Oct/150
Le château de Heidelberg… et surtout ses impressionnantes ruines !
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 15e d’une longue série de reportages relatifs à un fascinant voyage en Allemagne que nous avons réalisé avec Voyages Lambert à l’automne 2015!
Heidelberg, Bade-Wurtemberg, Allemagne, lundi 12 octobre 2015 – Hier, lorsque du chemin des philosophes nous avons admiré le château de Heidelberg dans la montagne de l’autre côté de la rivière Neckar, nous l’avons imaginé comme une immense et magnifique forteresse où de grandes salles meublées comme au Moyen-âge n’attendaient que notre visite!
Erreur, il n’en est rien. Le château de Heidelberg est aux deux tiers en ruine… mais de somptueuses ruines où chacune des pierres ont leur histoire à raconter !
Photo ci-dessus : Le mur de façade de l’aile Othon-Henri du château de Heidelberg est très impressionnant ! Cette partie de la demeure fortifiée bâtie à compter de 1556 présente une combinaison de styles gothique et renaissance !
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
Après un bon petit-déjeuner à l’hôtel, nous rejoignons notre groupe de voyageurs dans le hall d'entrée un peu avant 8 h 30.
À la suite de notre accompagnatrice de Voyages Lambert, Krystyna Wozniak, nous marchons, avec notre bagage à main, jusqu’au stationnement public, là où Gabor, notre chauffeur, a garé son véhicule pour la nuit. Déjà nos « grosses » valises y ont été transportées. Nous grimpons dans l’autocar qui nous amènera au château de Heidelberg, le Heidelberger Schloss en allemand, pour notre première visite de la journée.
Notre guide locale à Heidelberg, Jutta, nous attendait au stationnement et elle fait le trajet en car jusqu’au château avec nous.
Photo ci-dessus : Jutta, notre guide locale à Heidelberg.
Après nous avoir souhaité la bienvenue, Jutta nous indique que la ville de Heidelberg compte aujourd’hui sur une population de 150,000 personnes, et ce, même si quelque 25,000 Américains qui étaient cantonnés ici ont quitté la ville définitivement il y a deux ans !
« C’est en 1945, au terme de la Deuxième Guerre mondiale, que les Américains avaient installé leur quartier général chez nous. En quittant Heidelberg, ils ont tout laissé derrière eux, maisons, école, église, etc. »
« Étant en pleine crise des migrants actuellement en Europe, les installations américaines vont pouvoir être réutilisées. Déjà 7,000 d'entre eux sont arrivés à Heidelberg depuis peu et nous en attendons 10,000 autres très bientôt. Le gouvernement de madame Merkel a décidé qu’ils seront logés dans les locaux laissés vacants par le départ des troupes américaines. »
Et notre guide ajoute que c’est une situation particulièrement ironique : « Ce sont les interventions américaines au Proche-Orient qui ont chassé les Syriens de Syrie… et ces derniers se retrouvent ici dans leurs installations ! »
Au cours de notre trajet en car en direction du château, Jutta nous indique que l’église Saint-Pierre est la plus ancienne église de Heidelberg. « Elle date du XIVe siècle et avait été construite hors du mur d’enceinte », précise-t-elle.
« La bibliothèque universitaire, poursuit-elle, est de style art nouveau. »
Probablement, que nous venons de croiser ces deux bâtiments, mais nous n’avons aucune indication pour les repérer !
« D’ailleurs, continue-t-elle, l’Université de Heidelberg est la troisième plus vieille institution universitaire germanophone à avoir vu le jour en Europe. Elle a été fondée en 1386 après les universités de Prague en 1346 et de Vienne en 1365. »
« L’institution universitaire est le plus gros employeur de Heidelberg... avec quelque 13,000 employés. »
Les maisons que nous croisons sur la route lors de notre ascension ont une architecture de petits manoirs. « Ces maisons ont été construites au XIXe siècle », plaide Jutta. « Ce quartier se nomme « Schlossberg » (schloss en allemand signifie château) et il est le plus noble de la ville, c’est là où le prix des maisons est le plus cher de la cité. »
Photo ci-dessus : Une des « petites » maisons que nous croisons lors de notre ascension vers le château d’Heidelberg.
Nous descendons du car à 9 h 00 précises. Il fait soleil, mais c’est froid.
Photo ci-dessus : D’où nous sommes, nous dominons la ville de Heidelberg… apercevant le Vieux pont au loin sur la rivière Neckar.
À notre grande surprise, nous nous trouvons devant des ruines. « Les deux tiers du château, que certains chez nous qualifient d’Alhambra d’Allemagne, sont en ruine », lance Jutta!
Mais, avouons-le, les ruines sont impressionnantes.
Photo ci-dessus : Dans les ruines du château d’Heidelberg, de magnifiques jardins ont été aménagés.
« Le château s'élève sur un des versants du Königstuhl, à 70 mètres au-dessus de la rivière Neckar. Il s’agit des plus célèbres ruines de château d'Allemagne. »
« La construction de ce château a commencé à la fin du XIIIe siècle, puis les princes-électeurs Robert ler, Robert III, Otton-Henri, Frédéric IV et Frédéric V ont tous, tour à tour, œuvré à l’embellir…, et ce, durant plus de trois cent ans. »
« Le château a été détruit en grande partie par les troupes françaises en 1689 et en 1693, et ce, au cours de la guerre de la Ligue d'Augsbourg… et il ne fut jamais complètement reconstruit, les princes-électeurs préférant alors leur résidence de Mannheim. »
Nous voyons une grande bâtisse ovale en pierre, il s’agit d’une ancienne tour. Elle est décorée de deux superbes sculptures !
Photos ci-dessus : Deux sculptures de pierre, prenant place dans des niches, entourent une plaque commémorative installée sur le mur sud de la « Dicker Turm », la grosse tour. La statue de gauche représente Ludwig V, Louis V en français, qui fut prince-électeur de 1508 à 1544. L’autre montre Friedrich V, (Frédéric V) qui lui était membre du collège électoral de l’Empereur de 1610 à 1623.
Voyant l’immensité des ruines, il est facile d’imaginer toutes les splendeurs du château alors qu’il était encore la résidence des princes-électeurs. Il devait être très impressionnant !
Photos ci-dessus : Un mur encore debout… et au bas des escaliers menant à une entrée !
Photo ci-dessus : Un autre mur, celui-là dont les fondations sont bien ancrées… dans les douves !
Photo ci-dessus : Une tour… éventrée !
Photos ci-dessus : Nous voilà devant la « Tour rompue », « Gesprengter Turm » en allemand. Elle est nommée ainsi parce qu'elle a été carrément brisée en deux morceaux, résultat probable de l’œuvre des sapeurs de l'armée de Louis XIV qui ont posé des charges explosives en des endroits bien choisis de la tour avant de faire exploser le tout.
Il y a de nombreux bâtiments, mais seulement quelques-uns ont été restaurés, et encore que partiellement. Il reste beaucoup à faire pour redonner au château sa splendeur passée.
Nous passons devant une grande arche sculptée. « Il s’agit de la « Porte d’Élisabeth », Elisabethentor en allemand », nous signale Jutta. « Cette entrée monumentale représente bien l’amour que vouait le prince Frédéric V à son épouse Élisabeth Stuart. « Il fit ériger cette porte en une nuit… pour lui faire une surprise ! »
Photo ci-dessus : La porte d’Élisabeth affiche quatre colonnes magnifiquement travaillées.
Nous entrons dans le grand jardin du château.
Photo ci-dessus : Un autre mur qui affiche de belles sculptures en très bon état de conservation.
Le palais de Frédéric IV
Puis, nous arrivons dans la cour intérieure du château, face à l’ancien palais de Frédéric IV qui est de style Renaissance!
Photo ci-dessus : La façade du palais de Frédéric IV est décorée de seize statues.
Photos ci-dessus : Voici les gros plans de deux des seize statues décorant la façade du château de Frédéric IV.
Photo ci-dessus : Sur la façade du château de Frédéric IV prend place un cadran solaire. « Les lignes horaires, nous explique notre guide, sont tracées de 6 heures du matin à 3 heures de l'après-midi et numérotées en chiffres romains. Les arcs de cercle qui croisent les lignes horaires sont les arcs diurnes. Ils représentent le tracé que suit l'ombre pour certaines dates figurées par les signes du zodiaque.
La salle des tonneaux
Nous entrons dans le château et descendons dans la cave à vin où il y a un « petit » tonneau de 45 000 litres, datant du XVIIe siècle !
Photo ci-dessus : « Petit tonneau » pouvant contenir 45,000 litres de vin !
Évidemment, si on nous présente un « petit tonneau », c’est parce qu’il y en a un autre, énorme celui-ci !
Photo ci-dessus : Voici le « Grand tonneau », haut de dix mètres par huit de long et sept de large ! Sur le dessus de celui-ci, un plancher de danse a été aménagé, nous y grimperons !
« Il a été réalisé sous le règne du prince-électeur Karl Theodor de Bavière, celui qui a fait construire le Vieux pont. Pour sa construction, 130 troncs de chênes ont été utilisés! Il pouvait contenir 222,000 litres et il date du XVIIIe », affirme notre guide.
« Karl Theodor l’a fait remplir trois fois durant le temps où il a vécu ici ! Aujourd’hui, il joue un rôle essentiellement touristique en étant le plus gros tonneau au monde. »
En face des tonneaux, contre la muraille, se trouve une statue de bois représentant un petit homme grotesque.
Photo ci-dessus : La statue de Perkéo, le bouffon de la cour !
«Il s’agit du célèbre Perkéo, bouffon de la Cour », lance notre guide. « Une légende prétend qu'il buvait 18 litres de vin par jour, ne laissant qu’une consommation journalière de 2,27 litres à ses maîtres. »
« L’horloge, auprès de cette statue, aurait été construite par le bouffon lui-même, ajoute-t-elle. »
Photo ci-dessus : Notre guide Jutta tire sur l’anneau suspendu au-dessous de l’horloge, le cadran se lève, et une queue-de-renard sort pour caresser son visage, tandis que retentit une sonnerie.
Le palais Othon-Henri
Nous sortons et revenons dans la cour du château. Après avoir fait quelques pas de côté, nous nous retrouvons devant une façade superbe flanquée de deux tourelles, c’est celle de l'aile Othon-Henri du palace.
Photo ci-dessus : La façade du palais Othon-Henri, Ottheinrich en allemand, bâti à partir de 1556, représente une combinaison de styles gothique et renaissance, elle est splendide.
Musée de la pharmacie
Assez curieusement, nous entrons dans un petit musée… traitant de pharmacie ! Nous ne voyons pas de relation entre la pharmacie et les princes-électeurs, mais le musée est très intéressant, retraçant quatre siècles d’histoire… de la profession de pharmacien !
Notre guide nous indique que la Société de pharmacie allemande a profité de locaux libres ici et de l’afflux de touristes pour créer dans l'un des bâtiments du château un musée entièrement consacré à la pharmacie, le Deutsche-Apotheken-Museum.
Il y a plusieurs pots en verres avec des étiquettes sur des étagères et sur de magnifiques comptoirs d'apothicaire.
Photos ci-dessus : Des étagères aux produits rangés avec le plus grand soin !
Photo ci-dessus : Une balance… ou une œuvre d’art !
Photo ci-dessus : Dans un laboratoire, au sous-sol, nous pouvons voir quelques « machines » utilisées en officine : alambic, presse pour la préparation de pommades, machine à remplir les tubes de crème, ainsi que de nombreux articles de verrerie. Un attirail vraiment impressionnant!
Photos ci-dessus : Des aires de rangements exceptionnels!
Photo ci-dessus : Il y a d'anciens flacons d’aspirine… vous savez ceux arborant « la croix Bayer » !
Il y a aussi une section d’herbes médicinales, la reconstitution d’une officine de 1812, etc.
Nous sortons, il est 10 h 30, et nous revenons vers le car.
Méli-Mélo
Voici quelques chiffres intéressants sur l’Allemagne :
On y trouve 300 variétés de pain et 1,349 brasseries qu’elles soient artisanales ou industrielles !
Ici, la qualité de la bière est affaire d’État ! En 1516, une ordonnance a été émise par le gouvernement relativement à la « pureté de la bière » produite au pays !
Il y a 102,071 hectares de vignobles… et 13 régions viticoles !
On dénombre pas moins de 2,000 sociétés de promotion de costumes traditionnels et 10,000 foires et marchés artisanaux !
En 2014, l’Oktoberfest, la fête de la bière, a attiré 6,300,000 visiteurs !
Le pays offre quelque 150 routes touristiques à thèmes, dont la route des châteaux, la route des Alpes, la route romantique, la route des horloges, etc.
À suivre…
Le centre historique de Heildelberg et l’église Saint-Esprit.
Photo ci-dessus : L’église de style gothique Saint-Esprit, « Heilliggeistkirche », existait déjà en 1239. Elle est située sur la place du Marché. On peut y admirer le tombeau de l'empereur Ruprecht.
Textes précédents :
Vous pouvez lire les textes précédents de nos reportages sur l'Allemagne en cliquant sur les liens ci-dessous ou en accédant directement à l'onglet "Allemagne" de la rubrique « Voyages » de la barre de menu.
Notre voyage en Allemagne : Trajet proposé par "Voyages Lambert"
1er texte : Willkommen in Köln… Bienvenue à Cologne, sur les berges du Rhin!
2e texte : Cologne: sa cathédrale, ses berges sur le Rhin et ses belles maisons !
3e texte : À Aix-la-Chapelle… sur les traces de Charlemagne!
4e texte : La cathédrale d’Aix-la-Chapelle ou Charlemagne en pièces détachées!
5e texte : La Porta Nigra et le Haupmarkt, la place du Marché!
6e texte : L’imposante cathédrale de Trèves et son cloître!
7e texte : Trèves : l’ancien palais du prince-électeur… et la basilique romaine de Constantin!
8e texte : Trèves, métropole romaine... dont le cœur bat toujours… au Musée de Rhénanie!
9e texte : Bernkastel-Kues… ville aux bellissimes maisons médiévales à colombages !
10e texte : Cochem : fontaines, église aux magnifiques vitraux, une mosaïque, etc.!
11e texte : Coblence… de passage seulement et c’est dommage !
12e texte : De Coblence à Bacharach… au fil du Rhin romantique!
13e texte : Bacharach sublime découverte d'une ville...
14e texte : Heidelberg : le Vieux pont et le Chemin des philosophes… pour commencer !
Bibliographie
Aachen, Aix-la-Chapelle, guide de la ville et de la cathédrale,, Édition Michael Imhof Verlag, 2011, 31 pages;
Allemagne, Guide Vert, Michelin guides touristiques, 2015, 690 pages;
Allemagne, faits et réalités,, Societäts Verlag, 2010, 192 pages;
Allemagne, des villes vivantes, Office national allemand du tourisme, 2010, 198 pages;
Atlas en fiches,, Éditions Atlas, 2008;
Cartoville - Berlin, Guides Gallimard, 12e édition ;
Encyclopédie libre Wikipédia Allemagne, Cologne, Aix-la-Chapelle, Trèves et plusieurs autres pages;
LonelyPlanet - Berlin , Publication LonelyPlanet, 2013, 352 pages;
Patrimoine mondial de l'UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages;
Trèves, à la découverte de la plus vieille ville d’Allemagne,, Rahmel-Verlag, 48 pages.
Aucun trackbacks pour l'instant
6 novembre 2016
C’est très intéressant et réjouissant, merci.
4 avril 2021
Fin des années 60 j’ai visité Heidelberg en compagnie de ma future épouse.
Une soirée d’été au bord du Neckar m’a procuré un plaisir indescriptible. Aujourd’hui
j’ai choisis une vue de cette ville comme fond d’écran. Au passage je salue mon ami Dieter Bohner de Offenbourg.