Fév/200
Maison communale du village de Dinh Bang et spectacle de chants de Quan Họ Bắc Ninh!
Texte, recherches et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 7e d’une longue série de reportages relatifs à notre périple au Vietnam et au Cambodge, un voyage réalisé en novembre 2019
Hanoï, Vietnam, mardi 5 novembre 2019 — Notre premier arrêt de la journée, au musée d’Ethnographie du Vietnam, nous aura permis d’en apprendre beaucoup sur les coutumes et les façons de vivre des différentes ethnies occupant le territoire du Vietnam.
Et nous continuons dans cette même voie en nous rendant dans le petit village de Dinh Bang, où nous serons reçus pour le repas du midi dans la grande maison communale.
Outre d’y manger un repas typiquement vietnamien et d’admirer les magnifiques décorations de la maison, des artistes locaux nous offrirons un spectacle de chants populaires Quan Họ Bắc Ninh, des chants qui sont inscrits à la « Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO ».
Photo ci-dessus : L’UNESCO décrit les chants populaires Quan Họ comme une série de couplets interprétés en alternance par deux femmes d’un village qui chantent à l’unisson et auxquelles deux hommes d’un autre village répondent avec des mélodies similaires, mais des paroles différentes.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.
Au terme de notre visite du Musée d’Ethnographie du Vietnam, notre autocar reprend la route à 11 h 05.
Nous retraversons le fleuve Rouge, cette fois-ci en franchissant un beau pont à hauban!
La légende du bétel
Notre guide national au Vietnam, Hoc, profite du trajet vers le village de Dinh Bang pour nous raconter la légende du bétel…
Nous avons retrouvé un texte racontant cette légende, à peu près dans les mêmes termes que Hoc nous l’a raconté. Il provient du site Internet de « Aventure-Vietnam Travel » :
« Sous le roi Hùng le quatrième, un mandarin a deux fils jumeaux : Tân et Lang qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ils habitent chez le lettré Luu Huyên Dao qui a une fille très belle. Amoureuse des deux frères, elle souhaite se marier avec l’aîné.
Pour déceler qui est l’aîné, un jour elle dépose un bol de riz devant eux et les invite à manger. Selon la préséance, c’est Tân qui prend le premier le bol. Les parents de la jeune fille consentent à la marier à Tân.
Après le mariage, Lang se sent délaissé de plus en plus par son frère. Il abandonne alors son foyer, traverse une forêt et arrive à un cours d’eau. Il n’y a pas de bac, il s’assied sur la berge pour pleurer et pleurer, au point de devenir un bloc de pierre.
L’aîné, pris de remords parce que son frère ne revenait pas, s’en va à sa recherche. Il arrive au même endroit, s’assied et pleure, il devient un aréquier s’appuyant contre le rocher.
La femme éplorée suit le même parcours que les deux hommes. Elle meurt épuisée, adossée contre l’aréquier et devient le bétel qui grimpe autour de l’aréquier.
Les parents de la femme dédient aux trois victimes du sort un temple nommé “Temple de l’amour conjugal et de fraternité”.
Bien longtemps après, le roi Hùng au cours d’une tournée, s’arrête à cet endroit et apprend cette histoire. Il fait mâcher du bétel, de l’arec avec un peu de chaux du bloc calcaire. La salive obtenue est vermeille comme le sang et odorante. Le roi ordonne que désormais, le bétel et l’arec doivent figurer au mariage comme offrande rituelle. »
Après avoir raconté cette légende, Hoc précise que celle-ci a donné une signification symbolique à la chique de bétel, devenant ainsi un gage d’amour conjugal.
« C’est pourquoi, dit-il, le bétel imprègne les trois rites du mariage : la demande en mariage, les fiançailles et le mariage proprement dit. Dans notre culture, la chique de bétel constitue un élément indispensable lors des cérémonies de fiançailles et de mariage. »
« Le bétel est une plante grimpante qui symbolise l’amour. On la mâche longuement, puis on crache la salive désormais colorée rouge, ainsi que le résidu. »
« Pratiquement toutes les femmes vietnamiennes, jusque dans les années 1960, en consommaient. »
« La chique de bétel constitue un excitant qui parfume l’haleine, colore les lèvres, active la circulation sanguine du visage imitant une certaine ivresse. »
« Mâcher du bétel à répétition a pour conséquence que les dents deviennent noires! Durant longtemps, des dents noires étaient un signe de beauté chez les femmes vietnamiennes. »
Photo ci-dessus : On rencontre encore aujourd’hui dans les rues, surtout à la campagne, de vieilles femmes qui ont des dents noires et qui mâchent le bétel. (Photo provenant d’Internet)
À la recherche du village de Dinh Bang
L’autocar file vers le nord. Notre prochaine destination, le village de Dinh Bang est situé à une vingtaine de kilomètres de Hanoi.
Nous voyons des maisons tubes, dont certaines sont récentes et fort jolies.
« Nous approchons du village de Dinh Bang », mentionne Hoc. L’autocar ralentit. Le chauffeur semble chercher son chemin.
« Un panneau routier indiquant la route à prendre pour nous rendre à destination semble avoir été enlevé », mentionne Hoc… tout juste avant de descendre du car pour s’informer auprès de commerçants de rue locaux.
Hoc remonte, l’autocar fait demi-tour et le chauffeur trouve enfin la route qu’il faut prendre!
Finalement, nous arrivons. Il est midi et nous descendons devant une école, le lycée Li Thai To, où les classes du matin viennent de prendre fin.
Il y a de nombreux écoliers qui quittent les lieux, quelques-uns à bicyclettes, d’autres à pied, mais la majorité en « scooter » électrique.
Ils nous saluent et nous sourient.
Photos ci-dessus : Lors de notre descente de l’autocar dans le village de Dinh Bang, nous sommes devenus des objets de curiosité pour les jeunes locaux.
Photo ci-dessus : Le lycée devant lequel nous sommes descendus à Dinh Bang.
Hoc nous indique que nous devons marcher sur une distance d’environ 300 mètres pour arriver à la maison communale du village.
Photo ci-dessus : En marchant nous apercevons cette belle maison qui se reflète dans un étang.
Photo ci-dessus : Nous croisons ce Vietnamien au volant d’un impressionnant tracteur.
La maison communale de Dinh Bang
Nous arrivons finalement devant la maison communale.
« Ici, nous informe Hoc, nous sommes dans la région des empereurs de la dynastie des Ly, dont le premier a fondé ce village. »
Nos recherches en vue de la rédaction de ce texte nous ont appris qu’au Vietnam, la maison communale est le centre culturel, spirituel et social du village. « On y rend un culte au génie tutélaire de la communauté. La bâtisse abrite donc les valeurs culturelles traditionnelles vietnamiennes, en plus d’une architecture typique.
La maison commune est le lieu où se tenaient traditionnellement les réunions des notables et où l’on traitait des questions administratives ou de justice intérieure. C’est aussi ici que se déroulaient les cérémonies religieuses et les moments forts de la vie des habitants.
De ce fait, elle est l’une des constructions les plus importantes du village. Les lieux où elles ont été construites sont choisis avec soin. Selon la conception populaire, si la maison commune est construite au bon endroit, les villageois auront une vie heureuse. »
Photo ci-dessus : Devant la maison communale, il y a une superbe devanture de pierre grillagée.
Photo ci-dessus : Les colonnes de la devanture de la maison communale sont magnifiquement sculptées.
Photos ci-dessus : Des bas-reliefs représentant des motifs de dragon décorent les murs de la devanture.
Photo ci-dessus : Une des colonnes intérieures de la devanture est surmontée d’une boule de belles couleurs.
Nous franchissons les grilles et nous nous retrouvons devant la maison communale… qui est sur pilotis.
« Les travaux de construction ont commencé en 1700 et se sont prolongés jusqu’en 1736. Aujourd’hui encore, près de 300 ans plus tard, le plancher de cette maison peut supporter le poids de plusieurs milliers de personnes à la fois. »
« Cette maison communale est réputée comme l’une des plus anciennes architectures du Vietnam. Sa construction a nécessité la mobilisation de centaines d’artisans. Ils ont minutieusement gravé les dizaines de colonnes de cette maison et sculpté leurs motifs. »
Photo ci-dessus : La maison communale de Dinh Bang.
Photos ci-dessus : La large toiture de la maison communale affiche des angles recourbés, comme pour évoquer les pétales de lotus.
Photo ci-dessus : Devant la maison communale de Dinh Bang prend place un superbe bac en bronze pour brûler l’encens.
« La maison communale Dinh Bang, lance notre guide avant que nous y entrions, est un lieu de culte dédié aux trois esprits tutélaires : Cao Son Dai Vuong, le dieu de la terre, Thuy Ba Dai Vuong, le dieu de l’eau et Bach Le Dai Vuong, le Dieu des récoltes. »
Nous entrons. C’est ici que nous dînerons.
L’intérieur est très décoré. Il y a un autel, des colonnes, des symboles cabalistiques, etc.
Photos ci-dessus : Un magnifique autel prend place dans l’entrée.
Photo ci-dessus : Nous apercevons les artistes qui sont à se préparer pour le spectacle.
Nous prenons place aux tables déjà dressées pour nous recevoir.
Le repas est typiquement vietnamien. C’est très varié et surtout en grande quantité. Beaucoup de légumes, du poisson, du poulet et aussi des fruits et finalement du thé.
Les serveuses sont habillées en costume typique du nord du pays, tout comme les musiciens et les chanteurs qui au terme du repas nous offrent une prestation superbe.
Photos ci-dessus : Quelques photos du magnifique spectacle de chants traditionnels Quan Họ Bắc Ninh auquel nous avons assisté.
Photo ci-dessus : Une de nos compagnes de voyage, Gisèle, s’est coiffée d’un des chapeaux typiques du nord du Vietnam.
Le spectacle terminé, nous sortons, car les toilettes sont à l’extérieur… et ce, comme on nous l’a expliqué hier… pour ne pas indisposer les ancêtres!
« Dans chaque maison au Vietnam, nous avait alors mentionné notre guide, il y a des autels des ancêtres. Les Vietnamiens vouent un fort attachement aux ancêtres, ce qui les guide dans leur vie de tous les jours. »
Photo ci-dessus : Sur le site de la maison communale, prend place cette toute petite pagode.
Il fait beau et chaud.
Nous repartons à 14 h 10 pour nous rendre, à pied, au temple Do datant de 1030. « Il est situé, nous prévient Hoc, à environ à 700 mètres de la maison communale. »
Nous nous y rendons tranquillement.
« Ce temple, nous indique encore Hoc en marchant, a été créé pour commémorer les huit rois de la dynastie Ly, soit Ly Cong Uan, Ly Thai To, Ly Thai Tong, Ly Thanh Tong, Ly Nhan Tong, Ly Than Tong, Ly Anh Tong, Ly Cao Tong et Ly Hue Tong. »
Sur le chemin, nous croisons des montagnes de riz en train de sécher.
Photo ci-dessus : Comme à Hanoi, ici à Dinh Bang les installations électriques sont mémorables!
Photo ci-dessus : Une petite ruelle toute décorée.
Photos ci-dessus : En cours de route, nous croisons cette « Maison aux parapluies ».
Photo ci-dessus : Une maison-tube… semi-détachée?
Tout juste avant d’arriver au temple, nous passons devant un très beau petit lac.
Photos ci-dessus : Les reflets sur le petit lac de Dinh Bang sont superbes.
Photo ci-dessus : Et au centre du lac, il y a une pagode!
À suivre
Visite du temple Do situé tout près de la maison communale de la petite bourgade de Dinh Bang…
Photo ci-dessus : Un des autels du Temple Do du village de Dinh Bang.
Pour lire nos autres textes portant sur notre périple au Vietnam et au Cambodge, cliquez sur le lien suivant : Vietnam
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