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Et vive le fado !

Revue de presse

Agence France-Presse, Le Devoir, le 28 novembre 2011

Spectacle de fado à Lisbonne

Lisbonne — «Vive le fado!»: l'inscription du fado au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco a été accueillie par des cris de joie à Lisbonne dans le quartier de l'Alfama, berceau de ce chant devenu le symbole de tout un peuple.

«Vive le fado! C'est un jour important pour nous», s'exclame Maria Argentina, une chanteuse habitant dans cet endroit qui vit au rythme de ce «blues portugais» empreint de tristesse et de nostalgie.

Photo ci-dessus : Spectacle de fado à Lisbonne en 2007. (Photo Jacques Lanciault)

Pour l'occasion, elle a réuni quelques amis fadistes autour d'une longue table dressée sur une petite place pavée du quartier, baignée par les rayons de soleil de ce bel après-midi d'automne.

«Vous voulez que je chante?», lance-t-elle, les yeux pétillants de joie. Elle n'hésite pas à entamer un fado que ses convives rythment aussitôt en frappant dans leurs mains sous le regard amusé des habitants de l'Alfama.

Un peu plus loin, c'est au musée du fado, resté exceptionnellement ouvert dans la nuit de samedi à dimanche dans l'attente de la décision de l'Unesco, que les amateurs de Fado se sont donné rendez-vous.

«Je suis venu dès que j'ai appris la décision», raconte Gracinda, une sexagénaire, qui assiste à un concert improvisé par quelques musiciens dans le hall d'entrée du musée.

«Je ne peux pas l'expliquer. Dès que j'entends des accords de guitare, mon corps tout entier vibre», confie-t-elle.

«Cette décision nous redonne espoir. Tout n'est pas mauvais dans notre pays», renchérit Dalia, affichant un large sourire.

La fierté des Portugais
Dès samedi, les Portugais ont été tenus en haleine par les médias qui ont régulièrement rendu compte de la réunion du comité de l'Unesco à Bali, en Indonésie. Sitôt la décision connue, les réactions officielles ont commencé à pleuvoir.

«Cette reconnaissance est une source de fierté pour tous les Portugais», a écrit le président de la République, Anibal Cavaco Silva, dans un message publié sur le site de la présidence dans lequel il a rendu hommage aux «chanteurs de fado, aux poètes, aux musiciens, aux compositeurs ayant contribué à faire de fado une mélodie universelle».

«Grâce à cette décision, davantage de monde connaîtra le fado et sa richesse», s'est félicité pour sa part le chanteur Camané, surnommé le «prince du fado».

Cette reconnaissance devrait permettre de poursuivre la sauvegarde de ce patrimoine artistique par le biais d'un réseau d'archives et la protection de tous les lieux et objets liés à la perpétuation de cet art, a expliqué à l'AFP Sara Pereira, directrice du Musée du fado.

Un peu d'histoire
Le fado est apparu au XIXe siècle dans les quartiers de Lisbonne bordés par le Tage, point de départ des marins portugais vers l'immense empire colonial qui s'étendait de l'Amérique du Sud à l'Afrique et à l'Asie.

Cette complainte exprimant l'absence, les ruptures ou encore la nostalgie est née de la mélancolie qui régnait dans les ports de la capitale à cette époque.

Au XXe siècle, ce chant s'est imposé comme étant le symbole de la culture portugaise. Rendu populaire par la diva Amalia Rodrigues, disparue en 1999 et qui l'avait entonné aux quatre coins du monde, le fado connaît aujourd'hui une très grande vitalité, porté par une génération d'artistes qui a su renouveler ce style musical.

De Mariza à Cristina Branco, en passant par Carminho et Ana Moura, le chant de la «saudade», ce mal de vivre portugais, est encore aujourd'hui écouté dans le monde entier.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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