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L’Abbaye de Casamari : si j’étais moine, c’est l’endroit où j’aimerais vivre!
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 31e d'une série de reportages sur deux magnifiques périples en Italie effectués en 2008 et 2009.
Casamari, Italie, mercredi 22 octobre 2008 — Une abbaye du XIe siècle à l’allure austère… à première vue seulement. À peine les grilles franchies, nous sommes subjugués. La végétation qui entoure les bâtiments est luxuriante, le cloître est superbe et d’un calme…, l’église sobre et grandiose à la fois, un réfectoire et une salle du chapitre des plus semblables à l’image que je me suis construite de tels endroits en lisant le populaire roman de Ken Follet, « Les Piliers de la terre » et une bibliothèque fascinante! Et tout cela, je le répète érigé au XIe siècle!
Notre photo : Austère le réfectoire de l’abbaye de Cassamari. Oui, mais combien superbe!
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
Voilà, notre merveilleux voyage en terre italienne tire à sa fin! Aujourd’hui, nous quittons Naples pour prendre la route en direction de Rome, notre ultime destination en Italie. Ce matin, le réveil a sonné tôt, car immédiatement après notre petit déjeuner à l’hôtel, soit vers 8 h 30, nous amorçons notre dernière journée de car.
Et la chance continue de nous accompagner. Encore un ciel magnifiquement bleu ce matin et lorsque nous grimpons dans l’autocar, le mercure indique déjà 17 beaux degrés Celsius.
En cours de route nous croisons l’abbaye du mont Cassin qui a été fondée par Saint Benoît au VIe siècle. Le Saint y a d’ailleurs vécu. Toutefois, le 15 février 1944, au cœur des dernières batailles de la Deuxième Guerre mondiale, l’abbaye a été détruite par les bombardements alliés. Depuis, elle a été reconstruite à l'identique.
Notre guide accompagnatrice, Gracia di Blasi, avait prévu un court arrêt photo pour nous permettre d’immortaliser ce haut lieu de la prière, mais lors de notre passage, un intense brouillard sévissait sur la célèbre montagne. L’arrêt photo a donc été annulé.
Peu après avoir dépassé le mont Cassin, le brouillard s’est dissipé, mais il était trop tard.
Nous entrons dans la région du Latium, au centre de l’Italie. C’est un vaste territoire qui combine plaines et montagnes. L’élevage, l’agriculture et la viticulture y règnent en maître.
L’Abbaye de Cassamari
La visite de l’abbaye du mont Cassin n’était pas au programme, mais nous allons tout de même visiter une abbaye, soit celle de Casamari. Elle est située dans la province de Frosinone un peu au sud de Rome. Elle a été fondée par les Bénédictins au cours du XIe siècle, elle est la jumelle de l’abbaye de Fossanova.
Photo ci-dessus : L’abbaye de Casamari et son aspect extérieur des plus austère. Nous ne savions rien encore des beautés que nous y découvririons à l’intérieur.
Au cours de son histoire, elle a été sous la juridiction des Bénédictins, puis des Cisterciens, avant de revenir sous la férule de l’ordre des Bénédictins. Elle a été construite sur les vestiges d’une ville romaine.
Sur le site Internet de l’Abbaye, on nous informe de la présence de nombreuses abbayes dans la région. « La zone géographique qui s'étend au sud de Rome porte la marque de la présence d'hommes spirituels et de pèlerins de l'absolu qui, aujourd’hui encore, continuent à vivre selon les valeurs idéales, religieuses, morales et culturelles qui forment le tissu de la société italienne. Sur ce tout petit territoire, on retrouve les abbayes de Subiaco, du Mont Cassin, de Saint Dominique, de Fossanova, de Casamari, de Valvisciolo, de Saint Martin du Cimino, de Saint Dominique de Trisulti. Partout, on y retrouve la présence impalpable du patriarche Saint Benoît, incarnée dans l'esprit de la Règle. »
À notre arrivée à Casamari, vers 11 heures, un moine bénédictin nous y attend, le père Anselme. Il nous guidera dans les dédales de ce lieu consacré au culte.
Photo ci-dessus : Le père Anselme est âgé de 86 ans. Quelques jours avant notre visite, il a fait une chute et pour nous guider dans l’abbaye il a réclamé l’assistance de deux de nos compagnons de voyage pour l’aider à marcher.
Après nous avoir chaleureusement souhaité la bienvenue, le père Anselme nous parle de son chez soi :
« Le nom Casamari, nous dit-il, provient du latin “Cassius Marius” qui signifie “consul romain”.
« L’abbaye a été construite en 1200 par des moines français cisterciens. Il y en avait 250 à l’époque. Ils provenaient de Bourgogne et se sont installés ici sur ordre du pape.
« Depuis 800 ans, la construction a résisté à toutes les intempéries. Pas une seule pierre n’est tombée, et ce, malgré le fait que l’hiver, ici, il fait très froid.
« Dans un passé pas si lointain, des ânes transportaient les marchandises nécessaires à la survie des moines. Le tout était monté aux étages supérieurs à l’aide d’un système de corde. »
Photo ci-dessus : Si nous étions heureux de visiter l’Abbaye de Casamari, le père Anselme avait tout aussi l’air comblé de nous recevoir dans son monastère. (22 octobre 2008)
Nous commençons notre visite par le cloître, où il y a de belles fleurs partout. Les moines se rencontrent dans cet endroit pour prier et se reposer. Au centre, il y a un puits de cinq mètres. Au deuxième étage, ce sont les cellules des moines. Les murs sont dorés-rose, une teinte qui épouse à merveille le bleu du ciel et les couleurs des fleurs, des géraniums parisiens.
Photo ci-dessus : Le cloître de l’abbaye de Casamari est fort agréable en raison de l’omniprésence des fleurs. Pas surprenant qu’on nous précise qu’ici un moine jardinier voit à l’entretien des fleurs au quotidien.
Photo ci-dessus : Superbes plantes suspendues.
Photo ci-dessus : Comme c’est souvent le cas au centre des cloîtres, il y a un puits! En nous approchant de celui-ci, nous entendons le bruit du torrent.
Photo ci-dessus : Les cellules sont au deuxième étage du cloître
Photo ci-dessus : Au sommet des colonnes du cloître de Casamari, on retrouve diverses sculptures.
Les membres de l’ordre vivent dans une extrême simplicité. Ils sont de grands artistes du chant grégorien. D’ailleurs, ils chantent sept fois par jour!
Pour écouter un des chants grégoriens interprétés par les moines de l’Abbaye de Casamari, veuillez cliquer ici.
Nous entrons dans une salle qui à l’origine servait à accueillir les hôtes de passage. Aujourd’hui, c’est le réfectoire. Il y a des piliers romains et de chaque côté de la salle de longues tables de bois et des chaises droites. Au centre, il y a une rangée de colonnes. Le plafond comporte plusieurs arcs, ce qui créé des voûtes.
Photo ci-dessus : Une vue d’ensemble du réfectoire.
Photo ci-dessus : De superbes tables de bois d’une grande simplicité
Nous entrons dans l’église par la porte réservée aux frères laïques, ce sont des moines qui ne célèbrent pas les offices. Ils se consacrent plutôt aux travaux les plus difficiles.
Photo ci-dessus : Évidemment, le silence est de mise!
L’église, entièrement érigée par les moines, est sobre et grandiose tout à la fois. Ils ont mis dix ans à la construire, et ce, sans même l’aide d’architectes. Elle est de style gothique romain.
Photo ci-dessus : La pierre travaillée au-dessus d’une porte de bois.
Photo ci-dessus : Évidemment, il y a un dispensaire.
Photo ci-dessus : Un superbe vitrail!
Malgré, les beauté des lieux, nous frissonnons, car c’est froid et humide dans l’abbaye.
Il y a de belles fenêtres d’albâtre, de style cistercien. Le père Anselme nous mène devant une grande statue de la Vierge du rosaire. Elle est magnifique avec le petit Jésus et un grand chapelet entre les mains… Nous récitons, en groupe, un « Je vous salue Marie », devant la statue.
Photo ci-dessus : La Vierge du rosaire.
Photo ci-dessus : Le maître autel de l’église de l’abbaye de Casamari est d’origine.
Photo ci-dessus : Un des murs de l’église arbore une rosette.
Photo ci-dessus : Un autel en hommage au pape Clément XI, qui le 7 avril 1717, déjà abbé commanditaire de Casamari, enleva de l’abbaye les Cisterciens de la province romaine et y introduisit une colonie de moines cisterciens provenant de Buonsollazzo.
Nous sortons de l’église et filons en direction de la salle du chapitre, un lieu où les frères se réunissent régulièrement pour délibérer sur les sujets de la vie spirituelle et matérielle de la communauté. Les grandes décisions telles que l'élection d'un nouvel abbé, la réception d'un novice ou la fondation d'un nouveau prieuré y sont prises, mais toutes sortes d'autres questions concernant le bon et heureux fonctionnement communautaire et administratif y sont discutées
Dans cette salle, des chaises sont placées le long des murs. Quotidiennement, les moines se rassemblent ici pour lire les règles de l’ordre. Il y a une fenêtre en vitrail où est représenté le moine fondateur bénédictin.
Photo ci-dessus : Un vitrail représentant Saint Benoit.
Photo ci-dessus : Sous les vitraux de la salle du chapitre, des chaises en bois utilisées quotidiennement par les moines.
Ici, les moines sont spécialisés dans les manuscrits. Ils enseignent également aux jeunes.
Le père Anselme nous mentionne que l’Abbaye accepte les aumônes de ses visiteurs. Il ouvre alors son tablier et nous avons la chance d’y placer nos offrandes… avant d’entrer dans une petite boutique offrant une foule de produits fabriqués par les moines.
Pendant que les membres de notre groupe « magasinaient », j’ai profité de l’occasion pour me promener à l’extérieur de l’abbaye et y prendre quelques photos du superbe aménagement paysager réalisé par les moines.
Photo ci-dessus : Des bougainvilliers se mêlent aux hibiscus.
Photo ci-dessus : Un beau bouton de rose.
Photo ci-dessus : Une superbe fleur.
Photo ci-dessus : Soudain, une belle statue.
Photo ci-dessus : Un oranger.
Photo ci-dessus : Un autre bougainvillier.
Photo ci-dessus : Un pin immense.
Photo ci-dessus : Une fontaine émerge de cette mousse.
Photo ci-dessus : Superbe.
Puis, notre guide sonne la fin de la récréation et tous nous partons en direction de la bibliothèque où le responsable des lieux nous accueille. C’est monumental.
Les livres sont placés en ordre chronologique. Les incunables, les livres les plus précieux, il y en aurait plus de 5 000 que l’on peut consulter sur demande, sont dans une cave blindée.
Dans la pièce où nous nous trouvons, il y a des livres qui datent de l’année 1500. Les bouquins sont rédigés dans plusieurs langues. Il y aurait 23 000 livres. La bibliothèque est ouverte aux étudiants désireux d’y effectuer des recherches. Il y a des magazines qui datent d’aussi loin que de 1849.
Pour maintenir une telle mine d’informations, ils reçoivent des subventions du gouvernement italien. Mais, comme partout ailleurs dans le monde, celles-ci diminuent d’année en année.
Malgré tout, les moines prennent un soin jaloux de leurs livres.
Photo ci-dessus : Un escalier qui mène aux étages supérieurs de la bibliothèque.
Photo ci-dessus : Pas très grand, mais quelle densité de livres.
Photo ci-dessus : Une histoire de la diplomatie en plusieurs volumes!
Photo ci-dessus : Une table de travail pour les visiteurs!
Photo ci-dessus : Un dactylographe « Royal »… avec un clavier différent des nôtres.
Nous terminons la visite à 12 h 40.
Nous dînons en groupe à la « Trattoria Casamari », tout juste en face de l’abbaye. Un excellent repas de fettucini sauce ragu, antipasti, eaux et vin, le tout pour seulement 18 euros… pour deux personnes!
Puis, nous reprenons la route. Il est 14 h 30, il fait 22 degrés Celsius et nous avons un petit deux heures de route à faire avant d’arriver à Rome… du moins au « check point » où les touristes doivent payer pour entrer à Rome.
L’hôtel où nous logerons pour nos trois derniers jours, « Le Palatino », est situé sur la « via Cavour », tout près du forum romain et du Colisée. Nous y arrivons un peu avant 17 heures.
Ce soir, nous soupons à l’hôtel à 20 heures, mais avant de nous rendre à la salle à dîner, nous y allons d’un petit arrêt au bar de l’hôtel pour un apéro. Il y a un pianiste et finalement plusieurs membres de notre groupe nous y rejoignent! C’est très agréable.
Photo ci-dessus : Notre chambre à l’hôtel Palatino à Rome.
Le repas du soir est composé d’une entrée de pâte, de cubes de veau avec pommes de terre comme plat principal. Il va de soit que nous avons commandé eau et vin.
À suivre
Demain, grande journée de visites. Nous avons rendez-vous avec notre guide local à 8 h 45. Nous visiterons l’église Sainte-Marie de la Victoire, le Palais du Quirinal, l’église Saint-André, l’église Saint-Charles aux quatre fontaines, la galerie Borghese, la basilique Sainte-Marie majeure, la basilique Saint-Jean-de-Latran, la fontaine de Trévi avec en prime en début de soirée le souper d’adieu! Ouf!
Photo ci-dessus : Une œuvre d’art de l’église Sainte-Marie de la Victoire, Rome, Italie.
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4 juin 2012
je suis agréablement surprise, car je suis la fille de résidents de Casamari, et chaque fois que je vais en Italie, il faut absolument que j aille à l’abbaye m y ressourser, toute ma famille maternelle habite à Casamari, et j ai un grand oncle qui était moine, et repose dans le cimetière de l’abbaye. Merci pour ce joli voyage.
23 avril 2021
Belle visite. Merci !
Voici un lien complémentaire intéressant:
https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2021-04/beatification-cisterciens-martyrs-casamari-osservatore-romano.html?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=NewsletterVN-FR