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Pierre Bonnard au nord de l’Amérique
Revue de presse
Simon Lambert, Le Devoir, le 6 octobre 2016
À côté des noms d’Henri Matisse et de Claude Monet, celui de Pierre Bonnard éveille un moins grand nombre d’images. Largement exposé aux États-Unis et en Europe, ce maître de l’art moderne reste ici peu connu. Un vide que cherche à combler le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) avec l’exposition Pierre Bonnard – La couleur radieuse.
« C’est un as de la lumière, Bonnard », s’exprime spontanément Jacqueline Munck, la commissaire responsable de la nouvelle exposition du MNBAQ. Ce peintre postimpressionniste, qui a inspiré les Mark Rothko et Peter Doig ainsi que, plus près de nous, des noms comme Fernand Leduc, reste assez méconnu du public québécois.
Au sud de la frontière, il est pourtant largement exposé. « Il est plus connu aux États-Unis, tout simplement parce que d’importantes collections, parmi les plus grands collectionneurs américains, ont acquis ses oeuvres. Et, à travers les expositions, on se rend compte qu’il a eu un très grand succès. »
Photo ci-dessus : Pierre Bonnard, «Pont du Carrousel», 1903, huile sur toile, Los Angeles County Museum of Art, don de M. et Mme Sidney F. Brody (Photo : MNBAQ)
En 1948, un an après sa mort, le MoMA de New York présentait déjà une rétrospective de son oeuvre. Plus récemment, en 2009, le Metropolitan Museum of Art consacrait une exposition au travail tardif de ce peintre reconnu pour l’originalité de ses compositions éclatantes et ses lumières d’une grande intensité. Un travail du média que Jacqueline Munck résume en un mot : « La surface. La surface vivante. C’était d’ailleurs le programme initial de sa peinture. Bonnard disait : « Il ne faut pas peindre la vie ; il faut rendre vivante la peinture ». »
Un « appel à la découverte »
Pierre Bonnard, qui a marqué la première moitié du XXe siècle, a eu une audience« tout à fait internationale », reprend Jacqueline Munck. « Et, dans les années 30, il était l’un des très grands indépendants. En France, on parlait évidemment de Picasso, mais on parlait de Matisse, de Bonnard, de Rouault. C’étaient des acteurs extrêmement importants de l’entre-deux-guerres. »
Pour la directrice et conservatrice en chef du MNBAQ, Line Ouellet, cette première exposition du peintre au Canada est un vieux rêve qui se concrétise. Celle qui, au contact de ses tableaux, s’est trouvée « envahie par la couleur de Bonnard » évoque un travail colossal : 33 prêteurs répartis dans huit pays.
C’est le pavillon Pierre-Lassonde, inauguré en juin dernier, qui accueille cette exclusivité nord-américaine, qu’elle espère être un « appel à la découverte » de ce peintre, qui s’est d’abord inscrit dans le sillage de Gauguin, pour en venir tranquillement à une signature personnelle. « On peut dire que dans les années 20 — il a alors plus de 40 ans — là, il va absolument éclater dans son style propre, reprend Jacqueline Munck. Un style qui n’a rien à voir ni avec celui de Matisse, ni avec celui de gens qu’il connaît. »
C’est cette période de maturité que présente Pierre Bonnard – La couleur radieuse, une première exposition d’oeuvres historiques dans le nouveau bâtiment du MNBAQ. Et une façon de pallier une lacune.
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
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