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Częstochowa : la Vierge noire du sanctuaire de Jasna Góra! (deuxième partie)
Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 32e d’une longue série de reportages relatifs à un fascinant voyage que nous avons réalisé en Pologne à la fin de l’été 2016!
Częstochowa, Pologne, mardi 6 septembre 2016 – Après notre visite à la résidence des Piast à Brzeg, puis notre court arrêt à Opole pour admirer quelques sculptures dans un parc situé sur la colline de l’université, nous reprenons la route et filons en direction du sanctuaire de Notre-Dame de Jasna Góra situé à Częstochowa.
L’endroit est fabuleux et notre guide local, Andrzej, nous fera découvrir les plus beaux trésors du sanctuaire, tant la Vierge noire, la basilique magnifiquement décorée, son trésor, qu'un très inhabituel chemin de croix!
Photo ci-dessus : Une des magnifiques stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz, la 12e, celle de « L’agonie du Christ ».
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.
Photo ci-dessus : Saint Paul l’Ermite en conversation avec un autre moine.
Les Paulins
« Les moines qui habitent les lieux, nous signale notre guide, se nomment des Paulins, et ce, en l’honneur de Saint Paul l’Ermite (que l’on voit en robe verte ci-dessus). Il a vécu jusqu’à 90 ans. »
« L’ordre a été fondé en 634. Les religieux sont arrivés en Pologne provenant de Hongrie sur l’invitation du roi Louis d’Anjou. Ils étaient 16 moines et le roi leur a donné la colline de Jasna Góra où ils se sont installés. »
« En 2005, l’ordre comptait soixante-dix monastères et cinq cent neuf religieux, partagés en pères et en frères. Ici, l’ordre des Paulins compte quelque 100 membres actuellement. »
« La maison-mère de la congrégation des moines Paulins est située juste à côté de la basilique. »
Photos ci-dessus : Il y a plusieurs très jolies chapelles.
Photos ci-dessus : Et voici les plafonds.
Photo ci-dessus : Une toile de l’icône miraculeuse.
Photo ci-dessus : Un autre orgue.
Photo ci-dessus : Une autre belle statue.
Photo ci-dessus : Une des chapelles de la basilique.
Notre guide mentionne qu’il y a beaucoup de groupes qui visitent le sanctuaire. « Il y a des groupes de malades, des groupes sociaux, comme des enfants après leur première communion, des étudiants amorçant leurs études au bac, des communautés religieuses, des ordres professionnels, des ouvriers, des mineurs, des chauffeurs de taxi, etc. ».
« La moitié des étudiants à l’université (150 000 sur 300 000) viennent prier pour obtenir du succès dans leurs études. »
« Les pèlerins marchent de partout au pays pour venir ici de mai à la fin août… Il s’agit d’une tradition qui date du XVIIe siècle. »
« Cette année, 150 000 personnes sont venues à pied de Cracovie, une ville site à 130 km d’ici. Ils ont mis six jours pour arriver. »
« D’autres ont pris 9 jours… ils arrivaient de Varsovie. »
Photos ci-dessus : Un autre autel superbement décoré.
La salle des chevaliers
Nous montons à l’étage, où se trouve la salle des chevaliers, datant de 1637.
Il y a des drapeaux étendards et des tapisseries, dont quelques-unes qui représentent le pape Jean-Paul II.
Photo ci-dessus : Des tapisseries à l’image du pape Jean-Paul II.
« Quand le pape François est venu ici en juillet dernier, il a laissé le calice et le chapelet qu’il a utilisés, ainsi que le texte de sa prière… en polonais. Ce texte, il l’a signé du nom de “Le pêcheur François.” »
Dans une vitrine sont exposés les habits qu’il portait lors de la messe.
Photo ci-dessus : Il y a une belle œuvre au nom de Solidarność.
Un chemin de croix bien particulier
Nous passons dans une autre salle. Nous entendons les fidèles qui chantent dans la basilique.
Nous sommes dans une salle qui présente un chemin de croix… mais un chemin de croix bien différent de ceux que nous sommes habitués de voir.
L’œuvre est du peintre polonais Jerzy Duda-Gracz (1941-2004), un artiste né ici même à Częstochowa.
Il a créé une série de 18 grands tableaux représentant les 14 stations du chemin de croix et de la résurrection du Christ… plaçant le tout dans la Pologne du XXe siècle!
Son œuvre, très critiquée par les autorités religieuses, a été dévoilée dans la chapelle de la Vierge le 8 septembre 2001.
« L’idée de l’œuvre intitulée Golgota Jasnogórska mûrissait dans l’esprit de Jerzy Duda-Gracz depuis de nombreuses années », peut-on lire sur Internet. « Il avait commencé ses travaux dès les années 1999 et 2000. Après l’approbation par le monastère des premières esquisses, l’artiste s’est mis au travail et il a terminé son œuvre en mars 2001! »
Les dessins sont impressionnants en raison justement de cet arrière-plan qui place la « Passion du Christ » dans un environnement contemporain.
« Les personnages que l’on aperçoit en arrière-plan des toiles sont des individus et des groupes de personnes facilement reconnaissables », d’annoncer notre guide qui va décrire abondamment chacune des toiles.
Photo ci-dessus : Les première et deuxième stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Jésus est devant Pilate » et « Jésus est chargé de sa croix ».
Dans la scène devant Pilate, ce dernier est incarné par un juge. La foule des pharisiens est symbolisée par les perches et les lumières des journalistes.
Dans la deuxième scène, Jésus soulève sa croix et amorce son parcours suivi de malades, de handicapés, de vétérans de guerre, de vieillards brandissant leur propre croix, représentés par leurs béquilles.
Photo ci-dessus : Les troisième et quatrième stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Jésus tombe pour la première fois » et « Jésus rencontre sa très sainte mère ».
Les évêques et les anges souffrent de voir le Christ trébucher… sans pour autant intervenir.
Dans la scène où Jésus rencontre sa très sainte mère, celle-ci est personnifiée par toutes les Saintes Vierges du monde avec en tête de cortège la Vierge noire de Jasna Góra. Parallèlement de nombreuses mères observent le Christ, tandis que d’autres pleurent un enfant enterré.
Photo ci-dessus : Les cinquième et sixième stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix » et « Une femme pieuse, Véronique, essuie la face de Jésus ».
L’artiste lui-même s’est mis en scènes, comme le faisaient les peintres anciens. Duda-Gracz se présente sous les traits de Simon de Cyrène, qui sur les ordres des soldats romains a aidé le Christ à porter la croix. La bouteille de vodka à ses pieds symbolise l’alcoolisme de l’artiste.
Sur l’autre tableau, Véronique, qui apparaît sous les traits de Mère Térésa, essuie le visage de Jésus.
Photo ci-dessus : Les septième et huitième stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Jésus tombe pour la deuxième fois » et « Jésus rencontre les femmes de Jérusalem ».
Un crucifix voilé et des rameaux fleuris, comme c’est la tradition en Pologne, indiquent que nous sommes le dimanche des Rameaux. Les gens sont affairés et oublient le véritable sens de la fête. Seul un chien se soucie du sort du Christ.
L’autre scène montre le Christ qui semble dire aux femmes devant lui de se tourner vers les confessionnaux qui sont derrière elles. « Ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et vos enfants. »
Photo ci-dessus : La 9e station du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Jésus tombe pour la troisième fois ».
Tombant pour la troisième fois, le Christ offre ses souffrances à tous les enfants martyrs de la Pologne : les nourrissons avortés, les enfants cancéreux, les enfants soldats de l'insurrection de Varsovie, les mineures prostituées, les enfants miséreux.
Photo ci-dessus : La 10e station du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Jésus dépouillé de ses vêtements ».
Le Seigneur est accompagné dans ses derniers mètres par une procession de jeunes communiants.
Photo ci-dessus : La 11e station du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Jésus est cloué sur la croix ».
Ici point de bourreaux, seuls sont présentes des victimes polonaises, prisonniers, résistants. On distingue le portrait de Jersy Popielusko, victime du communisme, et la présence de Maximilien Kolbe, victime du camp d’Auschwitz.
Photo ci-dessus : La 12e station du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « L’agonie du Christ ».
Tous les saints, martyrs et innocents de Pologne s’associent au Christ, tandis que la Vierge, personnifiée par l’icône, est au pied de la croix.
Photo ci-dessus : Les 13e et 14e stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz. « Jésus déposé de la Croix » et « Jésus mis au tombeau ».
Le « Christ polonais » est déposé de la croix, sa mère à travers l’icône de Jasna Góra le soulève. Morts, eux aussi, d’anciens soldats polonais des campagnes napoléonniennes, du soulèvement de Varsovie errent autour. À genoux, à droite, un officier polonais, les mains liées, symbolise le massacre de Katyn.
Puis, dans l’autre toile, le Christ est étendu à côté d’un amoncellement de croix ou de livres.
Photo ci-dessus : Les 15e et 16e stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « La Résurretion » et « Saint Thomas ».
Par la présence de la foule au second plan, l’artiste veut signifier que le Christ est présent en chaque homme, tandis que dans l’autre tableau Saint Thomas, incarné par un chirurgien, regarde la plaie… avec en arrière plan, la tour de Babel!
Photo ci-dessus : Les 17e et 18e stations du chemin de croix de Jerzy Duda-Gracz : « Allez porter ma parole » et « L’Ascension ».
Wow!
P.S. - Prenez note que les explications de chacune des stations du chemin de croix mentionnées ci-dessus proviennent soit de notre guide, soit de propos d'Arthur Herlin publiés sur le site Internet : "En images. L’extraordinaire chemin de croix de Czestochowa."
Photos ci-dessus : La salle du chemin de croix affiche également de beaux vitraux et cette magnifique toile.
Le Musée du monastère et son trésor
Nous descendons et sortons de la basilique pour entrer dans le musée.
Il y a des chapelets d’ambre, des copies de documents de la fondation du monastère et de nombreux livres anciens.
Dans une grande vitrine sont exposées les robes de l’icône… toutes décorées de pierres précieuses, de corail, de perles et d’ambre.
« Toutes les robes ont été confectionnées pour des événements spéciaux », lance notre guide.
« C’est durant la semaine sainte que la robe de la Vierge noire est changée. »
Dans une autre vitrine, nous voyons des dons magnifiques faits par des fidèles qui ont été guéris.
Il y a une croix en métal provenant des pompiers ayant œuvré au World Trade Center le 11 septembre 2001.
Nous sortons.
Andrzej mentionne que c’est une journée tranquille aujourd’hui, car il n’y a pas de groupe d’écoliers.
Nous nous rendons à la salle du trésor. Nous nous retrouvons sur les anciens remparts du monastère.
Nous voyons l’endroit où le pape François a célébré la messe.
Photo ci-dessus : C’est ici que le pape François a célébré la messe!
Nous entrons dans la salle du trésor qui est située en haut de la sacristie.
« Le trésor est constitué de dons, des bijoux, des plaques votives, des ostensoirs, des calices en argent, des pierres précieuses, des dons provenant de princes », souligne notre guide.
Il y a des chasubles du XVIIe siècle, d’autres du XVIIIe siècle, des objets en porcelaine de Meißen.
« Aujourd’hui encore, les responsables des lieux reçoivent des dons suite à des décès. »
Nous terminons la visite à 16 h 40.
Notre accompagnatrice, Krystyna remercie chaleureusement notre guide. Nous l’applaudissons, car nous avons eu droit à une visite très intéressante.
En route pour Katowice
Nous nous dirigeons vers l’autocar alors qu’il fait soleil et de plus en plus chaud. Nous quittons les lieux une vingtaine de minutes plus tard.
Nous filons sur la route 1.
Après une heure de trajet, il nous reste encore 53 km à franchir… et il y a congestion sur l’autoroute en raison d’un accident impliquant un énorme camion.
Pour nous faire patienter, Krystyna nous sert un petit verre d’un alcool titrant 16 %… « C’est du miel à boire », nous précise-t-elle.
« Le miel en boisson existe depuis le Moyen-Age, mais depuis 2008 on lui accole une garantie spéciale polonaise, comme une appellation contrôlée. »
« Dans le pays des Piast, nous dit-elle, comme il manquait de vin, on a alors confectionné cet alcool… considéré à l’époque comme boisson de luxe. »
Nous descendons du car à l’Hôtel Katowice Centrum à 18 h 50.
Nous avons la chambre 609, qui est petite. Il n’y a pas de bain ni de coffret de sûreté, évidemment Céline est déçue.
Photos ci-dessus : Notre chambre à l’Hôtel Katowice Centrum de Katowice.
On nous livre nos valises à 19 h 30… Nous descendons pour le souper sans nous être changés.
Krystyna nous précise que demain nous devons partir tôt, à 7 h 15, car notre visite à Auschwitz commence à 8 h 30.
Le souper est agréable. Si le potage n’était pas très bon, le poulet farci aux champignons, servi avec des tagliatelles, était excellent… tout comme le dessert, un gâteau aux pommes accompagné d’un sorbet à la menthe.
À suivre…
Le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich : Auschwitz.
Photo ci-dessus : Une image troublante D' Auschwitz-Birkenau.
Bibliographie
Atlas en fiches, Pologne, Gdańsk, Vistule, Économie de la Pologne, etc., Éditions Atlas, 2008;
Encyclopédie libre Wikipédia Pologne, Gdańsk, Malbork, Oliwa, Sopot, Toruń, Vistule et plusieurs autres pages;
Château de Malbork, Éditions VIA s.c., 2015, 32 pages;
Découvrir Gdańsk, Département de la promotion de la ville de Gdańsk, 2015, 36 pages;
Gdansk, La Voie Royale, Département de la promotion de la ville de Gdańsk, 2015, 18 pages;
Les incontournables des Gdańsk, Département de la promotion de la ville de Gdańsk, 2015, 36 pages;
C’est à Gdańsk que tout a commencé, Département de la promotion de la ville de Gdańsk, 2016, 28 pages;
Jerzy Duda-Gracz — Golgota Jasnogórska , Paulinianum, 32 pages;
Guide de conversation polonais, Édition Lonely Planet, 2016, 252 pages;
Le Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages;
Petit futé - Pologne, Petit Futé, 2015, 480 pages.
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