D’autres trésors de Mantoue : l’impressionnant Palazzo Te et le superbe Teatro Scientifico !

Texte et photos de Céline et Jacques

Voici le 19e d'une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans « l’autre Italie » à l’automne 2012.

Mantoue, Lombardie, Italie, mercredi 17 octobre 2012 – Après la découverte du Palais ducal, des magnifiques bâtiments de la Piazza del Erbe, de l’église San Lorenzo, voici qu’en après-midi nous découvrons deux autres édifices de Mantoue nous réservant bien des surprises : le Palazzo Te et le Teatro Scientifico!

Photo ci-dessus : Le théâtre Bibiena de Mantoue, connu également sous le nom de « Teatro Scientifico », a été construit en 1769 à la demande de Marie-Thérèse d’Autriche. Il a été inauguré le 3 décembre 1769, alors qu’un jeune prodige de 14 ans y a donné un concert! Le nom du prodige… Wolfgang Amadeus Mozart.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Après avoir visité le Palais ducal des Gonzague à Mantoue et la superbe enfilade de jolies places qui y mènent et surtout bien reposés au terme de notre repas du midi, nous rejoignons notre groupe de Voyages Lambert à 13 h 30 au lieu de rendez-vous spécifié par notre accompagnateur Jean-Marc Lechat.

Notre guide locale dans la ville des Gonzague, Alessia, nous indique que nous allons nous rendre au Palazzo Te en traversant Mantoue pratiquement de part en part, le Palais du Té étant situé au sud de la cité à environ deux kilomètres du centre historique.

En route, nous passons devant une maison dont la façade a été peinte de fresques par Andrea Mantegna (1431-1536). C’était la maison de la fille de l’artiste mantouan de la Renaissance. Malheureusement, les fresques sont très abimées.

Notre guide nous informe qu’à l’époque où vivait Mantegna (XVe et XVIe siècles), plusieurs maisons affichaient comme celle-ci des fresques sur leur façade.

Puis, Alessia nous indique une autre maison, celle de l’artiste justement, transformée en musée.

Photo ci-dessus : En route pour le Palais du Té nous avons croisé cette habitation affichant ces deux beaux reliefs.

Il est 14 heures et des élèves sortent d’un lycée que nous croisons. Comme chez nous, au Québec, les jeunes de cet âge sont turbulents à la sortie des cours. « À Mantoue, la journée scolaire se termine tôt, mais pour le reste de l’après-midi les jeunes sont occupés par des activités para scolaires », nous confie notre guide.

« Il n’y a pas d’université à Mantoue, se désole Alessia, les jeunes d’ici souhaitant poursuivre leurs études doivent se rendre à Milan ou à Padoue. Une grande majorité d’entre eux y trouvent du travail à la fin de leurs études et conséquemment ne reviennent jamais à Mantoue. »

Nous croisons l’église San Sebastiano, un lieu de prière érigé selon un projet de l’architecte Leon Battista Alberti (1404-1472), lui qui a également construit l’église Sant’Andrea que nous avons vue ce matin. Tout près, nous pouvons apercevoir le mausolée des Gonzague… qui est à l’abandon. Dommage!

Photo ci-dessus : L’église San Sebastiano à Mantoue. (Photo provenant d’Internet)

Le Palazzo Te
« Le Palais de Té, lance notre guide, a été construit à la demande de Frédéric II par l'architecte Giulio Romano, lui qui combinait les professions de peintre, de décorateur et d’architecte! La construction s’est échelonnée sur une dizaine d’années, soit de 1525 à 1535. »

Rappelons que Frédéric II, qui était duc de Mantoue, était le fils d’Isabelle d’Este.

Alessia nous informe que plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer le nom du lieu, le Palais du Té. «La première, et la plus vraisemblable, affirme-t-elle, étant que le palais aurait pris le nom de l’endroit où il est construit, soit l'île Tejeto, dont le nom fut abrégé en Te.»

« D’autres avancent, poursuit-elle, que le nom de Te proviendrait tout simplement du fait que le palais est situé à l’extrémité de deux rues formant un “T ”! Ou encore en raison des nombreux tilleuls présents sur l’île! »

Il y a un grand parc devant le palais.

L’entrée donne sur une grande cour intérieure.

Photos ci-dessus : La cour intérieure du Palais du Té et son pavage particulier.

Et notre guide mantouane de poursuivre :

« L’architecte Giulio Romano a construit le palais selon les plans d’une ancienne maison romaine.

Avant la construction, l’endroit abritait les écuries des Gonzague. L’architecte a construit son œuvre tout autour des écuries.

Ce palais a de tout temps été associé aux plaisirs personnels de Frédéric II, lui qui y avait installé sa “maîtresse officielle”, Isabella Boschetti, et ce, même s’il était marié à Marguerite de Montferrat qui lui donna sept enfants.

Son mariage avait eu lieu uniquement pour des raisons de patrimoine et de politique et non par amour.

Frédéric II est décédé à 40 ans, des suites de la syphilis! »

D’entrée de jeu nous voyons un portrait de l’architecte Giulio Romano, une œuvre réalisée par le célèbre artiste-peintre Le Titien. Romano tient dans une de ses mains un dessin représentant le plan de l’église ronde de San Lorenzo que nous avons vue ce matin.

Photo ci-dessus : Le portrait de Giulio Romano réalisé par Le Titien! (Photo provenant de Wikipédia).

« Ce portrait a été acquis par la ville de Mantoue de la famille Marcos », précise notre guide. Nous présumons qu’il s’agit des Marcos des Philippines.

Nous entrons dans le premier appartement, celui qui était habité par la maîtresse de Frédéric II, Isabella Boschetti, elle qui, sans jamais devenir son épouse légitime, lui a tout de même donné deux enfants.

Il y a des fresques sur les murs et un imposant foyer. Le plafond est beau, représentant différentes statues entourant au centre une fresque avec des chevaux. C’est Romano qui a fait tous les dessins.

Nous passons dans une autre salle, celle dite « Des chevaux », elle est immense. « En fait, commente Alessia, c’est la plus spacieuse du palais, elle était réservée pour les réceptions. »

Il y a de hauts plafonds, tous travaillés. Des caissons de bois or, rouge et vert, avec, incrustées çà et là dans le bois, des salamandres.

Il y a des fresques sur les quatre murs avec de nombreux trompe-l’œil. À certains endroits, les chevaux sortent en dehors de leur cadre, comme s’ils venaient vers nous.

« Deux années ont été requises pour décorer cette salle, 1525 et 1526 », nous précise notre guide mantouane.

Celle-ci attire notre attention sur la présence des salamandres dans la décoration du plafond.

« La salamandre était l’emblème personnel de Frédéric II de Gonzague, tout comme elle était également l’emblème de François 1er de France. Ici à Mantoue et dans la région, il y a de nombreuses salamandres », soutient-elle.

Photo ci-dessus : Un superbe plafond affichant de nombreuses salamandres.

Nous passons dans une autre salle, celle-là nommée « Salle de Psyché »! Il y a une multitude de fresques magnifiques qui représentent diverses scènes de la mythologie. Il y a des mots gravés en latin sur le haut des murs. Il y a plusieurs scènes d’érotisme… et d’autres carrément d’orgie!

Photos ci-dessus : Giuliano Romano a été un des meilleurs élèves du célèbre artiste Raphaël, pas étonnant que Frédéric II ait retenu ses services pour construire et décorer son palais.

Nous sortons et entrons dans la « Salle du Zodiaque ». « Frédéric était très dépendant des influences astrologiques », prétend notre guide.

Nous retrouvons dans cette salle des fresques peintes en médaillon représentant des événements de la vie humaine en relation avec les influences astrales!

Nous passons à la chambre des Aigles… la chambre à coucher des maîtres des lieux. Des aigles dominent aux quatre coins de la chambre.

Nous sortons à l’extérieur et ré entrons presque immédiatement. Nous sommes dans la « Salle des Géants »! Il y a des fresques couvrant tous les murs et représentant les mouvements du corps humain, le tout réalisé, encore une fois, par Romano lui-même. C’est un mélange entre deux courants : celui de la fin de la Renaissance et celui maniériste provenant de Rome et de Venise.

On a utilisé des couleurs pourpres! Les fresques représentent les Géants de la mythologie cherchant à conquérir l’Olympe… C’est l’épisode de la destruction des Titans par Zeus… ou Jupiter, selon le point de vue!

« Cette maison a servi de caserne dans le passé », nous fait remarquer Alessia tout en nous indiquant sur les murs des signatures de soldats avec des dates.

Nous retournons dehors où se trouvent des bassins dans lesquels se reflètent des portions de palais.

Photo ci-dessus : Le reflet des édifices du Palais de Té dans les bassins

Photos ci-dessus : Du centre de la cour, nous avons une magnifique vue des deux entrées du palais

Nous nous rendons au fonds du jardin, « là où il y a une grotte », nous confie Alessia.

Nous entrons dans la grotte. « Il s’agit de la célèbre maison de Néron datant de l’époque romaine. Les artistes de Romano l’ignoraient quand ils sont descendus dans cette grotte pour y travailler », souligne notre guide.

« C’est aux couleurs pompéiennes, stipule Alessia, alors qu’à l’époque les artistes ne pouvaient connaitre Pompéi, l’ancienne ville romaine n’ayant été mise au jour que longtemps après la décoration de la grotte. »

Les décorations sont très raffinées.

« La grotte dans laquelle nous entrons, n’est qu’un élément décoratif qui a été ajouté sur l’insistance d’Éléonore de Médicis, l’épouse de Vincent 1er de Mantoue, à la fin du XVIe siècle. Elle avait un goût prononcé pour les coquillages, les coraux, les statues dans les niches, les jets d’eau, les torches, etc. », nous raconte Alessia.

Il y a des « senseurs » près des murs… et si nous nous approchons trop de ceux-ci ou des colonnes de l’édifice, un son à réveiller les morts s’échappe des haut-parleurs dissimulés dans la grotte!

Photo ci-dessus : Un hémicycle ferme le Palais de Té d’un côté.

Photos ci-dessus : Voici, une vue aérienne des lieux que nous avons retrouvée sur Internet.

Nous sortons de l’enceinte du palais et notre autocar vient nous prendre à 15 h 40.

Mantoue est une ville très calme comptant seulement 46 000 habitants. Nous longeons un des lacs entourant la ville. « On ne peut s’y baigner, déplore notre guide, car l’eau y est polluée. »

Nous descendons du car, moins de cinq minutes plus tard, devant le château Saint-Georges, tout en face d’un des lacs. Ce château est partie intégrante du Palais ducal que nous avons visité ce matin.

Photo ci-dessus : L’imposant château de San Giorgio.

Nous voyons un clocher. « C’est celui de l’église Sainte-Barbe », ajoute Alessia.

« D’ici, nous surprend-elle, il est possible de prendre un bateau qui nous mène à Venise! »

Le Teatro Scientifico
« Nous allons marcher jusqu’au Teatro Scientifico, qui est tout près », nous informe celle qui est des plus heureuse de nous faire découvrir sa ville.

« Le théâtre a été construit en 1769 au rez-de-chaussée du “Palais de l’académie Virgilienne”, un édifice datant du XVIe siècle. En fait, il a été érigé là où se trouvait la “Salle de classe des Sciences et des Lettres”, d’où son nom de Teatro Scientifico », précise Alessia.

« À l’époque, il n’y avait pas de scènes, ajoute notre guide, les conférenciers et les orateurs restaient au centre et ceux qui venaient les entendre s’assoyaient tout autour. »

« C’est l’architecte Antonio Galli da Bibbiena, un Bolognais, qui l’a construit à la demande de Marie-Thérèse d’Autriche. Souvent, chez nous, les gens nomment l’endroit le “Théâtre Bibiena!” », nous fait remarquer notre guide.

« L’endroit a été inauguré par Wolfang Amadeus Mozart, alors âgé de 14 ans, en décembre 1769! », lance avec fierté notre guide.

Photo ci-dessus : La salle des pas perdus du « Teatro Scientifico » affiche un buste de Wolfang Amadeus Mozart.

Nous y entrons, mais notre guide nous avise qu’elle ne pourra pas parler, car une troupe de théâtre est actuellement en répétition sur la scène.

La décoration est en bois, et non en marbre, comme les décorateurs ont tenté de nous laisser croire. La salle est en forme de cloche, il y a quatre étages de balcon.

Photo ci-dessus : Le « Teatro Scientifico » dispose de quatre étages de balcon.

Photo ci-dessus : Des statues de grands artistes mantouans se dressent ici et là dans le théâtre. Ici, le célèbre écrivain Baldassare Castiglione.

Photo ci-dessus : Nous nous assoyons dans de confortables fauteuils et regardons durant quelques instants évoluer les comédiens sur la scène.

Nous sortons de la salle à 16 h 20, car les responsables de la pièce s’apprêtent à filmer.

Notre accompagnateur de Voyages Lambert nous informe que notre journée de visite s’arrête ici. Il remercie Alessia pour cette belle journée et nous indique que le souper est libre ce soir. Il nous fixe par ailleurs rendez-vous pour 8 heures demain matin, dans le hall d’entrée de l’hôtel.

Nous quittons le groupe et marchons tous les deux jusqu’à notre hôtel, mais sans nous y arrêter. Nous continuons et croisons quelques commerces et finalement nous aboutissons dans un petit parc où prend place une statue de Garibaldi, une autre… J’en ai même perdu le décompte. Le quartier est plutôt résidentiel.

Photo ci-dessus : Giuseppe Garibaldi, un des Pères de la patrie italienne.

Finalement, il y a eu des nuages durant toute la journée, mais nous avons été chanceux, car de gouttes de pluie nous n’avons pas vues!

Vers 18 h 30, nous nous rendons dans un petit café situé près de l’hôtel où nous commandons de légers sandwichs et deux verres de vin blanc local, le Canteri Gian Pattista. Wow! Il est vraiment délicieux.

À suivre
Une petite incursion à Parme en Émilie-Romagne!

Photo ci-dessus : L’imposant baptistère de la cathédrale de Parme.

Bibliographie
Atlas en fiches (Italie, régions du nord et du Sud, Mezzogiorno, le Pô et les Apennins), Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, régions d’Italie, villes d’Italie et de nombreuses autres pages;

Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;

Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;

Mantoue et ses trésors d’art, Rosella Vantaggi, Casa Editrice Perseus, 127 pages.

Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;

Les Pouilles, civilisation, art et histoire, Edizioni Kina Italia, 96 pages.