Sep/110
Les citées ensevelies
Revue de presse
Andrée Lebel, La Presse le 27 août 2011
(Pompéi) L'éruption du Vésuve, il y a près de 2000 ans, a complètement détruit cinq villes du sud de l'Italie, dont Pompéi et Herculanum. Deux siècles après qu'elles eurent été redécouvertes par hasard, elles continuent de livrer des secrets fascinants.
La visite de Pompéi, brusquement figé dans le temps par une éruption volcanique, est très émouvante. Impossible d'oublier ceux qui habitaient ces maisons et circulaient dans ces rues lorsqu'ils ont été surpris par la catastrophe. Leur ombre semble encore présente. Et les ruines nous parlent de leur quotidien, de leurs occupations et de leurs préoccupations.
En l'an 79, une éruption du Vésuve a fait disparaître cinq villes, situées à quelques kilomètres les unes des autres, entre Sorrente et Naples. En moins de deux heures, elles ont été recouvertes de plusieurs mètres de cendre ou de boue. Et elles le sont restées jusqu'à ce qu'un fermier essaie de creuser un puits, en 1738. Depuis, à mesure que les vestiges de Pompéi et d'Herculanum sont dégagés, nous découvrons l'organisation de la vie dans les villes romaines de l'Antiquité.
Pompéi, qui figure sur la liste du patrimoine de l'UNESCO, est l'une des principales attractions de la région de Naples. Les deux tiers de la ville ont été excavés et on croit qu'environ 60 000 personnes y vivaient. Le site est immense et le plan d'urbanisme semble intact. Outre les édifices publics (théâtres, temples, basilique, forum, thermes, etc.), des centaines de maisons bordent les rues résidentielles. La plupart sont des constructions basses avec un atrium au centre. L'ouverture sur le toit servait de puits de lumière tout en permettant de recueillir l'eau de pluie. Certaines maisons avaient aussi un jardin, d'autres étaient ornées de fresques et de mosaïques.
Important centre de commerce, Pompéi attirait chaque jour des milliers de personnes provenant d'autres régions. Cela explique la présence d'auberges et de tavernes où l'on pouvait déguster un verre de vin en mangeant un repas chaud. D'autres constructions comme la boulangerie, le moulin et les ateliers des potiers, forgerons, marbriers, orfèvres, etc. nous renseignent sur le travail de ces artisans.
Si l'on se fie aux graffitis retrouvés sur les murs de la ville, l'amour et le sexe occupaient une grande place dans la vie des résidants de Pompéi. De plus, les murs des chambres étaient souvent décorés de scènes érotiques explicites et les maisons de joie étaient nombreuses.
La masse imposante du Vésuve, situé à 12 km de la ville, ajoute un élément dramatique au paysage. Mais le plus saisissant est sans contredit la reconstitution de personnages ayant péri dans la catastrophe. D'après les ossements retrouvés sur les lieux, on a pu recréer leur position exacte au moment de leur décès. Ils sont rassemblés dans le long bâtiment en bordure du Forum, et c'est souvent le dernier arrêt des visiteurs. Des images inoubliables.
Herculanum
Même si une infime partie seulement d'Herculanum à été mise à jour, le site révèle une autre facette de l'histoire. Les deux villes n'ont pas été ensevelies de la même façon. Pompéi a été recouvert de cendre et ses habitants sont morts par suffocation après avoir respiré des vapeurs toxiques. Ceux de Herculanum ont plutôt péri par la chaleur (510 degrés C) lorsqu'une coulée de boue a recouvert la ville. Plus lourde, la boue s'est infiltrée dans toutes les cavités, ce qui complique les travaux d'excavation. Autre difficulté: l'ancienne cité s'étend sous la ville actuelle.
Moins grande que Pompéi, Herculanum était une ville de villégiature où les aristocrates de Rome allaient se reposer. Ses grandes résidences, souvent à deux étages, étaient décorées somptueusement et entourées de jardins. Partout on sent le raffinement. Mosaïques, fresques et gargouilles sont ornées de motifs élaborés, les fontaines sont élégantes et les portiques des maisons sont bien alignés en bordure des rues pavées. La ville, fondée par Hercule, comptait aussi un magnifique théâtre de 2500 places.
En 1982, on a trouvé quelque 300 squelettes de personnes englouties avec leurs barques près du rivage. Elles avaient essayé de fuir par la mer, mais il semble que le déchaînement des vagues les en a empêchés. L'extrême chaleur ayant fossilisé instantanément toutes les matières organiques, l'examen de leurs bijoux et de leurs vêtements a permis de confirmer qu'il s'agissait de gens aisés.
Actuellement, les recherches sont concentrées sur une section des bains publics et sur la villa Papyrus, qui aurait appartenu au beau-père de César. La majeure partie de la grande maison, située devant le golfe de Naples, est encore recouverte de plusieurs mètres de boue, mais sa bibliothèque constitue un éloquent témoignage: des milliers de rouleaux de papyrus, qui contiennent des textes grecs de philosophie. Les archéologues espèrent maintenant dégager une autre bibliothèque de la villa qui contiendrait des textes latins.
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
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24 décembre 2011
🙂