Oct/100
Moscou chauffe à la soviétique
Revue de presse
NDLR - Lors de notre périple en Russie, nos guides ne nous ont pas parlé de système de chauffage… évidemment, car nous y étions au tout début de la grande période de canicule que le pays a difficilement vécue cet été. Frédérick Lavoie a toutefois publié le 8 octobre 2010, dans le quotidien La Presse, un texte des plus intéressant sur le système de chauffage « collectif » en fonction à Moscou. Un texte à lire, le voici :
Moscou chauffe à la soviétique
Frédérick Lavoie, La Presse, le 8 octobre 2010
(Moscou) La saison de chauffage est ouverte à Moscou! La semaine dernière, la capitale russe a mis en marche son système central de chauffage à l'eau chaude, hérité de l'époque soviétique. Alors que les autorités cherchent à moderniser un système vieillissant, les consommateurs russes, peu soucieux d'économiser l'énergie, apprennent tranquillement le concept d'utilisateur-payeur.
Photo ci-dessus : Les hivers sont rudes sur les places de Moscou, mais non dans les appartements qui, eux, sont chauffés par un système centralisé datant des années 20. C'est ainsi que des quartiers entiers sont chauffés par la même centrale. (Photo: AP)
En plein coeur du froid hivernal à Moscou, il n'est pas rare d'avoir à ouvrir les fenêtres de son appartement pour ne pas crever de chaleur. Pourquoi ne pas tout simplement baisser le thermostat? Parce qu'il se trouve bien loin de votre logement... et que des dizaines d'autres foyers dépendent de la même roulette que vous.
Comme les autres grandes villes soviétiques, Moscou s'est doté à partir des années 20 d'un système centralisé de chauffage à l'eau chaude. À l'époque, il s'agissait d'un grand pas vers la modernité pour le régime communiste naissant, un autre «effort vers le collectivisme».
Mais les temps ont bien changé. Dans la nouvelle Russie capitaliste, le consommateur ne veut plus payer pour son voisin frileux. Or, pour réduire sa facture de chauffage, il doit compter sur un improbable effort... collectif.
Dans l'espoir d'économiser quelques roubles, il lui faudrait convaincre tous les habitants de son immeuble - voire de son quartier - de changer leurs vieilles fenêtres en bois pourri à leurs propres frais ou de mieux isoler leurs murs.
«Les gens s'intéresseront à l'efficacité énergétique le jour où ils auront des régulateurs-compteurs directement dans leur appartement», reconnaît Raïfa Bitkova, porte-parole de la Compagnie énergétique unifiée de Moscou (MOEK), une entreprise semi-publique qui dessert en chauffage 70% des Moscovites.
Ce jour est encore loin toutefois. Il est pour l'instant impossible d'installer des thermostats dans chaque foyer. «Pour le faire, il faudrait entièrement repenser les systèmes de communication interne des édifices», explique Mme Bitkova.
Même les plans des nouvelles constructions n'ont pas intégré le principe d'utilisateur-payeur. Et puisque le chauffage central à l'eau chaude demeure beaucoup moins cher que celui à l'électricité, pas question de changer de modèle pour l'instant.
Il y a trois ans, un pas a tout de même été franchi: des compteurs-régulateurs ont été installés dans plusieurs immeubles moscovites. Désormais, ces édifices sont chauffés en tenant compte de leurs besoins. Et au lieu de partager une facture avec tout le quartier, on la sépare seulement avec les habitants de son immeuble.
En attendant de pouvoir réellement responsabiliser les consommateurs, l'amélioration de l'efficacité énergétique passe par l'amélioration du réseau de 15 000 kilomètres de tuyaux de la capitale. Après une décennie post-communiste de négligence, marquée par de nombreuses fuites et coupures, les autorités ont finalement investi au tournant du millénaire. Aujourd'hui, le tiers de la tuyauterie est neuf et plusieurs centrales ont été remises sur pied.
C'est le cas de celle de Tchertanovo, dans le sud-ouest de Moscou. Dans l'immense salle des machines, l'ensemble multicolore de centaines de tuyaux est relié à cinq chauffe-eau géants au gaz naturel. L'eau bouillante qui en sort parcourt ensuite jusqu'à 3 kilomètres pour atteindre les calorifères des 140 000 habitants du quartier, laissant en chemin entre 2 et 10% de sa chaleur.
Le système n'est certes pas des plus efficaces. Mais durant les quelque 200 jours que dure la saison de chauffage, dans la chaleur de leur foyer, les Moscovites n'ont rien à craindre des rigueurs de l'hiver.
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
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23 décembre 2012
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