Nov/120
Castellana : spéléologues d’un jour!
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 5e d'une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans «l’autre Italie» à l’automne 2012.
Polignano a Mare, Castellana Grotte, Pouilles, Italie, vendredi, 12 octobre 2012 – Lorsque nous avons quitté le Québec pour notre périple dans « l’autre Italie », nous ne savions pas que nous jouerions aux spéléologues! C’est pourtant à l’exploration des cavités du sous-sol de la Terre que nous nous sommes adonnés ce matin, en y allant d’une promenade de trois kilomètres dans les grottes de Castellana… à une profondeur de quelque 60 mètres! Les images qu’ils nous en restent sont étonnantes, irréelles, fascinantes, bref fantastiques.
Photos ci-dessus : Une balade sous terre où, grotte après grotte, nous avons été ébahis par le spectacle fascinant tantôt de stalagmites montant du sol ou encore, comme ici dans la grotte Blanche, par les stalactites bourgeonnant de chacun des pores du plafond de pierre calcaire.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
Après une très bonne nuit de sommeil dans la douce tranquillité de la campagne de Polignano a Mare, le réveil se fait entendre à 6 h 40!
Avant de nous présenter à la salle à manger pour le petit-déjeuner, nous en profitons pour y aller d’un petit tour du propriétaire, et ce, étant donné que la nuit était déjà tombée lors de notre arrivée hier soir. L’endroit est tout à fait superbe!
Photo ci-dessus : La cour intérieure de l’Hôtel Borgobianco est superbe!
Photo ci-dessus : Un magnifique bougainvillier!
Photo ci-dessus : Une sortie qui donne sur d’immenses champs de culture.
Photo ci-dessus : Et un autre bougainvillier… superbe!
Outre la grande salle à dîner intérieure de l’hôtel, quelques tables ont été dressées sur une terrasse extérieure. Nous optons pour le grand air où nous avons droit à un panorama exceptionnel: des champs de culture à répétition et tout au loin la ligne d’horizon qui se confond avec la mer Adriatique!
Photos ci-dessus : La vue de notre table lors du petit déjeuner à l’Hôtel Borgobianco de Polignano a Mare dans les Pouilles.
Au terme d’un excellent petit-déjeuner, nous rejoignons le groupe dans le hall d’entrée de l’hôtel.
Il est 8 h 45, lorsque nous grimpons dans la navette qui nous amène à notre autocar qui, quelque 20 minutes plus tard, prend la route.
Notre guide locale dans les Pouilles, Grazia, a fait le trajet de chez elle à Tarente jusqu’ici à Polignano a Mare pour nous accompagner durant toute la journée.
D’entrée de jeu, elle nous annonce que notre troisième jour de visites dans les Pouilles sera consacré à découvrir deux merveilles exceptionnelles de la région, soit ses grottes et ses trulli!
« Dans un premier temps, nous informe-t-elle, nous nous dirigeons vers les grottes de Castellana, un endroit où l’entrée, un gouffre situé à 60 mètres de hauteur, a été découverte en 1938. »
« Cette cavité profonde et abrupte a été creusée par les eaux dans un terrain calcaire. Un grand nombre de grottes sont accessibles en utilisant un chemin balisé sur quelque deux kilomètres sous terre à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. »
« Des milliers de stalactites et de stalagmites offrent un spectacle haut en couleur en formant de véritables monuments à l’intérieur des grottes. »
Durant le trajet, des deux côtés de la route, il y a des champs de culture. Notre guide et Jean-Marc, notre accompagnateur de Voyages Lambert, attirent tour à tour notre attention sur des cultures de carottes nantaises, de fenouil et sur des vignobles, dont les vignes sont recouvertes de filets pour les protéger des oiseaux, de la grêle et de la pluie. Nous voyons aussi des cerisiers.
Il y a également un grand nombre d’oliviers, dont plusieurs, précise Grazia, sont séculaires!
Nous croisons des maisons décorées de magnifiques bougainvilliers en fleur.
Nous traversons la petite ville de « Castellana Grotte », une commune de moins de 20 000 habitants. Notre guide nous mentionne que le mot « castellana » signifie «femme du châtelain».
Nous descendons du car à 9 h 30 et nous marchons quelque cinq minutes pour nous rendre à l’entrée des grottes.
Notre visite accompagnée d’une guide francophone de l’institution est prévue pour 10 heures. « Toutefois, nous fait remarquer Jean-Marc, pour garantir notre réservation, nous devons être présents au moins 20 minutes avant notre heure d’entrée. »
L’aire d’attente est bien aménagée. Grazia, notre guide locale, nous mentionne que nous marcherons dans les grottes sur un trajet de 1,5 km à l’aller, tout comme au retour. Deux bonnes heures devraient être nécessaires pour réaliser cette visite.
Finalement, nous entrons à 10 h 10, car la guide francophone qui nous accompagne a vu sa visite avec un groupe d’Allemands s’allonger au-delà du temps prévu.
Notre guide dans les grottes se prénomme Luigia. Elle nous souhaite la bienvenue dans les grottes souterraines les plus vastes d’Italie.
Photo ci-dessus : Luigia, notre guide dans les grottes de Castellana.
Photos ci-dessus : Voilà, en route pour le « centre de la Terre »!
Nous descendons plusieurs marches et arrivons dans une grande salle sise sous un très haut puits de lumière. Quelques rayons de soleil s’y engouffrent. « C’est par ce trou, nous annonce notre guide des grottes, que les premiers explorateurs sont entrés. »
Photo ci-dessus : L’entrée des grottes pour les premiers explorateurs.
« En 1938, Franco Anelli, de la société de spéléologie d’Italie, fut le premier spéléologue à explorer ce réseau de grottes », nous signifie Luigia.
Photo ci-dessus : En 1978, un buste en hommage à Franco Anelli a été installé au tout début des trajets de visite.
Puis, nous descendons encore plusieurs marches. C’est impressionnant.
Une autre guide des grottes nous rejoint. Elle est avec nous au cas où un ou plusieurs des nôtres doivent abandonner la visite en raison d’un malaise. Ici, il est interdit de se promener dans les grottes sans être accompagné d’un membre du personnel.
Les premières concrétions (1) calcaires que nous voyons affichent de superbes couleurs dont vraisemblablement toute la palette du vert!
(1) : Le dictionnaire du correcteur électronique Andidote définit ainsi le mot concrétion : «Amas minéral cristallisé en couches concentriques ayant précipité autour d’un noyau.»
Photos ci-dessus : D’impressionnantes concrétions se sont formées au fil des millénaires.
Notre guide dans les grottes nous mentionne que seuls deux trajets, un d’un kilomètre et un autre d’un kilomètre et demi, ont été aménagés. Pourtant, nous voyons qu’il y a encore beaucoup d’autres sentiers qui pourraient l’être.
« C’est une grotte vivante, observe Luigia, car les infiltrations d’eau se poursuivent toujours et se poursuivrons bien longtemps encore. Il y a différentes phases de sédimentation qui ont court depuis des millénaires. »
« Nous sommes à 60 mètres de profondeur », lance-t-elle, en précisant qu’il est interdit de prendre des photos à compter de ce point!
Elle attire notre attention sur deux colonnes… «qui sont âgées d’un million d’années chacune», affirme-t-elle. « Elles sont surnommées “Les colonnes d’Hercule”. »
Notre guide des grottes s’exprime dans un excellent français. Elle mentionne que chacune des cavernes que nous allons traverser porte un nom! « Ici, nous sommes dans la grotte de la Louve, la forme qu’ont prise les concrétions rappelant celle de la Louve du Capitole à Rome ».
« La température ambiante est actuellement de 8 degrés Celsius », nous informe Luigia.
Elle ajoute qu’il y a beaucoup d’acide carbonique dans l’air, ce qui a pour conséquence qu’il devient possible que certains d’entre nous puissent se sentir rapidement essoufflés.
Nous voyons une autre colonne. « Elle fait 12 mètres de haut et serait âgée de 12 000 ans », soutient notre guide. Elle est rouge, jaune et orange. Superbe!
Luigia attire notre regard vers une stalactite imitant une jambe de danseuse de ballet… «Évidemment, ce monument est surnommé la “Jambe de la danseuse”. Tout à côté, elle en pointe une autre en disant voici “La chouette”!»
Elle mentionne que les grottes sont habitées d’araignées et de chauves-souris, mais qu’elles sont très difficiles à voir.
Nous traversons la caverne de la Vierge, celle du serpent! « Toutes les décorations sont de carbonate de calcium », lance la guide.
Tout en poursuivant notre irréelle balade, Luigia nous parle des grottes dans lesquelles elle passe une grande partie de sa vie en raison de l'affluence de touristes. « À la fin de la journée, les grottes doivent être nettoyées par notre personnel d'entretien, et ce, en raison du peu de sensibilité à l’environnement des touristes. »
« D’ailleurs, lance-t-elle, plusieurs stalactites et stalagmites ont été brisées par des visiteurs désireux de ramener un souvenir! C’est pourquoi aujourd’hui, il est interdit de se promener dans les grottes sans être accompagné d’un guide. Ainsi, il y a beaucoup moins de vandalisme touristique. Le personnel de guides est présent à Castellana depuis 20 ans. »
« Il y a 400 grottes comme celles-ci dans les Pouilles, car notre région est située dans une zone karstique. »
« Tous les passages que nous utilisons sont naturels, ils ont été créés par les eaux. Les employés des grottes n’ont que balisé le chemin. »
Luigia nous indique quelque chose dans le roc. «C’est un morceau d'une dents de mammouth!»
Plusieurs stalactites ressemblent à de grosses carottes orange.
Nous arrivons dans la caverne que notre guide nomme celle « du précipice ». « Il y a un trou de 12 mètres de profondeur. »
Nous voyons une autre caverne, « celle de l’autel » où nous pouvons facilement imaginer un orgue sur les murs!
« Le taux d’humidité que nous observons dans les cavernes, souffle notre guide, est de 90 pour cent! »
Et elle ajoute : « les grottes sont très stables. Il y a déjà eu un fort tremblement de terre dont l’épicentre était à 200 km d’ici… et rien dans les grottes n’a bougé. »
« À certains endroits dans des failles des murs et des plafonds, nous plaçons de petits morceaux de craie blanche pour voir justement si les roches bougent. »
Dans un autre ordre d’idée, la guide nous mentionne qu’un homme s’est déjà suicidé ici! «Nous avons retrouvé son cadavre le lendemain… lors d’une visite!»
Nous arrivons dans la caverne nommée « La tour de Pise ». Évidemment, elle penche!
Nous voyons un petit lac.
Dans une des grottes, les concrétions s’élancent dans toutes les directions : « Nous les nommons les épis de maïs », nous dit-elle.
Dans la caverne de la coupole, Luigia nous indique plusieurs aérateurs au sol et au plafond. «Ils ont pour but de fournir un peu d’oxygène».
« L’été, poursuit-elle, nous avons souvent 18 groupes de 40 à 50 personnes qui visitent les grottes. Et peu importe lequel des deux trajets ils utilisent, ils se retrouvent tous dans cette grotte de la coupole qui est le point d’intersection entre les deux trajets. C’est pourquoi l’oxygène a tendance à se faire rare. »
Nous arrivons dans une caverne de toute beauté. « C’est la caverne blanche, La Grotta bianca, souligne notre guide, qui s’empresse d’ajouter qu’ici il est permis de prendre quelques photos, sans flash évidemment! »
Photos ci-dessus : Irréel, fantasmagorique, étonnant, vraiment hors de l’ordinaire!
Nous rebroussons chemin. « Sur le chemin du retour, nous prendrons parfois les mêmes couloirs, parfois de nouveaux », signale Luigia, qui attire notre attention sur des fossiles d’animaux datant de millions d’années.
Nous voyons des concrétions vertes. « Elles ont été touchées par l’homme, laisse tomber notre guide, elles sont considérées comme morte, car elles ne peuvent plus s’accroître. »
Nous arrivons dans une salle qui ressemble à petit théâtre où il y a des marches de pierre qui peuvent servir de sièges. « Parfois, nous présentons des films d’horreur ici », ironise-t-elle.
Nous reprenons notre route. Sur un mur de côté, nous voyons des stalactites qui ressemblent étrangement à des draperies rayées aux couleurs orangées…
Nous revenons à notre point de départ, mais plutôt que de gravir les marches, nous prenons l’ascenseur. Ouf!
Nous ressortons à l’air libre à 12 h 20 et il pleut.
Nous devons attendre la remontée de tous nos copains avant de prendre la direction du car…
Nous sommes chanceux, car lorsque nous nous mettons en marche, la pluie a cessé.
Le car s’élance sur la route à 12 h 40, alors que la pluie vient tout juste de recommencer à tomber. Nous faisons route en direction d’Alberobello, un mot qui signifie « bel arbre », mentionne notre guide dans les Pouilles, Grazia. « La ville d’Alberobello a été bâtie au cœur d’une forêt luxuriante », ajoute-t-elle.
À suivre
Les trulli d’Alberobello!
Photo ci-dessus : Un village de trulli.
Bibliographie
Atlas en fiches (Italie, Régions du Sud, Mezzogiorno et les Apennins), Éditions Atlas, 2008;
Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, Pouilles, Basilicate, Bari, Trani, Castel del Monte, Bitonto, Altamura, Matera et de nombreuses autres pages;
Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;
Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;
Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;
Les Pouilles, civilisation, art et histoire,, Edizioni Kina Italia, 96 pages.
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