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Art public – « L’auberge Mitchell » (MuraleCréation)
Texte, recherches et photos de Jacques Lanciault
Au fil de nos voyages, nous avons admiré très souvent des œuvres d’art dans les rues, sur les murs, devant les édifices, dans les parcs, etc.! Curieusement lorsque nous sommes chez nous, au Québec, nous prêtons moins attention et souvent ne les remarquons pas. Pourtant, l’art public est en pleine effervescence au pays!
Depuis déjà quelques années, nous partageons avec vous les œuvres de chez nous que nous avons découvertes au fil de nos déplacements! Voici le 190e de notre série de reportages sur nos trouvailles…
Saint-Eustache, Québec, 5 octobre 2019 – Comme mentionné dans un texte précédent, par un samedi matin superbe du mois d’octobre, nous avons pris la route en direction du « Vieux Saint-Eustache », histoire de découvrir une série de fresques historiques dessinées sur les murs de quelques maisons.
Le circuit de fresques historiques du Vieux-Saint-Eustache compte six œuvres peintes, situées le long de la rue Saint-Eustache. Ces murales mettent en valeur différentes scènes de l’histoire eustachoise.
Après avoir garé notre véhicule dans un stationnement public situé à l’entrée du « Vieux Saint-Eustache », nous avons amorcé notre promenade.
Dans un premier temps nous avons admiré le « Moulin Légaré », puis le « Manoir Globensky », avant de croiser notre première murale… qui prend place sur le mur d’une habitation donnant sur un stationnement où des camions sont stationnés. Dommage.
Puis nous avons passé outre à la deuxième, question d’ombrage qui la rendait inphotographiable. Nous nous sommes alors retrouvés devant la « Fresque de l’auberge Mitchell ». L’œuvre est impressionnante. Elle a été réalisée par le groupe « MuraleCréation » en 2009.
En fouillant sur Internet, nous avons retrouvé l’histoire peu commune de cet édifice!
« C’est en 1799 que ce site est d’abord concédé à Jean-Baptiste Beautron dit Major qui y construit une première habitation de 30 pieds de front par 72 pieds de profond.
En 1801, il vend sa propriété à Charles Léonard. Ensuite, George Wurtele achète le lot par vente de shérif en 1814. Puis Fleury Tison achète l’emplacement en 1832.
C’est en juillet 1836 que David Mitchell, fervent partisan loyaliste, acquiert l’endroit pour le convertir en auberge et en bureau de poste.
En 1837, l’auberge Mitchell est le théâtre de déprédations de la part des patriotes. Le 29 novembre 1837, victime de répression pour son allégeance politique, Mitchell se voit dans l’obligation de quitter l’endroit. Dès son départ, l’auberge est aussitôt occupée par les patriotes dirigés par Joseph Robillard.
Beaucoup de provisions y sont subtilisées et plus de 640 litres d’alcool en tous genres sont pillés par les insurgés. L’occupation prend fin avec la bataille du 14 décembre, alors que la propriété est incendiée par l’armée britannique… alors que Mitchell participe à l’affrontement à titre de volontaire loyaliste.
David Mitchell fait revivre son commerce dans les années subséquentes. Le recensement de 1851 témoigne de sa présence au même endroit à titre d’aubergiste et de maître de poste.
Le village de Saint-Eustache était alors un carrefour important, voire une étape obligée pour les voyageurs se rendant en Outaouais ou dans les Hautes-Laurentides. »
Nous avons également retrouvé un texte du journal de quartier « L’Éveil » relativement à l’inauguration de l’œuvre. Nous le reproduisons intégralement ci-dessous.
Photo ci-dessus : La fresque de l’auberge Mitchell de Saint-Eustache est située sur le mur de la bâtisse sise au 61 de la rue Saint-Eustache.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.
Photos ci-dessus : Particularité intéressante, un des personnages, une jeune fille, est une contemporaine… qui regarde la scène de l’extérieur de la murale!
Photos ci-dessus : Il y a beaucoup d’action au rez-de-chaussée : Un journaliste est à taper un texte sur une vieille machine à écrire, un noble est à se faire servir au bar par une employée, le tenancier est à servir un pichet, des clients jouent une partie de cartes, un autre lit le journal en buvant à une grosse bouteille, tandis qu’à l’autre bout de la salle un pianiste accompagne une chanteuse!
Photos ci-dessus : Et il y a également de l’action à l’étage!
Photo ci-dessus : L’édifice où a été peinte la murale abrite, entre autres, un salon de barbier.
Photo ci-dessus : La ville de Saint-Eustache a installé de grands panneaux expliquant les murales..
L’Auberge Mitchell renaît dans le Vieux-Saint-Eustache
Martin Leclerc, L’Éveil, le 4 décembre 2009
Une troisième fresque a été inaugurée comme attrait touristique dans le quartier du Vieux-Saint-Eustache alors qu’on a fait revivre une scène avec quelques personnages à l’Auberge Mitchell pour rappeler ce lieu important des années 1800.
C’est en présence des partenaires du projet, des commanditaires, des membres du Regroupement pour la promotion du Vieux-Saint-Eustache, des artisans, du maire de Saint-Eustache, Pierre Charron, et de conseillers municipaux ainsi que l’historien Jonathan Lemire, que cette fresque peinte sur le bâtiment du barbier situé au 61, rue Saint-Eustache, a été présentée, la semaine dernière.
Si les deux premières fresques représentent la période trouble de 1837 et le régime seigneurial de 1793, celle-ci met en valeur l’Auberge Mitchell à la fin des années 1800. Cette auberge a connu des moments pénibles lors de la Rébellion de 1837 car elle a été incendiée. Elle était devenue un quartier général pour une cinquantaine d’insurgés.
Reconstruit, ce lieu hôtelier a été acquis par David Mitchell. « L’auberge, raconte l’historien Jonathan Lemire, c’était un lieu d’échange entre hommes pour avoir du bon temps. C’était également un lieu de communication où on racontait les potins du village. Le journaliste venait taper son texte et le premier bureau de poste a été ouvert dans cette auberge comme on peut le voir sur la fresque. »
Par ailleurs, un clin d’œil a été ingénieusement intégré à la nouvelle œuvre. Une jeune fille contemporaine tient un cahier de Mot mystère, célèbre invention de Jean-Claude Langlois, dont les bureaux du Groupe JCL donnent directement sur la fresque. Le mur sur lequel la fresque est peinte appartient d’ailleurs à la famille Langlois.
« Le projet Murales, dans lequel s’inscrit cette troisième fresque, a un impact important sur le dynamisme de notre environnement. Les œuvres sont non seulement splendides, elles évoquent également des pans de notre histoire qu’il est important de rappeler. Les trois fresques sont des attraits touristiques pour les visiteurs. Pour toutes ces raisons, la Ville de Saint-Eustache est fière de s’associer à cet ambitieux projet », a déclaré Pierre Charron, maire de Saint-Eustache.
À l’instar des deux premières, la fresque a été réalisée par Murale Création qui possède plus de 30 années d’expertise dans la création de fresques extérieures. La recherche historique et le concept ont été élaborés par le Regroupement pour la promotion du Vieux-Saint-Eustache, alors que la coordination a été assurée par la Ville de Saint-Eustache. La réalisation a été rendue possible grâce à deux commanditaires, Concept Habitat 2000–Les Cours du moulin (25 000 $) et Hydro-Québec, via la campagne Mieux consommer (12 500 $) et au soutien financier de la Ville de Saint-Eustache (12 500 $).
« C’est la troisième d’une série de fresques pour Saint-Eustache. Notre entreprise est fière de contribuer pour que ces fresques soient à l’image des gens d’ici. Il a fallu plusieurs rencontres pour en arriver à ce résultat et je tiens à saluer le travail du comité et de l’historien Jonathan Lemire », a mentionné Nathalie Lessard, de Murale Création, localisée à L’Ange-Gardien, près de Québec.
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
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