Jan/100
Palerme aux mille et un visages!
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 23e d'une série de reportages sur deux magnifiques périples en Italie effectués en 2008 et 2009.
Palerme, Italie, samedi 18 octobre 2008 — Pourtant on nous avait prévenus! La Sicile affiche de multiples visages. Une seule matinée nous aura permis de confirmer l’assertion. Rien ici à Palerme n’est comparable à ce que nous avons vu jusqu’à maintenant en Sicile. Palerme, c’est une grande ville, plus de 700,000 Palermitains y vivent! Une cité qui date du VIIe siècle av. J.-C., un peuple qui a été sous la férule de multiples dominateurs et qui a souffert douloureusement des affres de la Deuxième Guerre mondiale… et de l’emprise de la mafia dans la grande reconstruction d’après guerre. Il y a de tout à Palerme : du beau, du moins beau, du grand art et des mochetés. Notre première flânerie dans ses rues nous a amenés devant la triste façade du Palais royal où pourtant nous nous sommes ébahis devant les splendeurs de la chapelle palatine. Puis, des églises, une après l’autre, une magnifique fontaine… celle de « la honte », un carrefour pour le moins inusité, le Quattro Canti, un grand marché pas nécessairement appétissant et finalement un théâtre majestueux! Une matinée plus que bien remplie!
Notre photo : Tout à côté du palais royal de Palerme, on peut admirer l’église Saint-Jean des Ermites, San Giovanni degli Eremiti qui fut longtemps une mosquée.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
Notre hôtel à Palerme, l’Excelsior Palace, est tout simplement magnifique! Comme nous l’avons mentionné dans notre texte précédent, notre chambre est superbe. Et de plus, ce matin, nous avons profité de notre meilleur petit déjeuner depuis que nous sommes en Italie. Pas que les autres étaient mauvais, simplement que le buffet de ce matin était exceptionnel!
Nous quittons notre « palace », situé avenue de la Liberté, dès 8 h 50 pour partir à la découverte de la capitale de la Sicile, Palerme.
Nous prenons la direction du centre historique, le quartier de ce genre le plus étendu de toute l’Europe. Il fait un beau soleil et la température est encore agréable.
La palais royal
Nous arrivons au palais royal, le Palazzo dei Normanni, qui compte quatre tours de guets. Ce palais a tout d’abord été une caserne phénicienne, puis le siège du pouvoir arabe au IXe siècle, et ensuite la résidence privée des rois normands. Sous le régime espagnol, au XVe siècle, le bâtiment devient le tribunal de l’Inquisition. Il y a des prisons aux sous-sols. Ce qui était jadis la salle du vice-roi abrite aujourd’hui la salle du Conseil de Sicile, puisque l’édifice est maintenant le siège du parlement.
Le palais affiche une façade néo-gothique. Les dernières rénovations datent de la fin du XIXe siècle… et cela est apparent.
Photo ci-dessus : Un palais pour le moins imposant.
Photo ci-dessus : Et effectivement, une restauration s’impose.
Photo ci-dessus : Dans l’entrée, on peu admirer cet antique carrosse royal !
Photo ci-dessus : Après avoir passé la porte d’entrée, nous débouchons dans ce spectaculaire cloître qui nous amène à la chapelle palatine!
La chapelle palatine
Nous entrons dans la chapelle palatine, un joyau de l’art arabo-normand. C’est la seule partie du palais, avec les appartements royaux, qui est dans son état originel. C’était la chapelle privée du palais. Dans l’entrée, il y a un portrait du roi Ferdinand et de sa femme Caroline… en mosaïque!
La chapelle est magnifique. Elle ressemble beaucoup à la cathédrale de Monreale que nous avons vue hier, mais en miniature. Elle mesure 18 X 32 mètres. Elle a été construite de 1130 à 1143 et elle est dédiée à Saint-Pierre et Saint-Paul. Son plafond est unique au monde. Il y a un candélabre pascal de trois mètres de hauteur entièrement sculpté.
Le plafond est vraiment de type « arabe » comme on en retrouve, entre autres, à l’Alhambra de Grenade, en Espagne. Il y a de magnifiques couleurs bien agencées autant sur le carrelage, sur les murs qu’au plafond.
Cette chapelle n’était pas accessible au peuple, elle était réservée au roi.
C’est Roger II, couronné le jour de Noël 1130, qui fit construire la chapelle pour son palais. Elle aurait été consacrée le 28 avril 1140… même si sa construction n’était pas tout à fait terminée!
Photo ci-dessus : Des murs recouverts de scènes bibliques.
Photo ci-dessus : Des pièces de pur style arabo-musulman.
Photo ci-dessus : Une décoration des plus riche!
Photo ci-dessus : Un mélange d’art byzantin, d’art normand et d’art arabe.
Photo ci-dessus : Sur un des murs, un Christ pantocrator entouré d’anges.
Photo ci-dessus : Et une multitude de colonnes.
Photo ci-dessus : Une scène de l’Ancien Testament.
Photo ci-dessus : Un spectacle haut en couleur.
Photo ci-dessus : Un des plafonds de brique
Nous sortons de la chapelle. Dans une pièce attenante, il y a une exposition : elle est de Picasso. Mon billet pour la visite du palais royal m’ouvre les portes de cette exposition. Dans un court moment libre, j’en profite pour en faire rapidement le tour. Je me demande si un jour je serai en mesure d’apprécier les œuvres de la période où le célèbre peintre espagnol inventa le cubisme!
Nous sortons à l’extérieur par la porte royale du XVIe siècle. C’est une porte qui est en très mauvais état. Sous le règne de Charles V (Charles Quint), alors roi d’Espagne et de Sicile, on l’a fait rénover au retour d’une bataille en y ajoutant un toit pyramidal de majolique représentant un aigle royal, emblème de Palerme. Mais depuis, on peut douter même qu’elle ait été entretenue!
Une ancienne mosquée, l’église Saint-Jean des Ermites
La visite de l’église Saint-Jean des Ermites, San Giovanni degli Eremiti en italien, était prévue à notre programme, mais elle est fermée. C’était autrefois une mosquée et encore aujourd’hui elle compte cinq coupoles. Elle n’est pas très loin du palais royal. Son extérieur est superbe. Pendant que les membres du groupe attendent l’arrivée de notre car, je file prendre quelques photos.
Photo ci-dessus : De loin, il semble évident que l’église Saint-Jean des Ermites est plutôt une mosquée.
Photo ci-dessus : Un bâtiment des plus imposant!
Nous remontons dans le car à 10 h 20. Il fait 24 degrés Celsius. Sur notre route, nous croisons le carrefour des quatre coins, le Quattro Canti où nous reviendrons plus tard ce matin. Après à peine cinq minutes de route, nous quittons le car pour amorcer une belle flânerie!
Nous passons devant plusieurs édifices, plutôt délabrés qui auraient bien besoin d’un nettoyage au jet de sable!
L’ancien théâtre Bellini
Puis, nous nous retrouvons devant le théâtre Bellini… qui a été converti en pizzeria. Selon notre guide accompagnatrice, Gracia di Blazi, des procédures judiciaires auraient été intentées pour ramener cet édifice à sa vocation initiale.
Photo ci-dessus : Mais quel dommage…
L’église Sainte-Marie-de-l’Amiral
Il y a un couvent de sœurs cloîtrées, le couvent jouxte l’église Sainte-Marie-de-l’Amiral, Santa Maria dell'Ammiraglio aussi appelée La Martorana. Aujourd’hui, il ne reste que cinq religieuses. Il fut un temps où l’humble édifice en accueillait plusieurs centaines!
L’église fut fondée en 1149 suite au désir de Georges d’Antioche, le grand amiral syriaque au service du roi normand Roger II. Elle fut dédiée à la Vierge Marie, d'où son nom « Santa Maria dell'Ammiraglio ». Le lieu de prière a été détruit et reconstruit plusieurs fois au cours des siècles.
Photo ci-dessus : L’église Sainte-Marie-de-l’Amiral.
Photo ci-dessus : Et l’église avec son clocher.
Nous entrons dans l’église de Sainte-Marie-de-l’Amiral. Au deuxième étage, il y a un mur grillagé qui permettait aux sœurs cloîtrées de circuler. Il y a des mosaïques accompagnées d’inscriptions grecques. Ce sont donc des originaux.
L’une d’elles représente la dormition de la Vierge entourée par les apôtres.
Photo ci-dessus : Une des mosaïques que l’on peut admirer à l’intérieur de l’église de Sainte-Marie-de-l’Amiral. On y voit le roi Roger y recevoir sa couronne des mains de Jésus.
La fontaine de la honte
À notre sortie de l’église, nous poursuivons notre promenade. Nous arrivons à la place de la Fontana Pretoria où il y a une belle et immense fontaine, « La fontaine de la honte », la Fontana delle Vergogne en italien, ainsi nommée parce que les personnages sculptés en marbre de carrare sont nus... et qu'ils avoisinent le couvent des religieuses de Sainte-Catherine!
La fontaine a été réalisée entre 1552 et 1555 par un sculpteur toscan du nom de Francesco Camilliani.
Photo ci-dessus : La magnifique Fontana Pretoria.
Photo ci-dessus : Superbe « La fontaine de la honte ».
Photo ci-dessus : Mais, on peut comprendre la réaction des religieuses.
Photo ci-dessus : Le superbe clocher de la chapelle sise derrière la place Pretoria.
Sur le devant d’un des palais entourant la place Pretoria, trois drapeaux flottent au vent : celui de l’Italie, celui de la Sicile (avec une méduse à trois jambes) et celui de la CEE.
Les grandes richesses de l’église Saint-Joseph de Teatini
Et notre balade se poursuit. Nous entrons dans une autre église, Saint-Joseph de Teatini, San Giuseppe dei Teatini, dont un des angles est partie prenante du Quattro Canti.
Impossible de prendre un siège dans l’église, car un mariage est en préparation. Il y a un musicien qui joue à l’orgue et un chanteur qui s’éclaircit la voix.
Il y a profusion de riche décoration dans ce lieu saint. Les plafonds sont splendides ornés de plusieurs fresques. Le maître-autel est en pierres semi-précieuses, de l’agate.
Les confessionnaux comme autrefois n’existent plus… en Italie du moins. Aujourd’hui, la confession s’exécute face à face entre le pénitent et le prêtre. Le pénitent mérite vraiment son absolution!
Photo ci-dessus : Un magnifique bronze orne le maître-autel de l’église Saint-Joseph de Teatini, San Giuseppe dei Teatini.
Photo ci-dessus : Une superbe lampe à l’huile!
Photo ci-dessus : Une décoration de pur style baroque.
Photo ci-dessus : Un des deux féeriques bénitiers de marbre que l’on retrouve à l’entrée de l’église Saint-Joseph de Teatini à Palerme.
Le spectaculaire Quattro Canti
Nous sortons et nous nous retrouvons directement au carrefour des quatre coins, le fameux Quattro Canti. Quatre façades d’hôtels particuliers d’autrefois de style espagnol. Quatre saisons représentées par des statues et des fontaines sur chacun des coins. Chacune des façades est également ornée de statues de rois espagnols et de saints de la ville.
Photo ci-dessus : Fontaine, statues et armoiries occupent de bas en haut toute la partie centrale de l’angle du palais.
Photo ci-dessus : Une des magnifiques sculptures du carrefour des quatre coins, le Quattro Canti.
Photo ci-dessus : Un roi d’Espagne et de Sicile.
Photo ci-dessus : Une intersection où la circulation est très lourde.
Photo ci-dessus : Des rosettes au dessus des quatre directions du carrefour des quatre coins.
Le Mercato Ballaró
Nous marchons pendant quelques minutes et arrivons finalement à l’entrée d’un grand marché public, un véritable souk où l’on peut voir pêle-mêle toute une panoplie d’objets hétéroclites à bon marché, il s’agit du Mercato Ballaró.
Nous amorçons notre traversée du marché. Au passage, nous pouvons admirer l’église Santa-Augusta avec sa magnifique rosace en façade.
Puis, nous nous retrouvons dans la section réservée à l’alimentation! C’est tout plein d’aliments autour desquels virevoltent des milliers de mouches. Entre les étals, des chiens, des chats, des pigeons, des déchets et des motocyclistes semblent être en guerre! Nous pouvons constater le caractère agressif des conducteurs siciliens de motos qui tentent par tous les moyens de se frayer un chemin à travers la foule en klaxonnant à répétition. Ouf! Quelle expérience!
Le théâtre Massimo
Il y a trois villes au monde qui possèdent de grands théâtres : Vienne, Paris… et Palerme, nous affirme notre guide. Ici nous sommes devant le théâtre Massimo. Il est plus grand que celui de la Scala à Milan. Sa construction s’est amorcée en 1866 et elle a duré 30 ans. L’architecte, Giovanni Basile, était de Palerme. C’est d’ailleurs son fils qui a peint l’intérieur. La loge royale est meublée des fauteuils de velours rouge avec des dorures. C’est superbe… paraît-il? Dommage, sa visite n’est pas prévue à notre programme.
La façade extérieure est néoclassique et romane.
Photo ci-dessus : L’imposant théâtre Massimo de Palerme.
Photo ci-dessus : La façade du théâtre.
Photo ci-dessus : … décorée de deux lions!
Photo ci-dessus : et d’un buste de Verdi.
Photo ci-dessus : Majestueux.
Il est 12 h 45! Nos visites de la matinée sont maintenant terminées… ouf! C’est l’heure du dîner et nous avons quartier libre jusqu’à 16 h 30. Enfin, nous allons pouvoir relaxer un peu.
Méli-mélo
L’avenue la Viale della Libertá, sur laquelle se situait notre hôtel, l’Excelsior Palace, a été aménagée après l’unification de l’Italie, donc à la fin du XIXe siècle.
Palerme a obtenu le statut de région autonome du gouvernement central de Rome en 1947.
La capitale de la Sicile a plusieurs visages, car au fil des siècles elle a connu de nombreuses invasions. Fondée par les Phéniciens au VIIIe av. J.-C., la ville a prospéré sous l’Empire romain avant de connaître son âge d’or sous la domination arabe. Elle a également connu une période de domination normande, au XIe et XIIe siècle, alors que Roger de Hauteville, le premier roi Normand de la Sicile, s’y est installé.
Aujourd’hui, les églises d’Italie appartiennent à l’État, sauf celles du Vatican.
À suivre
En après-midi, petite promenade en solitaire dans un parc de la ville, puis avec le groupe visite de la cathédrale de Palerme, spectacle de marionnettes géantes et souper dans un restaurant de spécialités siciliennes!
Photo ci-dessus : Une fontaine dans un immense parc en face de notre hôtel!
Aucun trackbacks pour l'instant
31 octobre 2010
Un des carrefours européens de communion des arts, avec un résultat d’une beauté et d’une émotion sans mot
2 novembre 2010
Sauriez vous par hazard s’il existe des ouvrages sérieux sur l’art normand dans la cathedrale de palerme?
Merci
14 octobre 2012
Bonjour,
Devant me rendre à Palerme avec une amie le mois prochain (4 jours), j’ai lu avec beaucoup d’attention vos impressions parues sur votre site, serait-il possible d’imprimer le texte (notre hôtel se trouve au carrefour des Quattro canti). Je suis franco-italienne et si je connais toute la « botte », mon premier voyage sicilien me « déroute » un peu.
Merci de votre réponse.
14 octobre 2012
Bonjour,
Sans aucun problème. Bon voyage en Sicile.
Jacques Lanciault