Déc/230
La ville de Roussé en Bulgarie… et de superbes fresques dans des églises rupestres!
Texte, recherches et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le 40e d’une longue série de reportages relatifs à un voyage époustouflant qui nous a menés d'Innsbruck à Bucarest en passant par une longue croisière sur le Danube. Un périple que nous avons réalisé au printemps 2023.
Roussé, Bulgarie, mardi 2 mai 2023 - Nous en sommes au 15e jour de notre périple et après l'Autriche, l'Allemagne, la Hongrie, la Serbie et la Roumanie, voilà que ce matin nous débarquons en Bulgarie. Wow! Le Danube est bel et bien un fleuve international!
Lorsque nous descendons du bateau ce matin, c'est pour la journée en entier, car ce midi plutôt que de revenir sur le navire pour le dîner, nous nous arrêterons dans un vignoble où, après la dégustation de vins bulgares, nous dînerons de spécialités du pays.
Mais allons-y dans un premier temps de nos visites de la matinée.
Après une brève déambulation dans le musée historique régional de Roussé, une des villes importantes de Bulgarie, nous prenons la direction de la région de la rivière Roussenki Lom pour découvrir l'une des églises rupestres d'Ivanovo, classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Après une promenade en pleine nature dans la montagne, nous entrons dans une série de grottes communicantes. Nous aurons la chance d'admirer des fresques datant d'au moins 700 ans qui sont particulièrement bien conservées.
Photo ci-dessus : Une des fresques admirées sur un des murs d'une église rupestre d'Ivanovo. On reconnaît ici la « Cène ».
Levée à 6 heures ce matin… la routine quoi!
Notre bateau est amarré entre deux autres navires. Grrr… Nous devons garder les rideaux fermés. C'est une pratique coutumière de la navigation fluviale et pour nous elle constitue un des irritants principaux, avec l'exiguïté des cabines, qui nous contrarie le plus lors de telles croisières.
Sur un tableau à l'entrée du bateau, on indique une température de14 degrés Celsius prévue pour aujourd'hui… Le mercure devrait grimper à 21 degrés au cours de la journée, nous a-t-on prédit hier!
Lorsque nous entrons dans la salle à manger, il fait soleil!
Au terme d'un autre petit déjeuner ordinaire sur le bateau - le café déjà pas très bon est plutôt tiède ce matin et nous avons droit au même buffet peu varié qui nous est offert depuis le début de la croisière -, nous descendons à terre à 8 h 30.
Nous montons dans l'autocar où nous attend déjà notre guide locale en Bulgarie, Elka.
Photo ci-dessus : Notre guide locale en Bulgarie, Elka.
Une autre jeune femme se joint à nous dans l'autocar. Il s'agit de la responsable du Tour operator qui organise la partie terrestre du voyage en Bulgarie et en Roumanie pour Voyages Lambert. Elle sera d'ailleurs notre guide nationale en Roumanie pour le reste du périple Lambert. Elle est Moldave et se prénomme Silvia.
D'entrée de jeu, notre guide fait valoir qu'il y a quelque 500 vignobles en Bulgarie. « Nous nous arrêterons dans l'un d'eux ce midi et nous y dégusterons trois vins bulgares, en plus d'y prendre notre dîner. »
« Mais, dans un premier temps, nous visiterons le “Musée historique régional de Roussé”. Il est l'un des onze musées régionaux de Bulgarie », annonce-t-elle.
« Ce musée, créé en 1904, présente une collection essentiellement archéologique. Toutefois, notre billet comprend aussi la visite d'une des églises rupestres d'Ivanovo… où nous nous rendrons dans un deuxième temps. »
Le chauffeur met son véhicule en route à 8 h 40.
Elka précise que la Bulgarie compte une population de 7,5 millions d'habitants, alors qu'à Roussé, où nous nous dirigeons, en compte un peu moins de 150 000!
« La superficie du pays est de 111 000 km carrés, ce qui représente environ 20 % de la superficie de la France. »
« La Bulgarie se trouve dans le sud-est de l'Europe et elle a des frontières communes avec la Roumanie, la Grèce, la Serbie, la Turquie et la Macédoine du Nord. »
« Il y a trois massifs montagneux importants en Bulgarie, les Balkans le massif du Rila et le massif des Rhodopes. »
« À Roussé, ajoute notre guide, les bâtiments ne sont pas typiquement bulgares, ils affichent plutôt un style autrichien! »
Le car s'immobilise devant le musée et nous descendons à 8 h 55.
Photo ci-dessus : Le « Musée historique régional de Roussé » occupe le bâtiment de l'ancien palais de Battenberg, l'ancien tribunal local, construit entre 1879 et 1882 par l'architecte autrichien Friedrich Grünanger (1856-1929).
Elka est une férue d'archéologie et d'histoire!
Tout en déambulant très lentement dans le musée, elle dresse les grandes lignes de l'occupation du territoire, de grandes lignes que nous présentons au bas de cette page sous forme de « Méli-mélo ».
L'information offerte par le Musée est bien présentée avec parfois des moyens modernes.
Il y a de belles vitrines d'objets anciens… classés par ordre chronologique.
Malheureusement, ces vitrines ne sont pas dotées de « verre antireflet de type musée », de sorte qu'il y a une multitude de reflets rendant la prise de photographie inutile.
Nous sommes les seuls visiteurs du musée.
Photo ci-dessus : Une sculpture ancienne qui nous, semble-t-il, ressemble étrangement à la toile « Le Cri » du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944).
Photo ci-dessus : Une sculpture datant de l'époque des Thraces. Elle est titrée « Les trois nymphes ».
Photos ci-dessus : Deux sculptures représentant Saint-Georges terrassant le dragon.
Traversant une salle consacrée aux Grecs, notre guide mentionne : « Les Grecs étaient obsédés par l'immortalité. “Polygames, ils étaient enterrés avec leurs femmes préférées… donc elles étaient tuées pour les accompagner dans l'au-delà.”
« Il y a 3 000 plaques votives dans le pays! Elles datent de la période du IIe au IVe siècle de notre ère. »
Il y a 800 sources d'eau thermale dans ce pays.
Une autre salle est consacrée à l'Empire romain. « Les explorateurs ont emprunté la route romaine pour passer de l'Europe à l'Asie », affirme notre guide.
Nous voyons cinq beaux récipients en or dans une vitrine. Elka en explique longuement la signification.
Je quitte momentanément le groupe pour me retrouver dans un corridor qui expose des œuvres un peu plus modernes, de belles aquarelles!
Photos ci-dessus : Trois très belles aquarelles représentant les édifices les plus photographiés de Roussé!
Nous sortons à 9 h 55.
Photo ci-dessus : Une affiche indiquant probablement qu'une des prochaines expositions présentera des œuvres de Salvador Dalí (1904-1989)!
Devant le musée, il y a une place dans un parc. C'est la « place Prince Alexandre Battenberg » du nom du premier prince de la Bulgarie moderne. « Battenberg (1857-1893) a régné sur la principauté de Bulgarie de 1879 à 1886 », nous apprend l'encyclopédie libre Wikipédia.
Il y a une grande fontaine.
Photos ci-dessus : Une belle fontaine au centre de la place Alexandre Battenberg à Roussé.
Photos ci-dessus : Un monument saluant la mémoire des soldats et officiers du 5e régiment d'infanterie du Danube morts pendant la guerre serbo-bulgare en 1885. Le monument est au centre de la place « Aleskander Batenberg » à Roussé.
Photo ci-dessus : Toujours sur la place Aleskander Batenberg, il y a un magnifique arbre en fleurs.
Nous remontons dans le car et Elka continue à nous parler de l'histoire de la Bulgarie et des particularités de la région.
« En 1886, Alexandre Battenberg - dont nous venons de voir la place - est forcé à abdiquer. Un an plus tard, un prince de la maison de Saxe-Cobourg et Gotha, Ferdinand de Saxe-Cobourg, est élu prince de Bulgarie. Il prend le titre de tsar des Bulgares en 1908. »
« Le royaume de Bulgarie ainsi créé en 1908 restera le régime politique en place jusqu'en 1946, alors qu'il disparaît après la Seconde Guerre mondiale, lors de la mise en place du régime communiste de la République populaire de Bulgarie. »
« La Bulgarie sera communiste durant 45 ans… et le communisme aura pour conséquence d'appauvrir gravement le pays. »
Notre guide parle un très bon français. Toutefois, elle donne beaucoup d'informations sur l'histoire d'un pays que nous connaissons à peine… et nous en perdons rapidement notre latin!
Ce n'est que lors de la rédaction de ce texte et grâce à nos lectures complémentaires que nous mettrons toutes les pièces du casse-tête en place!
Nous roulons sur une route de campagne où il y a des champs de culture des deux côtés de la route.
Toutes les affiches que nous croisons sont écrites en caractères cyrilliques, impossible de savoir où nous nous trouvons et vers où nous nous dirigeons.
« Ici, dans la plaine danubienne, fait remarquer notre guide, la terre est noire et il y a une bonne couche d'humus, en conséquence la fertilité est au rendez-vous. »
« Les cultivateurs locaux, qui sont surtout de grands propriétaires terriens, cultivent en rotation le maïs, le blé, l'orge, le seigle, le colza, le tournesol… et la rose! »
« Nous traversons d'ailleurs, lance-t-elle, la “Vallée de la rose”. »
« Cette vallée est célèbre pour ses vastes champs où les rosiers sont en floraison de mai à juin »… Nous ratons malheureusement le spectacle par moins de deux semaines!
« Ici, c'est surtout “la rose de Damas” qui est cultivée. »
« La cueillette s'effectue à la main, rapidement avant la rosée du soir. »
« Fin juin, après la récolte des roses, de nombreuses fêtes, animations folkloriques et festivals se succèdent dans les villages, avec la fleur au centre des thèmes. »
« La Bulgarie exporte une grande quantité de roses. Celles-ci sont utilisées, entre autres, pour produire l'huile et l'eau de rose. »
« L'eau de rose est réputée pour ses vertus de santé », conclut Elka sur le sujet.
Les églises rupestres d'Ivanovo
L'autocar roule maintenant sur une route en terre… dans un endroit on ne peut plus isolé.
« Nous sommes seulement à une vingtaine de kilomètres de la ville de Roussé », précise notre guide.
« Les églises rupestres d'Ivanovo se trouvent tout près d'ici. Elles prennent place dans les grottes du canyon de la rivière Roussenski Lom. »
Le chauffeur immobilise son véhicule à 10 h 35 et nous descendons.
Nous suivons Elka sur un sentier pédestre… nous arrivons sur des rochers qui s'apparentent à la plate-forme d'un belvédère… « Vous êtes maintenant sur Panoramic Rock »… lance notre guide locale!
La vue sur les montagnes et sur les bouts de rochers est belle. Il vente beaucoup.
Photo ci-dessus : Tout est nature… aucun aménagement, même pas pour la sécurité des touristes.
Nous avons une vue magnifique sur les montagnes pourvu que nous ne nous approchions pas trop du bord… où la falaise s'ouvre sur une gorge profonde.
Photos ci-dessus : Des montagnes où la végétation cache à peine le roc!
Photos ci-dessus : Des pics qui émergent de la végétation.
Photo ci-dessus : Une falaise plutôt escarpée!
Photos ci-dessus : Et nous apercevons les grottes où nous allons probablement nous rendre.
Nous poursuivons notre marche au cœur d'une végétation dense où nous empruntons des escaliers en pierre… aux marches inégales et parfois glissantes.
Il y a de nombreuses grottes dans la montagne et nous arrivons devant l'entrée de l'une d'elles. « Ces grottes abritaient les cellules des moines. Certaines d'entre elles comme celle-ci ont été transformées en église », souligne notre guide.
« Les premiers ermites ont creusé leurs cellules et leurs églises dans le roc à plus de 50 mètres de hauteur, et ce, dès le XIIe siècle. Ils en ont creusé ainsi jusqu'au XVe siècle. »
« Les moines fuyaient les musulmans en venant s'installer ici ».
Nous devons attendre avant d'entrer, car il y a déjà un groupe à l'intérieur et l'espace y est restreint…
« Nous trouvons plusieurs églises rupestres sur ce site », poursuit Elka. « Elles sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO. »
« Les peintures murales datent pour la plupart du XIVe siècle. Elles témoignent d'une technique artistique exceptionnelle. »
Photo ci-dessus : Une affiche nous indique que nous allons entrer dans la grotte de la « Holy Mother of God », la grotte de la « Sainte Mère de Dieu ».
Nous entrons. C'est effectivement petit et les plafonds sont bas. Il y a des fresques sur les murs représentant des scènes religieuses, dont entre autres, la dernière Cène, la trahison de judas, etc.
« Les auteurs de ces fresques sont inconnus. À cette époque, on ne s'affichait pas quand on réalisait une œuvre. »
Notre guide explique en détail chacune des fresques… mais il est difficile de prendre des notes et surtout d'associer les commentaires aux fresques... quelques mois plus tard.
Photo ci-dessus : La première fresque que nous apercevons nous permet de constater que pour certaines œuvres les affres du temps sont bien visibles!
Photo ci-dessus : Probablement la représentation de Judas livrant le Christ aux Juifs.
Photos ci-dessus : Des fresques qui apparaissent au plafond de la grotte!.
Photos ci-dessus : Possiblement la scénarisation du procès de Jésus devant Ponce Pilate.
Photos ci-dessus : Des scènes qui sont présentées comme si elles étaient dans des cadres.
Puis, nous descendons quelques marches et arrivons dans une autre pièce où il y a d'autres fresques, « La chapelle Saint-Jérôme », précise Elka.
Photos ci-dessus : Elka a certainement expliqué ce que représentait ces fresques…
Photos ci-dessus : Probablement une scène montrant l'Ascension du Christ.
Photos ci-dessus : Les couleurs sont encore éclatantes… Je commence à croire qu'il y a peut être eu restauration?
Photos ci-dessus : La Cène.
Photos ci-dessus : Une procession… peut-être la mise au tombeau du Christ.
Photo ci-dessus : Peut-être une scène de chasse… qui serait la seule scène païenne présentée?
« Les moines vivaient seuls, dispersés dans des grottes… Mais, ils comptaient sur le soutien psychologique de l'ensemble de la communauté dont les membres vivaient tout autour. »
Nous sortons et descendons par un escalier différent de celui par où nous sommes arrivés. Nous revenons au car et quittons le site à 11 h 45.
À suivre…
Visite guidée d'un vignoble et dégustation de vins bulgares au complexe Seven Generations Winery où nous avons une vue panoramique imprenable sur les vignes et sur le Danube.
Le vignoble est situé à la périphérie du village de Mechka dans le nord-est de la Bulgarie, au milieu de belles collines!
Le complexe, qui compte un hôtel de 33 chambres, possède également un excellent restaurant… où nous allons dîner.
Photo ci-dessus : Magnifique champs de vignes en Bulgarie.
Méli-mélo
Notre guide locale en Bulgarie, Elka nous a dressé les grandes lignes de l'occupation du territoire bulgare, de grandes lignes que nous avons complétées avec des données historiques retrouvées sur Internet :
« Les premiers vestiges de civilisation sur le territoire de la Bulgarie remontent aux environs de 4600 av. Jésus-Christ.
Les Slaves s'y installent au VIe siècle et adoptent le christianisme de rite grec et l'écriture cyrillique.
Les Proto-Bulgares (1) fondent en 680-681 la “Khanat (2) bulgare du Danube”, l'un des états successeurs de la Grande Bulgarie qui a existé de 632 à 668. C'est la naissance du Premier Empire. Ils adoptent eux aussi le christianisme en 864.
(1) : Les Proto-Bulgares est le nom par lequel les historiens désignent les anciens Bulgares (peuple turcophone de la steppe pontique), pour les distinguer des Bulgares actuels (peuple slave méridional des Balkans).
(2) : Un khanat est un royaume turc ou mongol, dirigé par un khan. (Wikipédia)
De 1018 à 1185, le pays devient une partie de l'Empire byzantin, mais l'empire bulgare renaît ensuite de ses cendres, plus étendu encore puisqu'il englobe au XIIe siècle les actuelles Bulgarie, Macédoine du Nord, Macédoine-Occidentale, Serbie orientale, Valachie et Moldavie.
Après 1371, le “Second Empire” se morcelle en plusieurs principautés… qui tombent sous la domination turque ottomane à la fin du siècle.
Après une série de révoltes durant le XIXe siècle, un grand État de Bulgarie est défini au traité de San Stefano en 1878.
Mais le Congrès de Berlin, tenu à l'été 1878, met fin à ce rêve en créant deux petites principautés bulgares qui, malgré les réticences des puissances occidentales, parviennent à s'unir sept ans plus tard, en 1885, pour former un royaume qui fait reconnaître son indépendance en 1908.
Pour tenter de retrouver ses frontières du traité de San Stefano, la Bulgarie s'allie à l'Allemagne durant les deux guerres mondiales.
En 1946, elle est intégrée dans le “bloc de l'Est”… qui se disloque en 1990.
La Bulgarie est membre de l'Organisation mondiale du commerce depuis 1996, de l'OTAN depuis 2004, de l'Union européenne depuis 2007.
La Bulgarie est une république parlementaire et démocratique. »
Pour lire les autres textes de ce périple, cliquez sur ce lien : Croisière sur le Danube... et un peu plus
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