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Parme : le fromage, le jambon, oui, mais surtout du grand art! (2e partie)
Texte et photos de Céline et Jacques
Voici le 21e d'une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans « l’autre Italie » à l’automne 2012.
Parme, Émilie Romagne, Italie, jeudi 18 octobre 2012 – À l’évocation de la ville de Parme en Italie, la plupart des gens penseront « jambon de Parme » ou encore « fromage parmesan »! Mais, il faut avoir passé ne serait-ce que quelques heures à se promener dans sa vieille ville de Parme pour constater à quel point cette cité abrite une foule de trésors! Son théâtre ancien tout en bois, sa cathédrale à la voute splendide, son baptistère éblouissant, son monastère bénédictin où l’abbesse vivait comme les plus nobles de l’époque et ses monuments publics sont autant de chefs d’œuvre qu’il faut absolument découvrir.
Photo ci-dessus : La magnifique coupole de la cathédrale de Parme, peinte en 1534 par le Corrège!
Pour lire la première partie de ce texte, cliquez sur le lien suivant : Parme : le fromage, le jambon, oui, mais surtout du grand art! (Première partie)
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
La cathédrale de Parme
Nous entrons dans la cathédrale, elle qui est dédiée à Santa Maria Assunta, l’Assomption de la Vierge Marie.
« Elle est de style baroque exubérant », lance notre guide. Wow! Il y a des fresques partout!
Photos ci-dessus : Partout, des fresques décorent la cathédrale de Parme.
Il n’y a pas de bancs. Nous montons quelques marches pour accéder à une chapelle latérale où il y a une belle sculpture sur le mur. « Il s’agit d’un chef-d’œuvre réalisé en 1178 par Benedetto Antelami intitulé “Descente de la croix” », nous indique Élisabetta. « Antelami est celui qui a érigé le baptistère », ajoute-t-elle.
Photos ci-dessus : La sculpture est en marbre. Contrairement aux autres « Descente de la croix » que nous avons vues par le passé, le corps du Seigneur est encore sur la croix.
Notre guide nous présente l’œuvre : « Remarquez les bourgeons sur la croix, ils servent à indiquer la renaissance du Christ. Parmi les personnages, il y a les “Trois Maries”, Saint-Jean, la Vierge qui tient la main de son fils, une femme qui tient un calice représentant l’église chrétienne, Joseph prenant dans ses bras le Christ, Nicodème qui décloue le corps de Jésus et les soldats romains tenant la robe du Christ en train de la tirer au sort. On remarque également une petite statue représentant la synagogue, la lune et le soleil qui eux symbolisent l’univers, la lune étant du côté des soldats et le soleil du côté des Maries. »
Une petite recherche sur Internet à notre retour, nous a permis d’apprendre que dans la tradition catholique, les « Trois Maries » ou les « Saintes Maries » sont trois femmes de Béthanie : Marie-Madeleine, Marie Salomé et Marie Jacobé.
Puis, Élisabetta nous indique de diriger nos regards vers la coupole au-dessus de nous. Époustouflant, celle-ci est recouverte de fresques. « Il s’agit d’une représentation de “L’Assomption de Marie”, réalisée par le Corrège en 1534 », souligne notre guide.
Photos ci-dessus : La coupole de la cathédrale de Parme décorée par Le Corrège.
Il y a plusieurs scènes en trompe-l’œil. Des représentations des apôtres sont situées aux angles de la coupole.
Photos ci-dessus : Des apôtres apparaissent aux angles de la coupole de la cathédrale de Parme.
L’Assomption de la Vierge signifie qu’au terme de sa vie terrestre le corps et l’esprit de la mère de Jésus sont montés directement au ciel pour rejoindre son fils. L’Assomption de la Vierge est célébrée le 15 août de chaque année.
Chez les orthodoxes, c’est la « Dormition de la Vierge » qui est célébrée à cette date. La distinction entre assomption et dormition se situe ainsi : du côté des orthodoxes la Vierge est montée au ciel après sa mort, tandis que chez les catholiques cet événement est survenu au terme de sa vie terrestre.
Photo ci-dessus : « Le Corrège a innové en créant la fresque de la coupole où l’on note un effet de tourbillon. Il faut comprendre qu’à cette époque, Michel Ange n’avait pas encore réalisé son jugement dernier au Vatican, souligne notre guide. »
La cathédrale est en forme de croix latine et compte trois nefs. Les pilastres séparant la nef centrale des deux autres affichent des chapiteaux sculptés. « Ceux-ci parlent, image notre guide, car à l’époque les gens ne savaient pas lire. »
Il y a une chaire en bois, or et noir. L’autel principal est en marbre rouge et date du XIIe siècle. Il y a des reliques, dont celles de Saint Nicodème.
Photo ci-dessus : Vue du mur arrière de la cathédrale de Parme, lui aussi recouvert de fresques.
Photo ci-dessus : Et le magnifique plafond de la cathédrale.
Juste avant de sortir de la cathédrale, notre guide nous dit que des vestiges d’une église datant de l’époque paléochrétienne ont été découverts ici. Ces vestiges sont aujourd’hui conservés au musée de la ville.
Nous sortons et nous filons vers le baptistère.
Le baptistère de la cathédrale de Parme
L’architecte Benedetto Antelami a inscrit son nom et la date au-dessus de la porte d’entrée du baptistère. « Il a aussi gravé le chiffre huit couché, nous indique Élisabetta, un signe qui est le symbole de l’infini. L’artiste voulait ainsi représenter la vie éternelle après le baptême. »
Photos ci-dessus : Le portail du baptistère de la cathédrale de Parme affiche une sculpture de la Vierge Marie, dont les pieds sont sur des vagues, symbolisant l’eau du baptême. Notre guide précise que les couleurs de la sculpture sont celles d’origine.
Nous entrons.
Tout comme pour la cathédrale, il y a pléthore de fresques datant du XIIIe siècle.
Photo ci-dessus : Le font baptismal du baptistère est taillé dans un bloc de marbre monolithique. Il servait à l’immersion des fidèles lors du baptême. « D’ailleurs, nous mentionne notre guide, autrefois, il y avait un canal au-dessous pour alimenter l’endroit en eau. »
De nos jours, il y a encore des baptêmes célébrés ici, une fois par mois en fait. Mais ils ne sont plus réalisés en immersion complète.
Photo ci-dessus : Le plafond du dôme du baptistère est remarquable. Les peintures représentent des scènes du Nouveau Testament.
Il y a plusieurs sculptures, dont encore des signes du zodiaque.
Photos ci-dessus : Le baptistère de Parme est décoré de magnifiques œuvres d’art.
Nous sortons et poursuivons à pied notre petite balade dans la ville de Parme.
La Piazza Garibaldi et la Piazza della Steccata
Nous arrivons sur la Piazza Garibaldi où se trouve le Palazzo del Municipio, l’hôtel de ville de Parme.
« Au Moyen-Âge, indique Élisabetta, la ville a été reconstruite sur le site de l’ancien forum romain. »
Nous voyons le Palazzo Governatore, le palais du gouverneur, un édifice datant de la fin du XIIIe siècle. À l’origine c’était le palais des commerçants.
Il y a également la magnifique « Tour de l’Horloge » que nous avons aperçue plus tôt en matinée. Elle a été érigée au XVIIIe siècle. Elle est très belle.
Devant elle se dresse un superbe monument hommage à Garibaldi.
Photos ci-dessus : La tour de l’Horloge et le monument à Garibaldi.
Toujours sur la place, il y a l’église Saint-Pierre apôtre, bâtie sur le site d’un ancien temple, dédiée aux dieux païens. C’est la plus ancienne église de la ville.
Nous arrivons sur la Piazza de la Steccata, ce qui pourrait se traduire par la place des palissades. Il y a un monument érigé en l’honneur de Parmigianino et une imposante église, la basilique Santa Maria della Steccata, un bâtiment dont la construction a été entreprise en 1521.
Photo ci-dessus : Une statue honore la mémoire du peintre « il Parmigianino », le Parmesan.
Photo ci-dessus : L’imposante basilique Santa Maria della Steccata.
Nous y entrons.
Comme la cathédrale et le baptistère que nous avons visités précédemment, la basilique affiche une décoration dense. «C’est le Parmigianino qui a assuré la décoration du lieu saint», nous indique Élisabetta.
Photo ci-dessus : Le maître autel de la basilique Santa Maria della Steccata.
Une fresque située au-dessus d’un maître-autel surchargé de décorations, nous montre la Vierge Marie donnant le sein à l’enfant Jésus!
Photo ci-dessus : La Vierge Marie allaitant son fils.
Nous sortons.
Nous croisons un théâtre doté d’une façade néoclassique avec des arcades de chaque côté. « C’est le Teatro Regio », nous mentionne notre guide. L’encyclopédie libre Wikipédia précise quant à elle « qu’il est le plus prestigieux des douze théâtres de la ville, l'un des plus célèbres théâtres lyriques d'Italie. Il symbolise la passion des Parmesans pour la musique. »
Des trolleybus circulent sur la via Garibaldi.
Le couvent des bénédictines de Saint-Paul
Notre guide attire notre attention sur un monastère. « C’est le couvent des bénédictines de Saint-Paul », nous dit-elle. « Il a été construit il y a dix siècles. »
Puis, Élisabetta nous mène dans une petite allée ombragée où se trouve justement l’entrée de la Casa de San Paolo.
Photo ci-dessus : L’entrée de la Casa de San Paolo.
« Ce couvent, dont la construction date de la fin du Ve siècle, était sous la protection directe du pape », nous indique notre guide. « Ici, les religieuses avaient plus de liberté pour les décisions… et elles acceptaient parfois des pots-de-vin », nous confie Élisabetta.
« Ainsi, ajoute-t-elle, les religieuses provenant de familles riches s’attendaient à ce que les religieuses pauvres réalisent les basses besognes. »
« L’abbesse, Giovanna Piacenza, obéissait au pape et non aux administrateurs de la ville. Mais sans avertissement, le pape a édicté de nouvelles règles pour les religieuses bénédictines. Ainsi, annonça-t-il, les religieuses deviendraient cloîtrées à compter de l’an 1524.
Mais, l’abbesse Giovanna, elle qui s’habillait comme une noble et non comme une religieuse, veillait au grain et elle a reporté et reporté l’entrée en vigueur des nouvelles règles, si bien qu’elles ne furent mises en vigueur qu’après sa mort. »
En 1519, sœur Giovanna a fait décorer sa chambre par l’artiste-peintre Le Corrège.
Nous entrons… et évidemment, Élisabetta nous informe que les photos sont interdites.
Nous voyons une immense toile, assez terne, qui ressemble à la Cène de Léonard de Vinci. Elle fut peinte en 1514 par Alessandro Araldi.
En 1796, Napoléon a chassé les religieuses et a fermé le monastère, non sans d’abord avoir tenté de détacher la fresque du Corrège. Mais, heureusement, il n’y réussit pas et nous pourrons donc la voir aujourd’hui.
Nous entrons justement dans la chambre de l’abbesse. Le plafond est remarquable. Le dessin représente les vertus des mères supérieures gérant un monastère. Une fille allaite son père enchaîné, pour qu’il puisse vivre.
Nous nous rendons dans une autre salle, elle qui a été décorée quatre ans plus tard. C’est très différent du Corrège. Il y a une voûte divisée en 16 côtés en trompe-l’œil; une clé de voûte au centre est divisée en trois croissants de lune, ce qui est l’emblème du monastère.
Les peintures représentent des fruits, des chérubins et des divinités antiques. Sur le manteau de la cheminée, une fresque représente Diane la chasseresse.
Photo ci-dessus : La chambre décorée par Le Corrège. (Photo provenant d’Internet)
Nous sortons. Élisabetta nous indique que notre visite guidée de Parme est terminée. Notre accompagnateur, Jean-Marc Lechat la remercie chaleureusement et nous informe que nous avons temps libre pour le dîner. Il fixe le rendez-vous à 14 heures devant le palais de la Pilotta.
Nous entrons sur la terrasse d’un petit restaurant, le « Cavour Grand Caffé ». Nous mangeons chacun une salade, mixte pour Céline et grecque pour moi, le tout arrosé d’une petite bouteille de Lambrusco.
Nous quittons la terrasse à 13 h 25. Nous marchons dans la ville que nous apprécions beaucoup mieux maintenant que nous en connaissons les nombreux trésors. Il fait un beau soleil, il n’y a pas de vent et le mercure indique un magnifique 23 degrés Celsius. Toutefois, la majorité des boutiques sont fermées en raison de la sieste. Nous rejoignons le groupe à 14 heures et grimpons dans le car.
Denise, une de nos compagnes de voyage, nous dit qu’elle a dîné de deux tranches du meilleur prosciutto de la ville. Du jambon qui se vendait à 108 euros le kilo.
Nous prenons la route en direction de Sabbioneta.
En guise de dessert, Jean-Marc nous distribue des « Violettes de San Biagio », un petit bonbon sucré goûtant la violette.
Méli-mélo
La ville de Parme compte sur une population d’un peu plus de 186 000 âmes.
Les habitants de Parme sont des « Parmesans ».
C’est une cité plutôt bourgeoise.
Le saint patron de Parme est Sant’Ilario, qui est fêté le 13 janvier.
Parme est la ville d'origine du chef d’orchestre Arturo Toscanini et du peintre Parmigianino.
Le compositeur Giuseppe Verdi et le grand peintre de la Renaissance, Le Corrège, ont grandi dans la province de Parme.
La ville a été fondée par les Romains en 183 avant Jésus-Christ.
Avant l’arrivée des Romains, les Étrusques occupaient les lieux. D’ailleurs, il y a quelques vestiges de cette civilisation à Parme.
Parme a été sous la férule des Byzantins, puis sous celle des Lombards.
Au XIIe siècle, elle est une commune libre, mais elle passe rapidement sous la domination milanaise des Visconti, des Sforza et des Farnèse.
En 1545, le pape Paul III, de la famille Farnèse, a créé le duché de Parme et l’a cédé à son fils naturel Pierre-Louis. Durant deux siècles, la ville est demeurée sous la domination des Farnèse.
Puis, les Bourbons se sont amenés au début du XVIIIe siècle,
En 1738, le traité de Vienne rend le duché de Parme aux Habsbourg d'Autriche.
Napoléon a annexé Parme à la République française en 1801. Depuis, on entend souvent dire que Parme est la ville italienne la plus française d’Italie.
Marie-Louise d’Autriche a hérité du duché de Parme en 1817. Après avoir été l’épouse de Napoléon 1er, elle s’est mariée à deux autres reprises. Elle est décédée en 1847.
En 1859, Parme fait son entrée dans le royaume d’Italie.
C’est une ville qui fut bombardée durant la Deuxième Guerre mondiale.
La société Parmalat, spécialisée dans le domaine des produits laitiers, a été fondée dans la région de Parme en 1961. Dans le domaine du lait, elle est la deuxième entreprise au monde après Nestlé.
Il y 84 usines de pâtes dans la région de Parme, celles-ci employant 22,000 personnes.
Barilla est une des entreprises qui fabrique des pâtes alimentaires à Parme. Elle y est installée depuis 1877 et elle se spécialise dans les pâtes aux œufs.
Parme accueille également de nombreux producteurs d’anchois.
La région de Parme n’est pas particulièrement heureuse côté vin, la seule production respectable étant le Lambrusco, un vin pétillant rouge.
Les porcs et les vaches ne vont pas librement dans les champs ici. Ils sont maintenus dans les enclos.
À suivre
De retour en Lombardie pour une visite de la ville fortifiée de Sabbioneta!
Photo ci-dessus : Les remparts de Sabbioneta.
Bibliographie
Atlas en fiches (Italie, régions du nord et du Sud, Mezzogiorno, le Pô et les Apennins), Éditions Atlas, 2008;
Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, régions d’Italie, villes d’Italie et de nombreuses autres pages;
Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;
Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;
Mantoue et ses trésors d’art, Rosella Vantaggi, Casa Editrice Perseus, 127 pages.
Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;
Les Pouilles, civilisation, art et histoire, Edizioni Kina Italia, 96 pages.
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8 novembre 2013
Souvenir de Parme, merci mes amis.
Elisabetta, votre guide.
29 avril 2020
Correge n’était pas un artiste « baroque exubérant », d’ailleurs baroque et exubérant sont deux termes redondant qui exprime a peu près la même chose.
Lassomption de la vierge a été peinte en 1526 , et le style baroque est dans le XVII eme siècle donc Corrège est plutôt un peintre de la Renaissance, du fameux Cinquocento.