Avr/200
Cambodge : le magnifique palais Royal de Phnom Penh… et la très riche pagode d’Argent (1re partie)
Texte, recherches et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 31e d’une longue série de reportages relatifs à notre périple au Vietnam et au Cambodge, un voyage réalisé en novembre 2019
Phnom Penh, Cambodge, dimanche 17 novembre 2019 — Nous voguons toujours sur le fleuve Mékong, mais depuis hier en fin d’après-midi nous sommes maintenant dans la partie cambodgienne du long fleuve asiatique.
Ce matin, le bateau s’est amarré au quai de la ville de Phnom Penh, la capitale du pays, alors que nous étions à prendre notre petit-déjeuner au restaurant du Mékong Prestige.
Pour notre première journée de visites au « Pays des Khmers », nous nous rendons au palais Royal, un site abritant plusieurs bâtiments, tous plus beaux les uns que les autres, dont la résidence officielle du roi du Cambodge.
Le palais Royal, dont la construction a été entreprise en 1860, est immense, sa superficie est presque de 175 000 mètres carrés, et surtout magnifique. Il est l’exemple parfait de l’architecture khmère.
Nous y verrons la salle du trône, de l’extérieur toutefois, puis la très riche pagode d’Argent où nous pourrons admirer le bouddha d’Émeraude… une statue grandeur nature!
Photo ci-dessus : Le magnifique bâtiment abritant la salle du trône du palais Royal de Phnom Penh, site de la résidence du roi du Cambodge, Norodom Sihamoni qui a accédé au trône en 2004.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.
Comme tous les matins depuis le début de la croisière sur le Mékong, notre réveille-matin fait entendre sa stridente sonnerie à 5 h 45. Un réveil à cette heure matinale nous permet de prendre notre petit-déjeuner au restaurant du bateau, le Mékong Prestige, du côté du soleil, puisque nous sommes dans les premiers clients, nous y rendant dès l’ouverture.
Toutefois, le soleil est timide ce matin à notre réveil, il peine à poindre entre les nuages.
Lorsque nous quittons le lit, nous sommes surpris de constater que le bateau est toujours en mouvement. Nous sommes à Phnom Penh, mais pas encore amarrés.
Photos ci-dessus : Les premiers bâtiments que nous apercevons à Phnom Penh semblent être de meilleure qualité que ceux que nous avons vus au Vietnam, sauf peut-être ceux de Hô Chi Minh-Ville.
Il y a des digues très hautes des deux côtés du fleuve. Phnom Penh a dû se protéger, car sa situation dans la plaine alluviale du Mékong constitue, comme la plupart des plaines alluviales et des deltas, un site naturel très contraignant pour l’urbanisation… en raison des inondations fréquentes.
Du fleuve, la ville ressemble à un vaste chantier de construction. Il y a une multitude de grues en action qui sont à ériger de nombreuses constructions en hauteur.
Pendant notre petit-déjeuner, le bateau s’accostera à un immense quai en béton… en fait plus haut que notre cabine qui est pourtant située au deuxième pont. Devant notre balcon se dressent des piliers de fer et de ciment. Ils sont maintenant notre seul décor! C’est vraiment très laid… et nous sommes amarrés ici pour deux jours!
Ce matin, après avoir récupéré nos passeports à la réception du bateau, nous nous rendons pour 8 heures au salon Panorama, puisque nous y avons été convoqués… et ce, pour satisfaire aux formalités de l’immigration cambodgienne.
Nous attendons au salon une quinzaine de minutes avant que cinq agents de l’immigration cambodgienne arrivent pour vérifier nos passeports… que les agents conservent.
Leur vérification terminée, ils remettront nos précieux documents aux responsables du bateau qui les conserveront jusqu’à la fin de la croisière.
Un peu d’histoire et de géographie
Les formalités douanières terminées, nous nous rendons au pont numéro 2 pour descendre du bateau.
Nous marchons sur une très longue passerelle de fer… avant de finalement fouler le sol cambodgien.
Ce matin, Marie, la responsable de « Rivages du Monde » nous attend.
Elle nous présente notre nouveau guide, lui qui sera avec nous jusqu’à la fin de la croisière. Il se nomme Chamrouen… ce qui signifierait « progrès », nous confiera-t-il plus tard au cours du périple!
Photo ci-dessus : Notre guide durant la partie cambodgienne de notre croisière sur le Mékong : Chamrouen.
Chamrouen nous mène jusqu’à notre autocar qui prend finalement la route à 8 h 35.
Notre guide ne perd pas de temps. Dès les premiers ronronnements du moteur de l’autocar, il commence à nous présenter sa ville et son pays, et ce, dans un excellent français.
Il nous mentionnera d’ailleurs au cours du périple que son professeur de français a étudié au Québec.
« Phnom Penh est occupée par une population de quelque 2 250 000 habitants. »
« En 1975, la population atteignait deux millions d’habitants. Lorsque la ville tomba sous la coupe des Khmers rouges le 17 avril, elle fut vidée de la quasi-totalité de ses habitants en 48 heures… et laissée à l’abandon pendant trois ans, huit mois et vingt jours! »
« À la fin de la guerre, en 1979, il ne restait que 70 personnes à Phnom Penh. Pas moins de 80 % des habitants d’avant la guerre avaient péri par suite des exécutions, des tortures et des privations pendant les années khmères rouges. »
Chamrouen affirme que la moitié de la population du Cambodge a péri durant la période des Khmers rouges. L’encyclopédie libre Wikipédia précise, quant à elle, que « le chiffrage du nombre de victimes est un travail difficile et sur lequel les historiens ne sont pas encore parvenus à un consensus. Toutefois, le chiffre de 1,7 million de victimes directes et indirectes est le plus communément admis. » C’est énorme!
« Le Cambodge a des frontières communes avec la Thaïlande, le Laos et le Vietnam. Sa superficie est 181 035 km carrés. Le pays est situé à l’est du golfe de Siam », en fait le golfe de Thaïlande.
« Notre régime politique est une monarchie constitutionnelle, comme le Royaume-Uni. »
« Le roi actuel est Norodom Sihamoni. Il est notre souverain depuis 2004, alors que son père, le roi Norodom Sihanouk, a abdiqué en faveur de son fils… De 1981 à 2000, Sihamoni a été professeur de danse classique à Paris. Il n’est pas marié. »
Le palais Royal
Nous descendons à 8 h 45 devant le palais Royal, lui qui fait face au fleuve.
Contrairement à notre séjour au Vietnam, ici au Cambodge, les bouteilles d’eau ne sont pas fournies dans l’autocar.
Photos ci-dessus : Le premier coup d’œil sur le palais Royal est très impressionnant… et ce n’est que l’entrée.
Nous empruntons une longue allée qui débouche sur une des portes du site… devant laquelle il y a de nombreux pigeons.
Photos ci-dessus : Une des portes du palais royal de Phnom Penh.
Les bâtiments que nous apercevons derrière le mur d’enceinte sont d’une belle architecture et le site est agrémenté de superbes jardins. Devant la porte qui se trouve devant nous, il y a un groupe de jeunes Cambodgiens et Cambodgiennes en habits de graduation…
Photos ci-dessus : Lors de notre passage au palais Royal de Phnom Penh, c’était jour de graduation, semble-t-il, pour les jeunes étudiants cambodgiens.
Il y a un mur d’enceinte entourant le palais.
Photos ci-dessus : La porte d’entrée devant nous est superbe. Il s’agit de la porte de la Victoire. Des deux côtés de celle-ci des postes de garde pour les gardiens du palais royal ont été aménagés.
Photos ci-dessus : D’ici nous apercevons une flèche décorée d’un visage. Nous apprendrons par la suite qu’il s’agit d’une des flèches de l’édifice de la salle du trône, l’élément principal du palais royal situé en son centre. Cette bâtisse en forme de croix est couronnée de trois flèches dont la flèche centrale haute de 60 mètres est surmontée d’une tête de Brahmā à quatre visages.
« Brahmā est le dieu créateur, nous spécifie notre guide, il est un porte-bonheur qui affiche quatre vertus : la pitié, la sympathie, la compassion et l’équité.
« L’installation du palais royal à Phnom Penh, nous informe notre guide, date de 1866. Le palais fut inauguré alors que le Cambodge était sous le protectorat français. »
« Napoléon III a alors offert un cadeau au roi : un pavillon en métal! »
« Avant 1866, le palais Royal a pris place dans de nombreuses villes du pays :
Du Ier au VIe siècle, la capitale du pays était située près du Vietnam, dans la ville de Kalduch.
Dès l’an 802, on retrouve toutefois le siège du pouvoir khmer, près d’Angkor au nord du lac Tonlé Sap. Il y restera jusqu’au début du XVe siècle.
Puis, le roi et sa cour quittèrent Angkor, détruite par le Siam, pour s’installer d’abord à Phnom Penh, en 1434, puis à Basan en 1494, et plus tard à Longvek et à Oudong de 1618 à 1866.
Finalement, la capitale revint à Phnom Penh au XIXe siècle. Selon les astrologues de l’époque, le site actuel constituait un bon site, car les observateurs du ciel accordaient des vertus de porte-bonheur à l’endroit.
Le palais Royal est situé au point de confluence du Mékong inférieur, du Mékong supérieur et du lac Tonlé Sap.
À chacun des déménagements du pouvoir… un palais en bois a été construit, sauf ici où dès 1860, c’est un palais en béton qui a été mis en chantier.
La salle du trône est le cœur du palais royal. »
Chamrouen nous indique le mur d’enceinte devant nous et mentionne qu’il y a un deuxième mur à l’intérieur. « Nous verrons cette deuxième enceinte. »
« Entre les deux murs se trouvent des bâtiments dont la fonction est de recevoir les délégations étrangères. »
« En 1966, à l’occasion du centenaire de l’inauguration du palais, nous avons reçu la visite de Charles de Gaulle. Il a assisté à une réception organisée par le roi. Il fut le premier président d’un pays européen à venir au Cambodge. »
De Gaulle a profité de sa présence à Phnom Penh pour prononcer un fameux discours devant une foule de plus de 100 000 personnes amassées au stade olympique.
« D’ailleurs, ajoute notre guide, il y a deux boulevards au nom de Charles de Gaulle au Cambodge, dont un ici dans la capitale. »
« Le palais Royal possède cinq portes d’entrée », souligne Chamrouen.
« À l’Est, il y a la porte de la Victoire… elle qui n’est utilisée que par le roi et la reine. C’est la porte qui est devant nous. »
« La porte du Sud est réservée pour l’entrée des compatriotes, les Cambodgiens. »
« Personne ne souhaite passer par la porte de l’Ouest, car elle est réservée à la sortie des prisonniers condamnés à mort! »
« Au nord, il y a deux portes, une pour faire sortir les prisonniers à la fin de leur peine d’emprisonnement… et l’autre pour permettre la sortie du corps du roi à sa mort! »
Nous entrons à l’intérieur de l’enceinte et Chamrouen nous fait asseoir… pendant qu’il file acheter nos billets d’entrée… « que vous pourrez conserver en souvenir », dit-il.
Photos ci-dessus : Dès notre entrée à l’intérieur de l’enceinte, nous pouvons admirer cette belle statue.
Photos ci-dessus : Puis cette autre que notre compagne Jacinthe est à immortaliser.
Photo ci-dessus : Il y a aussi ce grand arbre, un tamarinier, l’arbre qui produit le tamarin. Il serait âgé de 200 ans.
Photos ci-dessus : Et d’autres belles statues.
Notre guide revient et nous entrons à l’intérieur de la deuxième enceinte.
Photos ci-dessus : Voici nos billets d’entrée pour le palais Royal de Phnom Penh et une carte des lieux.
Nous voyons un manguier avec ses fruits… et un banian, lui aussi affichant de beaux fruits… « qui sont toxiques », lance toutefois notre guide.
La salle du trône
L’élément principal du palais Royal est la salle du trône. Elle est située en son centre.
Photos ci-dessus : Le bâtiment abritant la salle du trône du palais Royal de Phnom Penh… et sa haute flèche affichant quatre visages.
C’est un magnifique édifice en forme de croix. Le bâtiment mesure 30 x 60 mètres.
Comme tous les bâtiments du site, la salle du trône est orientée vers l’Est.
Nous constatons qu’il y a beaucoup de décorations en tuiles vernissées sur les toits des édifices.
« Le serpent, souligne notre guide, serait le fondateur du Cambodge. »
La salle du trône a été édifiée en 1917, le bâtiment accueille les cérémonies de couronnement, les cérémonies religieuses et tient lieu de salle de réunion pour les confidents du roi, les généraux et les officiers royaux.
Nous nous approchons de la salle du trône… Chamrouen nous avise qu’il est interdit de prendre des photos de la salle du trône.
Nous en faisons le tour… mais en restant à l’extérieur.
C’est richement décoré. Il y a plusieurs lustres provenant d’Italie qui sont très luxueux.
La foule des touristes est nombreuse.
À l’intérieur nous pouvons apercevoir… le trône d’apparat en or surmonté de plusieurs parasols, un gong sacré et des trônes à porteurs.
Il y a aussi des fresques aux murs et au plafond. « Elles relatent le Râmâyana (1) et l’épopée khmère », précise notre guide.
(1) : Le Râmâyana est une épopée mythologique composée entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère. Le Râmâyana est, comme le Mahabharata, l’un des textes fondamentaux de l’hindouisme et de la mythologie hindoue… nous apprend l’encyclopédie libre Wikipédia.
Photos ci-dessus : L’édifice de la salle du trône est entouré de colonnes qui affichent de nombreuses statues, probablement khmères, que l’on pourrait associer aux cariatides ou atlantes grecs.
Photo ci-dessus : Vue de plus près, la flèche surmontée d’une tête de Brahmā à quatre visages.
Photos ci-dessus : D’autres aspects intéressants de l’édifice de la salle du trône.
Photo ci-dessus : Devant la salle du Trône, nous pouvons admirer ce magnifique arbre.
Photo ci-dessus : Un autre superbe palais.
Photo ci-dessus : Une jeune Cambodgienne pose avec une statue de chien dragon.
Photo ci-dessus : Des sculptures comme nous en verrons beaucoup durant notre séjour au Cambodge.
Photos ci-dessus : Le palais Khémarin, ce qui signifie le « palais du Roi Khmer. » Il est utilisé comme résidence par le roi. Ce complexe se trouve à droite de la salle du trône.
En nous désignant le palais servant de résidence au roi, notre guide nous indique que le roi est présent actuellement, et ce, en raison de la présence d’un drapeau bleu hissé.
Et il ajoute que le roi se rend à Pékin tous les trois mois… « pour que son état de santé soit vérifié. »
Norodom Sihanouk
Chamrouen semble peu enclin à nous parler du roi actuel. Il est toutefois très disert quant au père de l’actuel roi, Norodom Sihanouk.
Il nous raconte que lors du décès de l’ex-roi Norodom Sihanouk, le 15 octobre 2012 il y a eu une grande fête de la crémation du roi.
« De très nombreux dignitaires étrangers ont assisté à l’événement, et ce, étant donné qu’il a été une figure dominante de la vie politique de son pays dans la seconde moitié du XXe siècle.
Des cendres ont été choisies et mises en urne. Puis, le reste a été dispersé sur le Mékong.
Norodom Sihanouk, enchaîne-t-il, a été le premier roi du monde à monter deux fois sur le trône. En 1941, à l’âge de 18 ans, il devient roi sous le protectorat français… et il fait accéder son pays à l’indépendance le 17 octobre 1953.
En 1955, il abdique au profit de son père pour remplir un rôle politique que la constitution refuse à sa fonction royale.
Après avoir fondé son propre parti politique, il dirige le royaume du Cambodge, d’abord comme premier ministre, puis après la mort de son père, en tant que “chef d’État”.
Redevenu roi en 1993, il abdique de nouveau en 2004, cette fois-ci au profit d’un de ses fils.
Il a eu 7 épouses et 14 enfants.
Avec sa dernière épouse, la princesse Monique, devenue la reine Monineath, il a eu deux enfants, dont l’actuel roi.
Aujourd’hui, la reine mère a 85 ans et elle vit avec son fils qui n’a pas d’enfant.
Étant donné que le roi n’a justement pas d’enfant, ce sera un autre membre de sa famille qui lui succédera à sa mort.
Mais, il faut préciser que le premier ministre du pays a le pouvoir de ne pas nommer un autre roi à la mort de ce dernier.
La famille royale est financée par le gouvernement, via les impôts, et ce, à hauteur de 25 millions de dollars par année! »
Nous continuons notre promenade sur ce site enchanteur.
Photos ci-dessus : D'autres belles bâtisses.
Notre guide nous avoue qu’il est dommage qu’un des très intéressants bâtiments du site, le pavillon de Napoléon, soit en rénovation. « Celui-ci présente une architecture originale en fer. Il a été construit pour accueillir l’impératrice Eugénie lors de l’inauguration du canal de Suez. »
Photo ci-dessus : Voici le pavillon Napoléon III, qui est situé à gauche de la salle du trône, comme nous aurions pu le voir s’il n’avait pas été en travaux de restauration. Il a été offert par Napoléon III au roi Norodom en 1870. (Photo provenant d’Internet)
Photo ci-dessus : Une dernière vue sur l’édifice de la salle du trône.
À suivre
Découverte de la pagode d’Argent et de ses magnifiques fresques… toujours sur le site du « Palais Royal ».
Photo ci-dessus : Un des murs de la pagode d’Argent du palais Royal affiche une très longue série de fresques réalisées en 1900 et racontant la légende de Râmâyana.
Pour lire nos autres textes portant sur notre périple au Vietnam et au Cambodge, cliquez sur le lien suivant : Vietnam
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