Avr/200
Le village d’Angkor Ban au Cambodge et ses maisons de bois sur pilotis!
Texte, recherches et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 39e d’une longue série de reportages relatifs à notre périple au Vietnam et au Cambodge, un voyage réalisé en novembre 2019
Angkor Ban, Cambodge, mercredi 20 novembre 2019 — Promenade dans un tout petit village en bordure du Mékong ce matin. Nous sommes à Angkor Ban… et ce n’est vraiment pas un centre touristique.
Mais il vaut la peine de visiter ce village pour découvrir la vie rustique des Cambodgiens dans les régions reculées du pays, là où existent encore plusieurs maisons en bois centenaires.
Angkor Ban est d’un des très rares villages à ne pas avoir été incendié ou détruit pendant la période khmère rouge.
C’est un village sans boutique, sans restaurant, sans autoroute, sans embouteillage et sans l’agitation de la vie moderne. On n’y trouve que la vie rurale au grand air, une végétation luxuriante, des vaches qui paissent sous pratiquement chacune des maisons et des habitants chaleureux.
Photo ci-dessus : Une des maisons de bois sur pilotis à la peinture presque entièrement disparue du village d’Angkor Ban.
Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.
N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.
Dès l’ouverture des rideaux de notre cabine ce matin, à notre réveil, le soleil nous illumine de ses rayons! Puis, soudain le « RV Mékong Prestige 2" s’amène et s’adosse à notre bateau, nous privant des chauds rayons de « Galarneau ».
Quelle déplorable habitude qu’ont les marins qui naviguent sur ce fleuve!
Photo ci-dessus : Du pont soleil du « RV Mékong Prestige 1" l’immense site de la pagode du village d’Angkor Ban.
Photo ci-dessus : Des bonzes sont à travailler dans les champs devant la pagode.
Photo ci-dessus : Au loin, nous apercevons un pont enjambant un bras du Mékong.
Il est 8 h 15, lorsque nous descendons à terre… Nous marchons sur un petit sentier de terre encore humide. Puis, nous grimpons une pente gazonnée… et arrivons « dans un champ de cacahuètes», nous dira un peu plus tard notre guide pour la section cambodgienne de notre croisière sur le Mékong, Chamrouen.
Photo ci-dessus : Les deux bateaux Mékong Prestige sont amarrés côte à côte lorsque nous descendons pour partir à la découverte du village d’Angkor Ban. (Photo : Jacinthe Brault)
Nous marchons au soleil et, même si le vent souffle avec une assez bonne intensité, c’est très agréable.
Photo ci-dessus : Les arbres entourant le site de la pagode du village d’Angkor Ban forment d’étranges arabesques.
Après quelques pas, nous arrivons sur une longue allée menant au village d’Angkor Ban.
L’allée est décorée des deux côtés de sculptures en bois. D’un côté, ce sont des sculptures d’animaux illustrant les signes astrologiques chinois, de l’autre d’immenses fruits ont été sculptés dans le bois.
Notre guide s’arrête un long moment sous les arbres, à l’abri du vent, pour nous entretenir de divers sujets…
« Notre croisière prévoyait remonter le Mékong jusqu’à Siem Réap en empruntant le lac Tonlé Sap, nous indique Chamrouen, mais le Mékong supérieur n’est pas accessible à la navigation actuellement en raison de la construction d’un pont! »
« Notre bateau a dû voguer sur le Mékong inférieur. Demain au terme de la croisière, vous effectuerez le trajet vers Siem Réap en autocar. »
Une province à l’aise, une autre pauvre
« Ici, la majorité des habitants vivent de la riziculture et de la culture de l’hévéa… dont la production rapporte 300 millions de dollars au pays. »
« La terre est rouge. C’est une terre d’origine volcanique qui est très fertile. »
« On y cultive la cacahuètes, le maïs, le manioc, les noix de cajou et une multitude de fruits. »
« Cette région appartient à la province de Kampong Cham, l’une des 25 provinces du pays, une des rares où les conditions économiques sont bonnes! »
« La province la plus pauvre du Cambodge est celle de “Siem Reap”, parce qu’elle a été transformée en grand centre hôtelier. Il y a beaucoup d’hôtels et une foule de concessions touristiques… donc il n’y a plus beaucoup de terres agricoles. »
« Outre le fait que la région a été transformée en attraction touristique, cette province a toujours éprouvé de graves problèmes d’irrigation. Cette situation fait en sorte que dans Siem Réap, il n’y a qu’une seule récolte de riz par année, alors qu’il y en a trois ailleurs au Cambodge. »
L’eau potable… une rareté!
« 80 % de la population cambodgienne vit dans des zones rurales exposées aux inondations, aux sécheresses et autres catastrophes climatiques… Et seulement 15 % des habitants ont accès à l’eau potable. »
« Où il n’y a pas d’eau potable, les populations sont parfois obligées de boire de l’eau des mares »… et notre guide d’ajouter « se retrouvant ainsi avec des sangsues dans l’estomac! »
« Ils ne peuvent se laver régulièrement. »
Notre guide nous indique qu’il est membre d’une association caritative qui vient en aide aux enfants cambodgiens. Elle se nomme « Eau plus près des Khmers ».
Le site Internet de l’association mentionne ce qui suit :
« Rattachée à l’Association Œcuménique d’Entraide créée à Vincennes en 1973, “Eau plus près des Khmers” se propose de réunir des fonds afin d’effectuer des forages et d’installer des pompes à eau et des salles d’eau auprès des familles les plus démunies autour de Siem Réap, dans la région des fameux temples d’Angkor.
Dans les campagnes cambodgiennes, la fourniture d’eau domestique reste le privilège d’une minorité, la plus grande partie des villageois s’approvisionnant dans les mares et les rivières et récupérant l’eau de pluie dans des jarres. Ainsi collectée, elle ne présente aucune garantie sanitaire : elle est donc à l’origine de nombreuses maladies et contribue au fort taux de mortalité infantile.
Le manque d’eau à proximité des lieux de vie freine l’essor de la culture vivrière et nuit à l’élevage d’animaux domestiques. Enfin, le puisage et le transport de l’eau sur de longues distances sont souvent des tâches imparties aux enfants et aux jeunes, ce qui les détourne du chemin de l’école. »
« Dans les villages, continue Chamrouen, on retrouve en moyenne une toilette pour 200 familles… alors les gens se soulagent dans la brousse. »
Angkor Ban
« Le village dans lequel nous allons nous promener a été épargné sous la domination des Khmers rouges. »
« Ceux-ci avaient choisi Angkor Ban pour leur cantonnement. Les bâtiments de ce village servaient de logement et de stockage. Ainsi, alors que presque toutes les infrastructures du Cambodge ont été détruites, les maisons en bois de ce village ont été épargnées. »
Nous passons devant une première maison… Elle affiche divers tons de bleu!
« Les gens croient que le bleu est une couleur chanceuse, donc ne soyez pas surpris de voir beaucoup de portes et des fenêtres peintes en bleu. C’est un moyen pour les gens d’ici de laisser entrer le bonheur dans le foyer. »
Photo ci-dessus : La première maison sur pilotis que nous avons vue dans le village d’Angkor Ban.
Photo ci-dessus : Puis, une deuxième, nettement plus grande.
Photo ci-dessus : Des tuk-tuk collectifs viennent chercher les gens pour les amener au travail.
Photo ci-dessus : Sous une maison sur pilotis… des singes sont attachés à de longues chaînes.
Outre les singes, il y a des poules et des chiens qui eux se promènent en toute liberté.
Les maisons sont sur pilotis et joliment décorées.
Photos ci-dessus : La salle communautaire du village d’Angkor Ban.
Nous voyons des bonzes pieds nus dans leur robe safran… En regardant dans leur direction on aperçoit de grands et magnifiques stūpas, mais notre guide ne s’y intéresse pas.
Je m’éloigne du groupe et j’entre dans la grande zone des stūpas.
Photos ci-dessus : Les magnifiques stūpas du village d’Angkor Ban.
Photo ci-dessus : Et tout au bout… face au Mékong, une gigantesque statue de Bouddha.
Je reviens vers le groupe… en fait vers les groupes, car même si je n’ai été absent que quelques minutes, plusieurs groupes de touristes sont arrivés dans le village.
Chaque maison a son autel des anciens… et ses vaches, semble-t-il!
Photo ci-dessus : Il y a presque partout des animaux sous les maisons… et c’est probablement pour cela qu’il y a de mauvaises odeurs qui viennent assaillir nos narines régulièrement.
Il y a de très nombreuses « cordes à linge » où sèchent des vêtements. Ça ne doit pas sentir le printemps lorsque les gens y vont de l’opération « pliage ».
Il y a des haies de fleurs… nous permettant d’oublier pour un moment la saleté des petites rues.
Photo ci-dessus : Une maison… dont l’escalier vient de subir une cure de rajeunissement.
« La vie des habitants d’Angkor Ban se déroule autour de leurs maisons. »
« Les maisons en bois sont construites sur pilotis ce qui apporte aux gens de nombreux avantages : lorsqu’il pleut, ce type de structure peut aider la population locale à ne pas rester dans la boue… et quand il fait chaud, ils vivent sous la maison… à l’abri du soleil. Cet espace sous leur maison sert d’ailleurs à entreposer des outils agricoles, des chariots, etc. »
Mais, il n’y a pas beaucoup d’espace, l’équivalent d’une entrée de garage… et ils vivent là avec leurs animaux!
Notre guide y va d’un drôle de lapsus!
« Les vaches au Cambodge ne sont pas “sucrés” comme en Inde! »
Photo ci-dessus : Il y a beaucoup d’arbres fruitiers… dont ce magnifique papayer!
Il y a des plants géants de basilic, c’est très odorant.
Photo ci-dessus : Un autel des anciens avec des bâtons d’encens.
Photo ci-dessus : Une maison à la porte et aux fenêtres peintes en bleu et une motocyclette garée à la porte!
Photo ci-dessus : Une maison traditionnelle sur pilotis, ceux-ci servant à protéger la maison des inondations.
« L’étage supérieur, dont le plancher est en bambou, ne sert qu’à dormir », précise notre guide.
Sous presque toutes les maisons, nous pouvons apercevoir des hamacs.
« Les maisons en bois sont aujourd’hui appuyées sur des colonnes de béton », fait remarquer notre guide.
La plupart des maisons que nous voyons affichent des panneaux de bois usés, troués et plutôt grisâtres.
Photo ci-dessus : Contrairement au Vietnam, les installations électriques semblent ici au Cambodge être de meilleure qualité.
Lors des inondations, les mobylettes sont montées à l’étage, tandis qu’on amène les animaux sur de petites collines où se trouvent souvent les pagodes
Sans trop que nous sachions pourquoi, Chamrouen nous dit soudain qu’il n’a jamais vu la neige.
Photo ci-dessus : « L’escalier, spécifie notre guide, n’est jamais fixé à la maison… seulement appuyé sur celle-ci… C’est une question de superstition : les mauvais esprits ne peuvent entrer s’il y a un espace entre la maison et l’escalier. »
Photos ci-dessus : Hier ou avant-hier, nous avons visité un atelier de « nattes »… Ici, les fenêtres sont décorées de belles nattes.
Photo ci-dessus : Une sapotille, le fruit du sapotier. Elle est de la taille d’un citron et recouverte d’une écorce grise ou brune, dont la chair jaune orangé rappelle celle de l’abricot. Il se consomme presque blet, pelé et débarrassé de ses pépins.
Photo ci-dessus : Un pamplemoussier géant.. du moins je crois.
Photo ci-dessus : Un beau pot de fleurs.
Photo ci-dessus : Une dame nous observe de son double balcon.
Photo ci-dessus : Un autel des anciens sur le terrain devant une maison.
Photo ci-dessus : Des régimes de bananes à profusion.
Photos ci-dessus : Céline pose devant un arbre impressionnant… Un tamarinier nous indique Chamrouen.
Il y a aussi des plants d’aubergines… et de la citronnelle, qui sert à faire la soupe. « Ce n’est pas la même citronnelle que vous connaissez en huile de massage ou en chasse-moustiques », précise notre guide.
Puis, nous voyons du gingembre, du curcuma, des feuilles de bétel, des patates douces, du tamarin… tout pousse ici.
Photos ci-dessus : Deux autres maisons.
Photo ci-dessus : Un fruit… un durian peut-être.
« Dans une maison traditionnelle, on retrouve une grande salle sans division à l’étage là où tous les membres de la famille dorment à l’intérieur d’une moustiquaire. »
Pendant que notre guide nous parle, une énorme branche de palmier tombe dans un bruit assourdissant… et ce, tout proche d’une de nos compagnes!
« La cuisine prend place sous la maison », continue notre guide.
Photo ci-dessus : Une maison au cœur de la verdure… qui serait centenaire selon notre guide.
On nous invite à entrer dans une maison… dont le propriétaire est âgé de 92 ans.
« Il faut enlever vos souliers », rappelle notre guide…
Nous n’y entrons pas. Il y a une limite au voyeurisme, nous semble-t-il.
Les personnes de plusieurs générations vivent dans la même maison, car au Cambodge, il n’y a aucune maison de retraite. Une grande chance nous semble-t-il aujourd’hui alors qu’au moment d’écrire ces lignes, au Québec, nous sommes au cœur de la pandémie du COVID 19 et de la crise des CHSLD.
Photos ci-dessus : Et toujours des animaux qui crèchent en dessous des maisons.
Nous voyons une maison très jolie. Elle semble récente. Notre guide mentionne qu’elle date de 2013 et qu’elle vaut 30 000 $ É.-U.!
Photos ci-dessus : Une maison récente et sa voisine…
« Pas moins de 80 % des Cambodgiens sont des agriculteurs, 6 % sont des pêcheurs… et surprise 9 % sont des fonctionnaires. »
« Les fêtes du Nouvel An khmer se nomment Chaul Chhnam Thmey ! Elles durent trois jours, et les dates sont fixées chaque année en se fiant à l’ancien horoscope. »
Photo ci-dessus : Une maison sur très hauts pilotis est en construction… Et les ouvriers qui y œuvrent sont pieds nus.
Nous arrivons sur une rue principale. Il y a un mini marché local.
À cause du vent, il y a beaucoup de poussières et des effluves de mauvaises odeurs. C’est comme si nous nous trouvions dans une étable à aire ouverte.
Photo ci-dessus : Une autre maison arborant des nattes bleues
Nous revenons au bateau… Nous y sommes à 10 h 10.
Photo ci-dessus : La pagode dont notre guide ne nous a pas parlé, vue du bateau.
À suivre
Visite du temple de Wat Nokor dans la ville de Kampong Cham… une bonne préparation à notre visite d'Angkor!
Photo ci-dessus : Un petit Angkor… avant de visiter demain le site d’Angkor Wat.
Pour lire nos autres textes portant sur notre périple au Vietnam et au Cambodge, cliquez sur le lien suivant : Cambodge
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27 avril 2020
Parfois la délinquance paie ce qui t’a permis de faire de magnifiques photos des stupas à Angkor Ban