Jan/130
Vicence ou plutôt la cité d’Andrea Palladio! (1re partie)
Texte et photos de Céline et Jacques
Voici le 23e d’une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans « l’autre Italie » à l’automne 2012.
Vicence, Vénétie, Italie, vendredi 19 octobre 2012 – Palladio! Palladio! Palladio. Pourquoi diable la ville de Vicence, Vicenza en italien, ne change-t-elle pas de nom! Palladio y est partout, mais vraiment partout! La ville est belle et personne ne serait dépaysé si un jour elle prenait le nom de son plus célèbre citoyen. Et pour nous, sa visite aurait mérité plus de temps, mais programme oblige, du quartier historique nous ne verrons que le teatro olimpico, le palazzo Chiericati, l’église Santa Corona et la piazza dei Signori…, ce qui n’est quand même pas si mal!
Photo ci-dessus : Le premier théâtre intérieur d’Europe, le « Teatro Olimpico » de Vicence, un héritage du grand architecte Andrea Palladio qui en dessina les plans en 1579, sans jamais toutefois voir son œuvre terminée… ce dernier s’étant éteint un an après en avoir dessiné les fameux plans.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
Autre réveil aux aurores ce matin. Nous devons quitter Mantoue et notre hôtel, le Casa Poli, tôt, car une centaine de kilomètres nous séparent de l’endroit de nos prochaines visites… la ville de Vicence et ses villas palladiennes, un fleuron de la Renaissance.
Le réveil se fait entendre à 5 h 55. Après avoir bouclé nos valises et au terme de notre petit déjeuner, nous rejoignons les autres membres du groupe dans le hall d’entrée de l’hôtel à 7 h 45.
C’est nuageux ce matin… et froid! En effet, le mercure éprouve moult difficultés à atteindre les 10 degrés Celsius. C’est très humide et brumeux, un brouillard à couper au couteau.
Notre autocar s’élance sur la route quelques minutes avant 8 heures.
Nous croisons une dernière fois le château San Giorgio, la partie fortifiée du palais ducal de Mantoue, puis nous bifurquons vers le nord, laissant définitivement derrière nous la famille Gonzague! Nous filerons ainsi plein nord jusqu’à Vérone où nous obliquerons à l’est pour finalement atteindre Vicence.
Nous traversons la rivière Mincio, sans vraiment la voir en raison de l’épais brouillard. Puis, nous quittons la Lombardie pour la Vénétie.
Notre accompagnateur de Voyages Lambert, Jean-Marc Lechat, profite du trajet pour nous entretenir de notre destination du jour :
«Notre visite de Vicence nous donnera l’occasion de découvrir l’architecte Andrea Palladio, un artiste originaire de Padoue, dont les œuvres sont omniprésentes à Vicenza, le nom italien de Vicence.
En matinée, nous verrons le teatro olimpico, le palazzo Chiericati, l’église Santa Corona et la piazza dei Signori lors d’une belle promenade dans le quartier historique de la ville.
Puis, en après-midi, nous reprendrons le car pour visiter des villas sur une colline. La villa Capra Valmarana, en forme de rotonde, encore privée aujourd’hui, et la villa-musée Valmarana Al Nani.
Le quartier historique de Vicence est inscrit à la liste du patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO depuis 1994. Les villas palladiennes ont, quant à elles, été inscrites à cette même liste deux années plus tard. »
Dans les champs que nous croisons, nous apercevons des poiriers dont les branches croulent sous le poids des fruits murs.
Nous voilà à la hauteur de Vérone, sur les rives de l’Adige, un fleuve long de 410 kilomètres, pratiquement parallèle au Pô et qui, comme ce dernier, se jette dans la mer Adriatique.
Nous sommes dans les pré-Alpes, tout près du lac de Garde.
« Ici, mentionne notre accompagnateur, c’est une région bénéficiant d’une sorte de micro climat qui favorise la croissance, entre autres, des cyprès, des arbres fruitiers et des vignobles produisant le vin Soave, un vin blanc sec réputé.
Au Moyen-Âge, la famille Scaligeri a dominé la ville de Vérone durant près d’un siècle.»
Jean-Marc, fidèle à ses habitudes, nous distribue des textes de référence relativement aux Lombards, à Andrea Palladio et à Giovanni Bellini.
Puis, il reprend son laïus relativement à Vicence :
« Vicence tire son nom d’un ancien « castrum » romain, en fait un château fort, qui s’appelait « Vicetia », un nom qui avec le temps est devenu Vicenza.
Si Vicence fut romaine, puis lombarde, on y retrouve aujourd’hui beaucoup de vestiges de l’époque où elle a été sous la domination vénitienne.
Au XXIe siècle, la cité, que les Italiens surnomment città del Palladio, compte sur une population d’un peu plus de 115 000 habitants.
C’est surtout une ville bourgeoise. D’ailleurs, déjà à l’époque de la Sérénissime, des aristocrates vénitiens possédaient leur résidence secondaire ici.
Aujourd’hui, Vicenza est une cité opulente. C’est un centre industriel important, la troisième région de l’Italie en terme économique.
La ville offre un grand choix de soieries et de beaux bijoux chez les nombreux orfèvres qui y tiennent commerce. Toutefois, la moitié de la production de bijoux est exportée.
Ici, l’hiver est froid et humide et il y a de la neige, tandis que l’été c’est chaud, mais tout aussi humide.
Parmi les personnalités nées à Vicence, mentionnons le navigateur Antonio Pigafetta, un précurseur du Portugais Fernand de Magellan. »
Le car s’arrête pour faire monter notre guide locale pour Vicence. Elle se prénomme Claudia.
Le teatro olimpico
Après s’être présentée, notre guide nous informe que nous allons nous rendre directement au « Teatro Olimpico », un théâtre qui a été construit entre 1580 et 1584. « À l’époque, nous dit-elle, il s’agissait du premier théâtre couvert au monde! Il a été réalisé selon le modèle des théâtres antiques et il est presque entièrement construit en bois. »
Photo ci-dessus : Notre guide locale à Vicence, Claudia.
« Notre ville, ajoute-t-elle, a été bombardée durant la Deuxième Guerre mondiale, mais heureusement le théâtre a été épargné. »
Nous descendons du car à 9 h 25.
Nous sommes tout juste devant le palazzo Chiericati, un palais érigé par Andrea Palladio pour un propriétaire privé et sa famille. La construction affiche une façade composée de plusieurs colonnes.
Le palais s’ouvre sur une grande place, la piazza Matteotti. « Ce n’est pas habituel qu’un palais privé se retrouve sur une place publique, nous explique notre guide locale, mais les historiens expliquent cette situation par le fait que lors de la construction du palais, Vicenza vivait une période de paix. »
« Aujourd’hui, ajoute-t-elle, le palazzo abrite le musée municipal et une pinacothèque. »
Photo ci-dessus : Le « palazzo Chiericati », une belle réalisation de Palladio, qui affiche une façade à colonnade et une loggia à deux étages.
« En face du palais, nous indique Claudia, il y a le Teatro Olimpico. »
Nous nous y rendons et entrons dans une cour située à l’intérieur de murailles constituées de briques et de pierres.
Photos ci-dessus : La cour intérieure de l’édifice du Teatro Olimpico, avec vue sur la « Torre Resta ».
Photo ci-dessus : Tout juste avant d’entrer dans l’enceinte du « Teatro Olimpico », une plaque, en trois langues, en italien, en anglais et en français, rend hommage à Andrea Palladio.
Nous entrons dans une grande salle décorée de fausses fresques représentant les dieux de l’Olympe!
Puis, notre guide nous demande de nous presser à prendre place dans le théâtre, car un spectacle son et lumière est sur le point de commencer. Assez curieusement, le titre du spectacle est « Fantaisy of Walt Disney ».
Il n’y a qu’un seul autre groupe de touristes avec nous pour le spectacle qui prend son envol à 9 h 35. Il s’agit d’une pièce musicale diffusée sous un feu roulant de lumières illuminant la scène et passant d’une statue à l’autre, le tout durant 20 minutes!
Au terme de la présentation, nous pouvons admirer à loisir ce magnifique théâtre. La scène devant nous est tout à fait superbe. Le mur d’arrière-scène est couvert de colonnes et de niches dans lesquelles prennent place des statues. Tout nous apparaît en marbre, mais nous apprendrons de notre guide qu’il s’agit de stuc poli et patiné pour imiter le marbre. Palladio et Scamozzi ont vraiment réussi à donner l’illusion d’un théâtre antique.
Photos ci-dessus : Le magnifique mur qui ferme la scène du « Teatro Olimpico ».
Et par une grande porte d’arche au milieu de la scène, nous pouvons apercevoir une ville en arrière-plan. Ce décor représente cinq rues de la ville de Thèbes. On dirait de longues rues, mais il s’agit d’une illusion, car en fait l’arrière-scène ne fait que 12 mètres de profondeur.
Photos ci-dessus : Un décor qui semble s’allonger au loin…
C’est Palladio qui a dessiné les plans de l’endroit et qui en a commencé la construction en 1579. Mais, il est décédé en 1580 et c’est un de ses élèves, l’architecte Vincenzo Scamozzi, qui a terminé l’œuvre de son maître.
Photo ci-dessus : Il y a plusieurs bas-reliefs, comme celui-ci, en haut du mur qui ferme la scène. Ils représentent les douze travaux d’Hercule. Vincenzo Scamozzi les a réalisés comme Palladio les avait imaginés.
Entourant les gradins, une colonnade et des statues donnent une réelle illusion d’être en plein air. Surtout avec le plafond qui comporte un ciel peint. « Celui-ci a été réalisé au XXe siècle. » « Autrefois, nous indique notre guide, c’était plutôt un voile flottant dans les airs. »
Photo ci-dessus : Un ciel de crépuscule brille au-dessus du théâtre.
« Toutes les statues sont en plâtre, avoue notre guide, et ce choix a été fait dans le but d’augmenter la qualité de l’acoustique. »
Photo ci-dessus : Notre groupe découvrant le superbe théâtre pendant que notre guide, Claudia, nous en trace les points d’intérêt.
Photo ci-dessus : Lors de sa construction, le théâtre pouvait accueillir quelque 800 spectateurs. Aujourd’hui, il n’y a plus que 400 places.
« Le premier spectacle a été présenté ici le 3 mars 1585 », poursuit Claudia. « Il s’agissait de la pièce « Œdipe, roi de Sophocle ». La première réplique a été entendue à 23 h 30, alors que le mot de la fin a été prononcé à 5 heures 30 le lendemain matin… Un spectacle présenté sans aucune interruption, il va sans dire. »
« Lorsque des spectacles sont présentés en ces lieux de nos jours, nous fait remarquer notre guide, des coussins sont utilisés dans les gradins, car ceux-ci sont en bois. »
« Finalement, nous précise-t-elle, le théâtre a été rénové au XVIIIe siècle. »
Le palazzo Chiericati
Nous sortons du théâtre à 10 h 40 et nous retraversons la rue pour nous rendre au palais Chiericati.
Photo ci-dessus : Le palais a été conçu en 1550 par l'architecte Andrea Palladio pour le comte Girolamo Chiericati.
Photos ci-dessus : La façade et la frise de la toiture du palais Chiericati affiche une série de sculptures.
Il y a une exposition temporaire. Nous y entrons.
La première salle, nommée « la salle des Cieux », la Sala dal Firmamento, offre un magnifique plafond. En pointant l’endroit du doigt, notre guide nous mentionne que la date d’anniversaire du propriétaire des lieux est inscrite au centre du plafond.
Photo ci-dessus : Le plafond de la salle des cieux du palais Chiericati.
Le plafond de la salle des Cieux arbore également une magnifique fresque réalisée par Giulio Carpione. Celle-ci symbolise la course du soleil dans les cieux.
Photo ci-dessus : C’est assez curieux comme impression que de regarder au plafond un «char» qui vole dans le ciel…, et ce, parce que nous nous trouvons en dessous du char!
Il y a également une immense toile de « La madone aux trois couronnes ». « La ville de Vicenza, que nous voyons sous la madone, a été ajoutée après coup », affirme notre guide Claudia.
Photo ci-dessus : La madone des trois couronnes et la ville de Vicence au bas de la toile.
Nous entrons dans une autre salle au plafond remarquable. C’est ici que commence l’exposition temporaire. Il s’agit d’une exposition de portraits de famille.
La troisième salle que nous voyons est plus petite, elle servait de salon. Il y a une voûte à tonneau en bois.
Nous descendons un escalier de pierre en colimaçon.
Dans la pièce où nous arrivons, il y a des portraits de la famille Valmarana, dont les membres portent de beaux habits. C’est cette famille qui a fait construire les villas que nous verrons en après-midi.
Photo ci-dessus : La famille Valmarana.
Photo ci-dessus : Curieusement, au sol il y a de petits murets de pierre, çà et là.
Nous remontons par un autre escalier et sortons à 11 h 15.
Nous amorçons une promenade qui nous mènera sur la piazza dei Signori.
À suivre…
Pour lire la suite, cliquez sur le lien suivant : Vicence ou plutôt la cité d’Andrea Palladio! (2e partie)
Aucun trackbacks pour l'instant