Nov/110
L’Istrie : L’Italie croate
Revue de presse
Sylvie St-Jacques, La Presse, samedi 3 octobre 2009
NDLR - Lors de la préparation de notre voyage « Splendeurs de la côte Adriatique » nous avions déniché un texte paru en octobre 2009 dans le quotidien, « La Presse ». Sylvie St-Jacques y dressait un portrait de l’Istrie et y allait de quelques mots sur Dubrovnik et Split.
Voici son texte, c’est à lire!
L’Istrie : L’Italie croate
«On jurerait être en Italie, à Venise», s'exclame ma compagne de voyage, pendant que nous admirons le défilé de flâneurs qui peuplent la promenade portuaire de Pula, à la brunante. Le parallèle avec l'Italie et en particulier la Cité des doges n'a rien de fortuit. De Pula, il suffirait de sauter dans un ferry pour accoster trois heures plus tard à Venise. Et avec ses quartiers faits d'exigus labyrinthes piétonniers; ses volets grand ouverts; ses fontaines; son grandiose amphithéâtre à 72 arches; ses murailles; ses planchers en céramique; sa basilique Saint-Euphrasius, classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO, ainsi que son temple d'Auguste, érigé il y a 2000 ans, la capitale de l'Istrie porte l'empreinte de ses origines romaines. Bref, une touche italienne sous le soleil croate, parfaite pour les budgets plus modestes.
Photo ci-dessus : Le petit port de Rovinj. (Photo Jacques Lanciault)
Notre périple sur la côte istrienne, une région peu affectée par la guerre, a débuté quelques jours plus tôt, à Rijeka, agglomération urbaine sans grand intérêt pour le vacancier. Tout juste débarquée du ferry de nuit qui nous fait traverser l'Adriatique de Split jusqu'à cette ville nichée dans le golfe de Kvaerner, nous avons pris la route vers Opatija.
Ancienne station balnéaire en faveur auprès de l'élite viennoise, sous l'empire austro-hongrois, Opatija semble figée dans un passé où volupté et langueur étaient la définition de vacances réussies. Le jour, nous profitons de la «plage» en béton du littoral et plongeons une fois ou deux dans l'eau bleutée avec nos masques et tubas. Le soir venu, nous longeons la promenade du bord de mer pour atteindre Volosko, village voisin réputé pour ses bonnes tables.
Suivant notre intuition, nous optons pour un resto chaleureux, à l'écart du tape-à-l'oeil des restos de bord de mer. Nous sommes accueillis avec une bouteille de Malvazija et une cuisine simple, fraîche et savoureuse, servie dans une cour intérieure charmante et fleurie. Ravis et bien rassasiés, nous reprenons la route piétonne vers Opatija le coeur et la tête allégés...
Qui s'attarde en Istrie ne manquera pas de goûter à tout ce que cette province a à offrir, en matière de gastronomie locale. Les restaurateurs ne se font pas prier pour vous entretenir de la fraîcheur et de la qualité de leurs produits. Le mouvement Slow Food, né en Italie dans les années 80, gagne du terrain en Istrie, où l'on n'a pas à chercher très longtemps pour se prêter à des dégustations d'huiles d'olive, de truffes et de vins locaux. Plusieurs restaurateurs se font un devoir d'utiliser des produits locaux comme les asperges sauvages d'Ucka, les truffes de la forêt de Motovun ou l'agneau de l'île de Crès.
L'expérience culinaire la plus mémorable de notre séjour en Istrie a cependant été vécue à Pula, au restaurant Valsabbion. Pendant plus de cinq heures, sur la terrasse avec vue sur la mer, on nous a servi un repas de 13 services fait d'huîtres en gelée, de truffes blanches, d'huiles raffinées, d'eau marine transformée à l'azote liquide (sans blague!), de palourdes en croûte de sel noir, de mets traditionnels revisités et, bien sûr, des meilleurs vins de la région. La soirée a été mémorable et pas ruineuse!
Si l'Istrie est beaucoup moins chère que l'Italie, n'espérez pas y trouver un éden où l'on peut vivre grassement avec trois kunas (la monnaie locale) par jour. Le tourisme s'y développe de façon exponentielle, de sorte que plusieurs restaurants et hôtels sont aussi chers que ceux du reste de l'Europe. Les prix des transports et de l'hébergement flambent en juillet et août.
Au terme de notre séjour, nous avons échoué à Rovinj, charmante petite ville de pêcheurs très fréquentée par les touristes, qui elle aussi pourrait facilement passer pour italienne. Un dernier bain dans l'Adriatique, et nous avons fait nos adieux à l'Italie croate.
La Croatie, c'est aussi...
Dubrovnik
Notre entrée dans Dubrovnik commence par la porte Pile. Après les politesses d'usage adressées à la statue de saint Blaise (le patron de la ville), nous faisons claquer nos sandales sur les étincelantes rues patinées de marbre. Ravis par la splendeur dramatique de la Placa Stradun (la promenade piétonne centrale de Dubrovnik), nous nous aventurons dans des corridors semés d'escaliers, de balcons fleuris, de cours intérieures, de terrasses peuplées d'estivants tranquilles. Une escale pour le repas du midi suivie d'une crème glacée, et nous voilà prêts à explorer les deux «buzas» de la ville, lieux de rencontre prisés des jeunes amateurs de baignade et de farniente estivale .
Split
Bien que moins étincelante et «impeccable» que Dubrovnik, Split se révèle tout à fait charmante. Notre premier pèlerinage est le palais de Dioclétien (le coeur de la ville), un imposant site romain classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Notre promenade entre les murs du labyrinthe de ruelles du palais de Dioclétien (le complexe renferme 220 bâtiments) nous fait échouer dans le marché public où dominent les étals des marchands de fromage. Depuis le début de notre séjour en Croatie, nous étions impatients de goûter aux fameux fromages de l'île de Pag (voir encadré), et voilà que le destin nous a souri! Il ne manquait plus qu'une baguette, pour compléter ce pique-nique improvisé.
REPÈRES
Y aller et se déplacer
Air Canada, Air France et Lufthansa proposent des vols pour Zagreb et Dubrovnik avec escales, à partir de Montréal. À l'intérieur de la Croatie, on peut facilement se déplacer d'une région à l'autre en autocar, en train ou en ferry.
Dormir chez l'habitant
C'est la forme d'hébergement la moins chère et la plus sympathique. Pour obtenir une chambre propre pour deux personnes à 30 euros, rien de plus simple: vous vous pointez au bureau de tourisme et faites savoir que vous cherchez un hébergement à prix raisonnable. Avec un peu de chance, vous tomberez sur une gentille dame italienne qui vous offrira le café et un brin de conversation!
Les fromages de l'île de Pag
Partout sur la côte, on peut trouver le fromage de Pag, qui porte la saveur des vents marins qui laissent dans l'île un fin dépôt de sel imprégnant le sol et la végétation. Le lait qui sert à la fabrication du fromage de Pag est collecté en mai. Une fois fermenté, le fromage est frotté de sel de mer, recouvert d'huile d'olive et conservé entre six mois et un an. Une fois vieilli, le fromage de Pag devient sec, friable et très goûteux.
Le buza: la buvette à la plage!
En croate, le mot «buza» (qui signifie «trou») est employé pour désigner des endroits de rencontre où l'on prend un verre. Dubrovnik compte deux buzas (Buza et Buza II), des troquets juchés à l'extérieur des remparts, face à la mer. On s'y rend pour siroter une bière et plonger dans l'eau cristalline.
La Croatie, après la guerre
Le souvenir de la guerre est encore présent à Dubrovnik, où 68% des bâtiments de la vieille ville ont été touchés par des obus. Même si les dommages ont depuis été réparés selon les techniques traditionnelles, en recourant aux matériaux d'origine, la guerre civile est encore très présente dans la mémoire des habitants et sur de nombreux monuments commémoratifs.
Attention...
Le tourisme explose en Croatie et la concurrence est féroce. Si vous désirez seulement un transport pour vous rendre à une île avoisinante, il vaut mieux s'adresser au bureau de tourisme qu'aux vendeurs des excursions «trois îles avec pique-nique inclus». Ces derniers se feront un plaisir de vous désinformer...
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
Aucun trackbacks pour l'instant