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Un détour qui devient une évolution pour Jesen Therrien
Revue de presse
Éric Leblanc, RDS.CA, jeudi 22 novembre 2018
MONTRÉAL – Pendant que la neige recouvre le Québec de manière hâtive, Jesen Therrien pense à tout sauf aux sports d’hiver. À vrai dire, une seule pensée occupe son esprit et c’est celle de finalement remonter sur le monticule.
L’adrénaline ne cesse de grimper en lui. Le point culminant surviendra en février lors de l’ouverture du camp d’entraînement des Dodgers de Los Angeles, sa nouvelle organisation. La motivation est déjà énorme quand on doit entamer un nouveau chapitre, mais elle est décuplée à son retour d’une opération Tommy John – subie en septembre 2017 – qui l’a relégué sur la touche pendant plus d’un an.
« C’est sûr que je suis bien excité, j’ai hâte d’arriver au camp d’entraînement avec les Dodgers pour démontrer à quel point j’ai évolué comme athlète durant l’année que je viens de passer à m’entraîner vraiment fort même si je n’étais pas sur le terrain », a confié Therrien, avec enthousiasme, dans le cadre de l’ouverture officielle de Grand Chelem, le premier centre de balle (baseball et softball) à Montréal.
Photo ci-dessus : Jesen Therrien (Source d'image:Facebook)
Heureusement pour lui, Therrien aura franchi des étapes rassurantes avant celle-ci. Il a d’abord recommencé à lancer des balles, un moment pratiquement magique. Rien de plus normal pour un athlète qui a été privé de ce qu’il aime le plus faire au monde.
« J’étais tellement heureux! Je venais de passer cinq mois à faire des exercices que je n’avais jamais effectués comme prendre soin de mon poignet et mon avant-bras. J’ai passé tellement de temps à reconstruire mon bras et lorsque j’ai recommencé à lancer la première fois, c’était le meilleur feeling », a admis le releveur de 25 ans.
Il s’était rendu à lancer sur une distance de 135 pieds, l’étape qui précède le grand retour, celui de lancer à un receveur sur une distance réglementaire. En accord avec les Dodgers, il a toutefois convenu que le scénario idéal était de s’accorder une pause de lancer à 100 %. Après des moments passés en famille à Montréal, il reprendra l’action en janvier auprès de son grand ami et mentor, Éric Gagné, en vue du camp d’entraînement.
Les lanceurs d’aujourd’hui connaissent mieux que jamais la réalité qui accompagne l’opération Tommy John. Même si elle impose une traversée du désert psychologiquement et physiquement, le Québécois a choisi de l’aborder avec optimisme.
« C’était une épreuve mentalement, mais je savais dans quoi je m’embarquais une fois que le docteur m’a confirmé la nouvelle. Mon focus n’était pas de revenir à tel moment, mais de revenir à 100 % pour prouver quel type de lanceur je suis », a-t-il confié.
Sa réflexion a bien du sens puisque l’artilleur droitier a subi cette blessure après sa 15e sortie dans le baseball majeur avec les Phillies. Il ne commençait qu’à exposer son arsenal pour solidifier sa place à ce niveau auquel il a toujours cru appartenir.
Cette longue pause forcée constituait ainsi le moment idéal pour retourner à la table à dessin. Le processus l'incite à croire fermement qu'il rehaussera son niveau de jeu.
« C’est sûr que c’est plate de se faire dire que tu vas manquer une année entière, mais on a viré ça positivement, moi et Éric. J’habitais chez lui et on a regardé beaucoup de vidéos de moi et d’autres joueurs pour déterminer comment on pouvait améliorer ma mécanique de lanceur pour revenir plus fort », a noté le fier représentant de Montréal-Nord.
Therrien et Gagné ont alors identifié leur cible et ils ont eu bien du temps pour s’y attaquer.
« Je me suis fait opérer au coude droit, mais est-ce que ça venait d’une mauvaise utilisation de mon coude? Éric et moi, on s’est posés beaucoup de questions et on pense effectivement que je me servais trop de mon coude. On a donc travaillé pour que je pousse plus avec mes jambes », a décrit le sympathique athlète qui dégage un grand respect envers les autres.
S’il est détendu et jovial quand il discute, on sent la détermination qui l’habite. Pour lui, tout ce travail rapportera à court terme et il ne vise qu’un seul objectif, revenir dans le baseball majeur en 2019.
« C’est très réaliste. Il n’y a pas une seconde que je passe dans le gymnase ou à lancer sans penser que je serai dans les majeures la saison prochaine », a lancé celui qui a dû regarder ses futurs coéquipiers en Série mondiale d’un endroit plutôt frustrant.
« J’ai dû les vivre dans mon salon. Oui, c’est le fun de voir que mon organisation obtient du succès, mais j’aurais vraiment aimé être sur le terrain. »
Ce gros pincement au cœur n’a pas disparu facilement, mais Therrien a sauté sur l’occasion pour étudier l’approche des maîtres comme Clayton Kershaw.
« J’analysais la sélection des lancers. Par exemple, pourquoi Kershaw lance une courbe, à aucune balle et deux prises, au sol et non pour une prise. C’est vraiment de comprendre quoi lancer dans telle situation selon le frappeur », a-t-il relevé.
La bonne nouvelle, c’est que les Dodgers aussi le suivent de près. Ils s’enquièrent de son état de santé plus d’une fois par semaine. Therrien a hâte de les rassurer sur le terrain et non via son téléphone. Ça viendra, l’attente est presque terminée.
Cette attention n’est que l’une des raisons pour lesquelles il sent bien au sein de cette équipe. Élevé dans une famille qui vibre au rythme du baseball depuis son arrière-grand-père jusqu’à lui, être associé aux Dodgers n’est pas banal.
« Ma famille a toujours été derrière moi peu importe mes choix. C’est sûr qu’ils sont contents que je me retrouve dans une organisation de prestige, si on peut dire, mais toutes les organisations prennent bien soin de leurs joueurs maintenant. Je ne peux pas dire que les Dodgers sont meilleurs qu’une autre organisation, mais je peux confirmer que je suis vraiment à l’aise avec eux », a conclu Therrien en se concentrant sur ce qui compte le plus.
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
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