloître.
Photo ci-dessus : Les armoiries de la Sé d’Évora.
Photo ci-dessus : Le pape Benoit XVI a déjà visité la cathédrale, la Sé, d’Évora.
Photo ci-dessus : Unique! Une statue de la Vierge… enceinte!
Photo ci-dessus : Même les chiens ne bougent pas tellement il fait chaud.
Puis, nous arrivons dans le cloître qui jouxte la cathédrale. Magnifique! C’est un édifice datant du XIVe siècle. Le tombeau de l’archevêque qui a fait construire le cloître s’y trouve.
Nous apercevons également une statue de Marie. Elle a été sculptée « enceinte », ce qui est très rare. Nous voyons également une statue de l’ange Gabriel sur un Aigle portant un lapin.
Photo ci-dessus : Le magnifique cloître de la cathédrale d’Évora.
Photo ci-dessus : Au centre, un puits!
Photo ci-dessus : Sur le toit de l’édifice, un très petit escalier en colimaçon nous permet de descendre!
La visite de l’église et du cloître terminée, nous reprenons notre promenade à l’extérieur… à la grande chaleur.
Photo ci-dessus : Petite rue commerciale d’Évora.
Sur une rue commerciale, nous découvrons une petite boutique où l’on vend toutes sortes d’objets en liège : des sacs à main, des bottes, des tabliers, des souliers et même des casquettes. Mais, ce n’est pas l’heure des emplettes, c’est l’heure de la visite. Dommage, car en soirée, nous ne réussirons pas à retrouver la jolie boutique.
Photo ci-dessus : Et la vendeuse était charmante!
Puis, nous arrivons sur une grande place, la Praça do Giraldo, où nous cuisons littéralement. Nous cherchons le moindre coin d’ombre. Il fait 37 degrés. En face, nous apercevons l’église Saint-Antoine (XVIe), Igreja São Antão. Mais, nous ne la visitons pas.
L’aqueduc romain, qui est long de 18 kilomètres, se termine sur cette place principale, à l’endroit même où nous nous trouvons.
Photo ci-dessus : L’église Saint-Antoine, datant du XVIe siècle.
Photo ci-dessus : Édifice de la banque du Portugal.
Photo ci-dessus : Une église à la façade baroque, l’Igreja de Nossa Senhora de Graça.
Photo ci-dessus : Cette église comporte un triple clocher.
Photo ci-dessus : Et quatre immenses statues de géants disproportionnés sur sa devanture.
Photo ci-dessus : De partout, à Évora, la Sé est visible!
Nous prenons la direction de l’église Saint-François d’Assise, Igreja São Francisco, qui elle date de la fin du XVe siècle. Sa construction a été commencée par le roi Jean II et s’est poursuivie sous le règne de Manuel. En annexe, il y a le couvent des franciscains.
Mais, le clou de la visite de cette église est certes la chapelle des ossements. C’est très spécial. C’est un lieu de prière et de méditation, où tous les murs sont recouverts d’ossements recueillis dans les tombes des églises de la ville. Brrr…
Et cette inscription que l’on peu lire à l’entrée : « Nous, les ossements qui sont ici, attendons les vôtres ». Pas du tout joyeux!
Photo ci-dessus : Bienvenue!
Photo ci-dessus : La petite histoire de la chapelle des ossements!
Photo ci-dessus : Une colonne d’ossements!
Nous quittons la chapelle tout remués. Après quelques pas, nous arrivons à l’université. Les murs sont d’Azulejos… Elle a été inaugurée en 1559 et a fermé en 1759 quand, sous Pombal, les Jésuites ont été bannis du Portugal. Elle a réouvert ses portes depuis.
Nous traversons un beau cloître, des salles de classe plutôt usuelles, ici les cours ne reprendront que le 15 septembre. Nous sommes épuisés! Nous cherchons une bouteille d’eau, que nous trouverons finalement à la cafétéria de l’université.
Il y a un peu plus de 8 000 étudiants qui étudient à l’université des Jésuites, une institution qui date du XVIe siècle et dont les bâtiments sont de style renaissance italien.
Photo ci-dessus : Le bâtiment principal de l’université d’Évora.
Photo ci-dessus : Des armoiries sculptées dans la pierre.
Photo ci-dessus :Une des entrées de l’université est ornée d’azulejos.
Casa de Garcia Rescendo, Évora, Portugal."/>
Photo ci-dessus : Une superbe fenêtre manuéline sur la Casa de Garcia Rescendo.
Photo ci-dessus : Une sculpture étonnante sur le terrain de l’université.
Il est 17 h 45. La visite est terminée, la guide nous ramène clopin-clopant à la pousada.
Céline et moi nous arrêtons à une centaine de mètres de l’hôtel et prenons place sur une terrasse ombragée pour boire une bière bien fraîche. Ah que c’est bon!
On nous attend pour le dîner du soir pour 20 heures. Au menu : entrée de pâte phyllo avec fromage de chèvre et pruneaux. Loup de mer en plat principal et dessert de crème glacée et de pâte d’amandes. Succulent!
Photo ci-dessus : La salle à dîner de la pousada d’Évora est située sur le pourtour du cloître.
Photo ci-dessus : Céline prend un moment de repos dans le grand salon de la pousada.
Méli-mélo
Au Portugal, il y a trois grandes chaînes de super marché qui se sont installées au cours des dix dernières années… les trois chaînes sont françaises.
Il a deux sortes d'eucalyptus ici, un à feuilles oblongues et l’autre à feuilles rondes.
L’hiver dans l’Alentejo, c’est froid et venteux. L'été, c'est très chaud… même en septembre.
Au XIIe siècle, en 1165, Geraldo Sem-Pavor, qui veut dire Geraldo « sans peur », chassa les Maures pour le compte du roi Afonso Henriques reconquérant ainsi la ville d’Évora.
Sainte-Isabel des roses est née ici.
À Évora les maisons sont blanches et jaunes en ville, et blanches et bleues en campagne.
À suivre…En route pour Lisbonne.
Photo ci-dessus : Le mythique tramway de Lisbonne, Portugal.
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19 juillet 2009
Bonjour, j’ai utilisé votre photo pour une page sur les vierges enceintes
Merci Serge
http://artbiblique.hautetfort.com/