Oct/240
Le fabuleux musée Victoria et Albert de Londres! (deuxième partie)
Texte, recherches et photos de Céline et Jacques Lanciault
Voici le septième d’une série de reportages sur un captivant périple qui nous a permis de revoir la ville de Londres et de naviguer de Southampton à La Coruña, découvrant au passage Bruges, le mont Saint-Michel, Saint-Malo, Lorient, La Rochelle, Bordeaux et Bilbao. Une magnifique odyssée réalisée à la toute fin de l’été 2024.
Londres, Royaume-Uni, jeudi le 5 septembre 2024 - À notre réveil ce matin, il pleut! Pour la matinée, c’est un moindre mal, nous visitons un musée. Pour l’après-midi, il faut espérer que la pluie cesse, car nous avons prévu des promenades dans Hyde Park et dans Kensington Garden.
Mais parlons d’abord de notre étourdissante visite du magnifique Victoria and Albert Museum, un véritable antre de chefs-d’œuvre!
L’encyclopédie libre Wikipédia qualifie ce musée de « plus grand musée au monde d’arts appliqués et décoratifs et de design, ainsi que de sculptures »…
C’est le mot « sculptures » qui nous y a amenés. Et nous ne l’avons vraiment pas regretté. Nous y avons admiré durant plus de trois heures de magnifiques sculptures, mais aussi des toiles superbes, des vitraux incroyables et un magnifique lustre de Dale Chihuly, le tout présenté dans un édifice qui est une œuvre d’art en soi!
Nous avons photographié plusieurs œuvres. Nous présentons ci-dessous celles qui nous ont le plus marqués.
Photo ci-dessus : Ce groupe de trois lions est en fait une copie en cuivre argenté réalisée à Birmingham au Royaume-Uni en 1885. Les lions originaux ont effectivement été sculptés en argent, et ce, en 1670 par le sculpteur Danois Ferdinand Küblich.
Nous poursuivons notre très intéressante visite du Musée Victoria et Albert.
Nous arrivons à l’extrémité d’un corridor donnant accès à plusieurs salles. On y trouve un ensemble de trois lions qui semblent être en argent.
Mais la lecture de l’affichette du musée expliquant l’œuvre nous indique que ce groupe de trois lions est en fait une copie en cuivre argenté.
Les lions originaux, eux ont effectivement été sculptés en argent, et ce, en 1670 par le sculpteur Danois Ferdinand Küblich. Cette copie a été achetée par le musée en 1885… pour 100 £ chaque lion!
Photos ci-dessus : Ces lions sont des copies des trois lions en argent qui gardent le trône royal au château de Rosenborg au Danemark. Ce groupe en cuivre électroformé a été moulé directement à partir des originaux.
Les lions originaux, à la crinière dorée, ont été réalisés pour le couronnement de Christian V comme roi du Danemark. Ils font partie des insignes de couronnement danois.
Nous entrons dans une salle où il y a quelques tableaux.
Plusieurs de ceux-ci proviennent d’un lot ayant appartenu à John Sheepshanks (1787-1863), le fils d’un riche manufacturier, qui, en 1857, a donné au musée 233 toiles et 289 esquisses. Ce don a servi d’inspiration pour plusieurs autres donateurs.
Photo ci-dessus : « Le collier », une toile de 1849 réalisée par le peintre britannique Charles Robert Leslie (1794-1859).
« La modèle ayant posé pour cette toile, mentionne l’affichette du musée, était réputée pour être une beauté d’origine irlandaise et espagnole, célèbre pour ses cheveux noir de jais et ses sourcils arqués. »
Leslie est né à Londres de parents américains et a grandi aux États-Unis, mais a travaillé par la suite à Londres. Il était un ami et le biographe du peintre paysagiste John Constable.
Photo ci-dessus : Une autre toile de Leslie, celle-ci peinte en 1838 et titrée « Dulcinée du Toboso ». Il s’agit d’un personnage tiré d’une scène comique du roman de Cervantès « Don Quichotte » (1605).
Ces deux toiles sont du lot de toiles données par John Sheepshanks.
Photo ci-dessus : Les jeunes admirateurs de Taylor Swift sont nombreux, en fait surtout nombreuses, à s’agglutiner, leur cellulaire à la main, autour des tenues de tournées et de clips vidéo de la chanteuse, des tenues qui ont été intégrées dans les galeries du musée, comme cette robe.
Photo ci-dessus : Un portrait de Paulina, dite Lady Carrington, une toile peinte en 1806 par Thomas Lawrence (1769-1830).
L’affichette nous apprend que « le mari du modèle, Sir Codrington Edmund Carrington, était le juge en chef du Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka). Le couple s’est marié en 1801 et ce portrait date de leur retour en Angleterre en 1806 ».
« Le peintre Lawrence était le principal portraitiste de Grande-Bretagne. Il demandait 42 £ pour une œuvre de ce type. »
Photo ci-dessus : Cette sculpture d’ange est titrée « The Spirit of Gaiety ». Elle a été sculptée en 1904 par Hibbert Newton Binney (1766–1842). Cette magnifique statue est au musée depuis 1984. Auparavant, elle a mené une vie intéressante en tant qu’ange gardien du « Gaiety Theatre »!
Nous entrons dans une salle où sont exposées des toiles des peintres Constable et Turner : The exibition landscape.
Photo ci-dessus : Une toile au titre particulièrement long : « Canot de sauvetage et appareil Manby partant vers un navire échoué émettant un signal de détresse »… une œuvre du peintre britannique Joseph Mallord William Turner (1775-1851).
L’affichette ajoute cette précision : « L’appareil Manby était un dispositif de sauvetage constitué d’une corde tirée depuis un mortier. Il a été inventé par le capitaine George Manby après un naufrage en 1807 à Great Varmouth, dans le Norfolk. »
La salle des tapisseries
Nous entrons dans une salle où sont exposées plusieurs tapisseries dont quatre immenses d’une même collection. Elles sont en laine et leur provenance est incertaine peut-être la France ou encore des Pays-Bas. Elles auraient été filées au XVe et XVIe siècle.
Ces tapisseries forment un groupe baptisé « Les tapisseries de chasse du Devonshire ».
Les tapisseries sont connues sous les noms de « Chasse au sanglier et à l’ours », « Fauconnerie », « Chasse au cygne et à la loutre » et « Chasse au cerf ».
Photos ci-dessus : Une des quatre tapisseries de chasse du Devonshire, celle titrée « Chasse au cygne et à la loutre ». L’œuvre mesure plus de 13 pieds de haut et environ 133 pieds de large. Elle représentent des hommes et des femmes en tenue à la mode du début du XVe siècle chassant dans les forêts.
L’affichette de la tapisserie nous indique que les quatre tapisseries ont été acceptées en 1957 par le gouvernement de Sa Majesté en compensation pour de l’impôt à payer sur la succession du 10e duc de Devonshire. Le gouvernement a par la suite attribué les tapisseries au Musée Victoria et Albert!
Photo ci-dessus : L’affichette précise que cette tapisserie possède deux noms : « Le triomphe de la Mort » ou « Les Trois Parques ».
L’encyclopédie Wikipédia consacre une page à cette tapisserie. Elle précise que « les trois Parques, Clotho, Lachésis et Atropos, représentent la “Mort” dans cette tapisserie, alors qu’elles triomphent du corps déchu de la “Chasteté”. »
« Dans la mythologie, les Parques contrôlaient la durée de la vie humaine; Clotho était la fileuse, Lachésis était la tireuse au sort et Atropos représentait la fin inévitable de la vie.
Cette œuvre exposée n’est qu’un fragment d’une tapisserie plus grande, issue d’une série basée sur le poème “Les Triomphes”, écrit par le poète italien Pétrarque entre 1352 et 1374. »
Des bijoux, divers meubles et d’autres œuvres d’art sacré
Nous passons rapidement dans la saille des médaillons, en fait des portraits miniatures, tout comme dans la salle des bijoux!
Nous entrons dans une autre salle où il y a de beaux objets en argent, puis dans une autre regorgeant de meubles décoratifs de toutes sortes : cabinets, horloges, tables, fauteuils, etc.
Photo ci-dessus : Un beau plateau superbement décoré.
Photo ci-dessus : Une autre entrée du musée.
Nous voyons d’autres œuvres d’art sacré!
Photo ci-dessus : L’affichette expliquant l’œuvre mentionne que ce buste de la Vierge Marie affiche un aspect réaliste qui aurait incité les fidèles à imaginer la tristesse de la Vierge face à la souffrance de son fils comme la leur. Des copeaux de bois ont été utilisés pour les cheveux et du lapis-lazuli pour la teinture de sa robe. Les joues de la Vierge étaient probablement arrosées de larmes peintes.
Photos ci-dessus : Un ensemble aux magnifiques couleurs titré « La Vierge à l’Enfant avec Saint Diego d’Alcalá », une œuvre qui aurait été réalisée entre 1690 et 1695.
L’affichette décrit la sculpture en ces mots : « La Vierge tient l’Enfant Jésus tandis qu’il présente une croix au frère franciscain Diego de Alcalá. Le frère fut accusé d’avoir volé du pain dans son couvent pour le donner aux pauvres, mais lorsqu’il fut fouillé, le pain caché se serait miraculeusement transformé en roses. »
L’ensemble a été réalisé par la sculptrice Luisa Roldán (1652-1706), dite « La Roldana ».
Fait exceptionnel pour une femme à cette époque, elle créa son propre atelier et devint en 1692 sculptrice à la cour du roi d’Espagne.
Photo ci-dessus : « Saint-Joseph avec le Christ enfant », une œuvre du sculpteur espagnol José Risueño (1665–1721).
Encore une fois, l’affichette nous offre des informations fort intéressantes.
« Des sculptures polychromes telles que celle-ci ont été réalisées dans toute l’Espagne au XVIIe siècle. Certaines étaient placées sur les autels des églises ou portées lors des processions.
Leur réalisme exacerbé, transmis par des expressions faciales puissantes, des couleurs vives et le traitement des draperies, était destiné à stimuler une dévotion intense chez le spectateur.
Le culte de saint Joseph était très répandu en Espagne, où il était souvent représenté avec l’Enfant Jésus. »
« Le chandelier » de Dale Chihuly
Nous aboutissons finalement à un autre grand hall, celui de l’entrée principale du musée, située sur Cromwell road. C’est par cette entrée que nous devions entrer au musée ce matin, mais en raison de la pluie, nous sommes entrés par le niveau métro.
Dans cette salle, nous voulions admirer le fameux lustre en verre de Dale Chihuly (1941 - ), un artiste dont nous nous sommes déjà à plusieurs reprises extasiés devant son œuvre intitulée « Soleil » qui prend place devant un des édifices du Musée des beaux-arts de Montréal.
Photos ci-dessus : L’œuvre, intitulée « Le chandelier », réalisée en 2001 par Dale Chihuly prend place sous la rotonde du grand hall d’entrée.
Cette sculpture fait partie d’une série intitulée « Chandelier », commencée en 1992 par Chihuly et inspirée des lustres vénitiens.
Cette installation fabriquée à Seattle aux États-Unis a été conçue spécifiquement pour la grande entrée du musée Victoria et Albert. Elle compte environ 2 000 composants et pèse quelque 1 724 kilos.
Des œuvres du moyen-âge et de la Renaissance
Le grand hall d’entrée nous mène à une salle exposant des œuvres du Moyen-âge et de la Renaissance. Elles couvrent la période allant de 1350 à 1600.
Il y a un magnifique et imposant médaillon affiché au mur! Il est titré « Stemma de René d’Anjou ».
Photo ci-dessus : Cet énorme médaillon a été réalisé pour Jacopo de' Pazzi (1423-1478), conseiller de René d’Anjou, dont les nombreux titres comprenaient Roi de Naples et duc d’Anjou. Les armoiries de René d’Anjou apparaissent au centre. L’œuvre a été réalisée entre 1466 et 1478 par l’atelier de Luca della Robbia (1400-1482).
Il y a également des pierres tombales, des monuments funéraires et d’immenses retables.
Photos ci-dessus : Un monument funéraire à la mémoire de Spinetta Malaspina. Il était un « condottiere », c’est-à-dire un commandant militaire, décédé en 1407. La forme équestre du monument est typique des monuments funéraires de Vérone en Italie. À l’origine, la sculpture était probablement peinte de couleurs vives et dorée.
Photos ci-dessus : « The Boppard Altar Piece », un retable magnifique, date des années 1500. Il est d’un auteur inconnu. Ce retable en bois, probablement celui de l’église des Carmélites de Boppard près de Coblence en Allemagne, était certainement placé sur ou derrière l’autel d’une église chrétienne. Il est doté de deux ailes, ou panneaux articulés. L’aile gauche représente Saint-Christophe, l’aile droite, Sainte-Marie-Madeleine tenant une poire.
Photos ci-dessus : Cet autre retable proviendrait de l’église Saint-André de Klausen près de Brixen (aujourd’hui Bressanone, Italie), nous indique l’affichette. L’église fut reconstruite et agrandie entre 1482 et 1498 et en 1506, Ruprecht Potsch et Philipp Diemer furent chargés de fournir le retable principal.
Photos ci-dessus : Nous sommes surpris de constater que les panneaux arrières du retable présentent des peintures.
Photo ci-dessus : Un autre superbe retable, tout en couleur, réalisé en terre cuite émaillée à l’étain par Andrea Della Robia. L’affichette du musée précise que « les armes du panneau inférieur montrent que la riche famille Albizzi a commandé ce retable ».
Photo ci-dessus : Les statuettes de Saint-Antoine-Abbé et de Saint-Étienne ont été réalisées probablement entre 1500 et 1520 par l’atelier de Benedetto Buglioni (1459-1521).
Encore une fois, l’affichette mentionne des informations intéressantes : « Ne parvenant pas à créer des tons chair dans les glaçures, l’artiste a laissé les têtes et les mains des deux saints non émaillées pour obtenir un effet naturel ».
Chaque saint est facilement identifiable par ses attributs. Saint-Antoine-Abbé a un cochon à ses pieds, tandis que Saint-Étienne tient sa palme de martyr en plus d’avoir des pierres attachées à sa tête et à une de ses épaules. »
Nous poursuivons et arrivons dans une autre salle où prend place un gigantesque escalier en bois de chêne réalisé en 1520.
Photo ci-dessus : Cet escalier occupait autrefois le haut hall central d’une grande maison de ville bretonne. Il donnait accès à des pièces sur trois étages.
Photos ci-dessus : Un moulage du célèbre bronze de Donatello (1386-1466) « Judith et Holopherne ». L’original date de 1460, tandis que ce moulage a été réalisé en 1893.
« Le South Kensington Museum (aujourd’hui le Musée Victoria et Albert) a acquis des moulages de célèbres sculptures de la Renaissance afin de pouvoir les étudier facilement », mentionne l’affichette.
« Ce moulage représente l’un des bronzes les plus importants de Donatello.
La statue originale a été commandée par Cosme de Médicis et se trouvait dans le jardin de son palais. Pièce maîtresse spectaculaire d’une fontaine, elle symbolisait la vertu de Florence surmontant la tyrannie. »
Entre l’escalier et l’impressionnant moulage de « Judith et Holopherne », devant un grand écran, il y a de très nombreux visiteurs attroupés pour regarder un documentaire sur l’enfance et la jeunesse de Taylor Swift.
Il semblait tous en état de pâmoison. On aurait pu entendre une mouche voler.
Nous nous arrêtons devant des vitrines où prennent place de belles pièces en majolique.
Photos ci-dessus : Une assiette et un vase, tous deux datant du milieu des années 1500, en faïence émaillée à l’étain, soit en majolique.
Nous sommes à un étage au-dessus du hall d’entrée et…
Photo ci-dessus : … nous avons une vue directe sur le « Chandelier » de Chihuly.
Photo ci-dessus : Nous avons également une superbe vue sur la salle d’exposition du niveau inférieur, la galerie « Paul et Jill Ruddock » que nous avons traversée il y a quelques minutes.
Photo ci-dessus : Tout au fond de la galerie « Paul et Jill Ruddock » prend place une gigantesque porte en trois parties ressemblant à l’arrière-scène d’un théâtre antique!
Il est plus de 13 h 15. Nous mettons un terme à notre visite de cet admirable musée. Une belle découverte!
Photo ci-dessus : Pour revenir au vestiaire de l’entrée du métro, nous traversons une superbe cour intérieure où il y a un grand bassin d’eau.
À suivre…
Après un dîner très agréable au restaurant « Cocotte » de South Kensington, nous terminons notre journée de visite par une longue promenade dans Kensington Gardens et dans Hyde Park.
Photo ci-dessus : Notre promenade dans « Kensington Gardens » commence par un arrêt devant l’Albert Memorial, un monument érigé à la mémoire d’Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819-1861), l’époux de la reine Victoria.
Pour lire les autres textes de notre périple ainsi que ceux de notre autre voyage au Royaume-Uni, cliquez sur ce lien : Londres... le la Grande-Bretagne!
Aucun trackbacks pour l'instant